Actu people Virginie Despentes salue la colère d’Adèle Haenel

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2.3.2020 - 09:35

Source: Covermedia

Lorsque Roman Polanski a remporté le César du Meilleur réalisateur, Adèle Haenel a quitté la Salle Pleyel dans un mouvement de colère. La romancière Virginie Despentes a salué son geste dans une tribune publiée par Libération, une colère qui va bien au-delà du simple milieu du cinéma.

Virginie Despentes le dit cash. La colère d’Adèle Haenel pendant la cérémonie des César, lorsque Roman Polanski a été récompensé du prix du Meilleur réalisateur, est « la seule réponse possible à vos politiques ». La comédienne de Portrait de la jeune fille en feu s’est levée, criant « C’est une honte », et a quitté la Salle Pleyel, suivie par l’autre actrice principale du film, Noémie Merlant, et la réalisatrice, Céline Sciamma, ainsi qu’une dizaine d’autres comédiennes.

La romancière, qui n’avait pas été acceptée au déjeuner des espoirs par l’Académie des César le mois dernier alors qu’elle était marraine de l’acteur Jean-Christophe Folly (L’Angle mort), accuse les votants de l’Académie des César de n’avoir donné « aucun des grands prix de la fin » à Portrait d’une jeune fille en feu « uniquement parce qu’Adèle Haenel a parlé et qu’il s’agit de bien faire comprendre aux victimes qui pourraient avoir envie de raconter leur histoire qu’elles feraient bien de réfléchir avant de rompre la loi du silence ». Adèle Haenel avait confié à Médiapart, lors d’une longue enquête, comment elle avait été abusée sexuellement par le réalisateur de son premier film, Christophe Ruggia, alors qu’elle n’avait que 12 ans.

« Vous savez très bien ce que vous faites quand vous défendez Polanski : vous exigez qu’on vous admire jusque dans votre délinquance. (…) Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Mais si le violeur est un puissant : respect et solidarité », écrit l’autrice de Baise-moi. Et d’ajouter : « Il n’y a rien de surprenant à ce que l’académie des césars élise Roman Polanski meilleur réalisateur de l’année 2020. Quand tu confies un budget de plus de 25 millions à un mec pour faire un téléfilm, le message est dans le budget. (…) On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. Vous serrez les rangs, vous défendez l’un des vôtres. »

Virginie Despentes va également plus loin que la simple cérémonie des César et le milieu du cinéma. « Les hasards du calendrier font que le message vaut sur tous les tableaux : trois mois de grève pour protester contre une réforme des retraites dont on ne veut pas et que vous allez faire passer en force. C’est le même message venu des mêmes milieux adressé au même peuple : ‘’Ta gueule, tu la fermes, ton consentement tu te le carres dans ton cul, et tu souris quand tu me croises parce que je suis puissant, parce que j’ai toute la thune, parce que c’est moi le boss », ajoute-t-elle en référence à la décision du premier ministre, Edouard Philippe, d’utiliser le 49-3 pour passer en force la réforme des retraites en force, annoncée à l’Assemblée samedi en fin d’après-midi.

« Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. (…) Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde », conclue Virginie Despentes.

Roman Polanski, comme Christophe Ruggia, ont toujours nié les accusations portées à leur encontre.

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