Actu people Opéra : Placido Domingo, présumé innocent dans son Espagne natale

AFP

14.8.2019 - 18:34

Les accusations de harcèlement sexuel pesant sur le ténor Placido Domingo, un des plus célèbres artistes espagnols, suscitaient surtout des appels au respect de la présomption d'innocence mercredi dans son pays natal.

Plusieurs représentants du milieu de l'opéra en Espagne ont décrit l'artiste, marié depuis des décennies, comme «un homme à femmes», tout en assurant n'avoir jamais constaté d'actes de harcèlement de sa part.

Le célébrissime chanteur, né il y a 78 ans à Madrid, fait face depuis mardi à une série d'accusations de harcèlement sexuel qui ont poussé l'opéra de Los Angeles à annoncer une enquête et deux grandes salles américaines à annuler des représentations.

Mais l'opéra de Valence, dans l'est de l'Espagne, a annoncé qu'il maintenait pour le moment la participation du ténor aux quatre représentations de «Nabucco» de Giuseppe Verdi prévues pour à partir du 2 décembre.

Dans un communiqué, le Palais des Arts de cette ville dit attendre que la justice rende sa «décision sur les faits pour agir en conséquence et prendre une mesure appropriée, préservant ainsi la présomption d'innocence». Cet opéra dit n'avoir pas reçu de plaintes ni eu connaissance d'«aucune sorte de harcèlement» à l'encontre de son propre personnel.

Le quotidien de droite ABC a publié un éditorial en défense du ténor, soulignant qu'une seule des neuf femmes qui l'accusent a donné son nom. «Il serait juste de respecter la présomption d'innocence de Placido Domingo», a insisté le journal, concluant qu'«il faut toujours attendre la Justice».

«J'ai été stupéfait quand j'ai vu les nouvelles», a déclaré à l'AFP l'agent artistique Aldo Mariotti, un proche de la défunte soprano espagnole Montserrat Caballé, joint à Barcelone.

Placido Domingo est «en Espagne un véritable +divo+, un phénomène, un artiste immense», dit-il. «Qu'il soit un grand séducteur, tout le monde le savait mais je doute vraiment qu'il ait pu faire une chose pareille, il n'en avait aucun besoin : s'il allait dans la rue, les femmes s'agenouillaient devant lui, il pouvait +avoir+ les plus jolies».

Dans une enquête diffusée par l'agence Associated Press, neuf femmes – huit chanteuses et une danseuse – ont affirmé avoir été harcelées sexuellement par le chanteur à partir de la fin des années 80.

«Les allégations de ces individus anonymes qui remontent parfois à 30 ans sont profondément troublantes et, telles que présentées, inexactes», a répondu Placido Domingo dans un communiqué, ajoutant : «Je croyais que toutes mes interactions et relations étaient toujours bienvenues et consenties».

- «Un parfait gentleman» -

Plusieurs chanteuses lyriques espagnoles ont aussitôt pris sa défense, telle la mezzo soprano Maria Jose Suarez qui a chanté plusieurs fois à ses côtés. «Ce que je vais dire ne va pas plaire à beaucoup de femmes, mais j'ai vu de très nombreuses femmes lui courir après», a-t-elle déclaré mercredi au micro de la radio Cadena Ser.

«Si ces dames (qui l'accusent) ont eu ces problèmes, ce n'est pas moi qui vais les contredire, mais je ne l'ai jamais vu, jamais», a-t-elle insisté. «Ce que j'ai vu, c'est qu'il est aimable, que c'est un homme qui aime les femmes, comme moi j'aime les hommes, et ça ne pose pas de problème».

La soprano Pilar Jurado, présidente de la Société espagnole des auteurs et éditeurs, l'a dépeint comme «un parfait gentleman». «Je ne me suis jamais sentie harcelée de ma vie ni obligée à faire quelque chose que je ne voulais pas», a-t-elle dit à l'agence espagnole Europa Press. «Je n'ai jamais eu le moindre indice de ce dont on accuse le +maestro+», a également témoigné la soprano Davinia Rodriguez, citée par le journal La Razon.

Ce quotidien de droite espagnol a en quelque sorte renversé l'accusation, en écrivant en titre de son article : «Metoo harcèle Placido Domingo», une référence au mouvement lancé en 2017 par les accusations d'agressions sexuelles contre le puissant producteur de cinéma américain Harvey Weinstein.

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