People Mort de l'immortel Jean d'Ormesson, icône française

AFP

5.12.2017 - 17:49

Doyen des immortels, charmant et charmeur, Jean d'Ormesson, archétype de l'écrivain à la française, est mort à l'âge de 92 ans, une disparition qui a suscité une myriade d'hommages du monde politique et littéraire.

Le romancier a succombé dans la nuit de lundi à mardi à une crise cardiaque à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a précisé à l'AFP sa fille, l'éditrice Héloïse d'Ormesson.

"Il a toujours dit qu'il partirait sans avoir tout dit et c'est aujourd'hui. Il nous laisse de merveilleux livres", a-t-elle ajouté entre deux sanglots.

Le chef de l’État, Emmanuel Macron, a salué en Jean d'Ormesson "le meilleur de l'esprit français, un mélange unique d'intelligence, d'élégance et de malice, un prince des lettres sachant ne jamais se prendre au sérieux".

L'ancien président François Hollande qui lui avait remis les insignes de Grand-Croix de la Légion d'honneur s'est souvenu d'un homme qui "cherchait à séduire la gauche par sa culture, son esprit et sa subtilité".

- 'Patrimoine national' -

Intime de Georges Pompidou, visiteur régulier de François Mitterrand à l’Élysée, compagnon de route de Nicolas Sarkozy, Jean d'Ormesson établit une relation particulière entre le monde littéraire et le pouvoir durant toute la Ve République.

"Jean d'Ormesson faisait partie du patrimoine national", a dit Nicolas Sarkozy qui est allé se recueillir au domicile de l'écrivain après l'annonce de son décès.

"Avec la mort de Jean d'Ormesson, la France perd un écrivain, l'Académie un immortel et moi, je perds un ami et un ami qui ne m'a jamais manqué", a écrit l'ancien président dans une tribune à paraître mercredi dans le Figaro.

Homme brillant, espiègle, volontiers séducteur derrière son regard bleu malicieux, l'ancien directeur général du Figaro était un homme de droite mais aussi un amoureux fou de l’œuvre du poète et communiste Louis Aragon.

"Jean d'O", comme il était surnommé, restera surtout comme l'un des plus grands écrivains populaires français. Tous ses livres figuraient sur les listes des meilleures ventes.

L'annonce de sa mort a provoqué de nombreuses réactions, embrassant tout le spectre politique de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon.

- 'Un hédoniste' -

Jean d'Ormesson disparu, "on va s'ennuyer" a lancé le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en ajoutant qu'avec l'écrivain de droite "nous n'étions pas d'accord mais c'était un plaisir".

La présidente du FN, Marine Le Pen a également rendu hommage à l'écrivain qui se proclamait "gaulliste" en souhaitant qu'on se souvienne de "son engagement pour les Chrétiens d'Orient".

Dans le monde des lettres, le président de l'Académie Goncourt et ancien animateur d'Apostrophes, Bernard Pivot, qui avait invité dans son émission Jean d'Ormesson plus qu'aucun autre écrivain, a rappelé sur RTL que le romancier disparu était "un hédoniste".

"Il a aimé à la folie, la littérature, l’histoire, la philosophie, les femmes, les voyages, la mer, les vacances. Et puis tout ce qui relève de la culture, l’esprit à la française (...) Je crois que cette empathie qu’il suscitait et cette fascination qu’il exerçait, y compris sur des gens qui n’étaient pas de son bord, relevaient justement de cet appétit de la culture", a ajouté Bernard Pivot.

Jean d'Ormesson laisse une œuvre prolifique de romans et d'essais. Privilège rare, la Pléiade l'avait fait entrer de son vivant dans sa prestigieuse collection.

- 'Je vis toujours' -

Cette publication dans la collection de son "maître" Chateaubriand demeurait pour l'écrivain l'une de ses plus grandes fiertés.

L'homme qui avouait avoir écrit son premier roman "pour plaire à une fille" et estimait n'avoir "absolument pas la vocation à être romancier", obtint le grand prix du roman de l'Académie française en 1971 pour "La gloire de l'Empire". Deux ans plus tard, il est admis sous la Coupole au fauteuil de Jules Romains. A 48 ans, il devenait alors le benjamin de l'Académie.

A sa manière il a révolutionné la docte assemblée. C'est notamment lui qui se battra pour y faire entrer la première femme en la personne de Marguerite Yourcenar, élue en 1980 et dont il prononcera le discours de bienvenue en 1981.

Le 41e et dernier livre de l'écrivain paraîtra en février chez Gallimard. Son titre sonne comme un défi: "Et moi, je vis toujours".

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