L'actrice Rose McGowan (au centre), qui fut l'une des premières à accuser publiquement Harvey Weinstein de viol, parle, entourée d'autres accusatrices du producteur de cinéma à l'ouverture de son procès à Manhattan, le 6 janvier 2020
Harvey Weinstein quitte le tribunal de Manhattan le 6 janvier 2020
Harvey Weinstein à son arrivée au tribunal de Manhattan à New York le 6 janvier 2020
Weinstein inculpé pour viol à Los Angeles le jour de l'ouverture de son procès à New York
L'actrice Rose McGowan (au centre), qui fut l'une des premières à accuser publiquement Harvey Weinstein de viol, parle, entourée d'autres accusatrices du producteur de cinéma à l'ouverture de son procès à Manhattan, le 6 janvier 2020
Harvey Weinstein quitte le tribunal de Manhattan le 6 janvier 2020
Harvey Weinstein à son arrivée au tribunal de Manhattan à New York le 6 janvier 2020
Harvey Weinstein est loin d'en avoir fini avec la justice: accusé de multiples agressions sexuelles, le magnat déchu de Hollywood a été inculpé lundi à Los Angeles pour deux nouveaux cas, au moment même où son procès, rendez-vous aussi crucial que symbolique pour le mouvement #MeToo, s'ouvrait à New York.
En Californie, Harvey Weinstein est accusé d'être entré de force dans la chambre d'hôtel d'une femme pour la violer, le 18 février 2013, puis d'en avoir agressé une autre le lendemain dans une chambre d'hôtel de Beverly Hills, selon un communiqué de la procureure du comté de Los Angeles, Jackie Lacey.
L'identité des deux victimes n'a pas été précisée à ce stade et l'enquête, entamée voici deux ans à la suite des premières plaintes suscitées par le mouvement #MeToo, se poursuit à Los Angeles.
Le producteur de cinéma risque jusqu'à 28 ans de prison s'il est condamné en Californie.
«Nous croyons que les preuves établiront que l'accusé a utilisé son pouvoir et son influence pour avoir accès à ses victimes puis commettre des crimes violents à leur encontre», a déclaré Mme Lacey. Ce mode opératoire est identique à celui dénoncé par des dizaines de femmes, vedettes ou anonymes, qui affirment avoir été agressées par Weinstein depuis des décennies.
Vêtu d'un costume sombre, l'ancien magnat de Hollywood de 67 ans, qui marche difficilement avec un déambulateur suite à des problèmes de dos, a croisé certaines de ses accusatrices lundi matin à son arrivée au tribunal d'Etat de Manhattan, pour le premier jour de son procès.
Très affaibli depuis les révélations du New York Times en octobre 2017, il a dû passer devant une quinzaine de femmes qui l'accusent de les avoir agressées sexuellement – sur plus de 80 au total – armées de pancartes demandant «Justice pour les survivantes».
Parmi elles figuraient les actrices Rosanna Arquette et Rose McGowan, qui se sont par la suite réjouies de l'inculpation de M. Weinstein à Los Angeles dans un communiqué signé par 25 femmes ayant dénoncé ses agissements.
Le procès et les nouvelles inculpations sont «une indication claire que les risques que nous avons pris et les conséquences que nous avons subies n'étaient pas inutiles (...) Ceci est un jour nouveau pour notre société», écrivent-elles.
Si ce nouveau développement peut fragiliser la position de Weinstein pour son procès, il risque aussi de donner des arguments à ses avocats pour demander un report, a déclaré à l'AFP Bennett Gershman, enseignant en droit et ancien procureur à Manhattan.
- «Fini la culture du silence» -
Harvey Weinstein n'a fait aucune déclaration avant ou à l'issue d'une première audience très technique, qui n'a duré qu'une heure.
Il ne devrait pas non plus témoigner lors de ce procès, censé durer six semaines, sous la présidence du juge James Burke.
La sélection des jurés, qui doit démarrer mardi et pourrait prendre jusqu'à deux semaines, s'annonce comme la première bataille de ce procès suivi par les médias du monde entier.
Si plus de 80 femmes, dont Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie ou Léa Seydoux, ont accusé M. Weinstein de les avoir harcelées ou agressées sexuellement, le procès ne concerne directement que deux d'entre elles, signe de la difficulté à construire un dossier pénal sans preuve matérielle et sans témoin, autour de faits remontant souvent à plusieurs années.
L'ancienne assistante de production Mimi Haleyi affirme qu'Harvey Weinstein l'a agressée sexuellement dans son appartement new-yorkais en juillet 2006.
La seconde victime présumée, demeurée anonyme, l'accuse d'un viol en mars 2013 dans une chambre d'hôtel new-yorkaise.
L'acte d'accusation inclut une troisième femme, l'actrice Annabella Sciorra, qui affirme avoir été violée par M. Weinstein en 1993. Les faits la concernant sont prescrits, mais doivent permettre à l'accusation d'étayer le chef d'inculpation de comportement sexuel «prédateur», qui fait risquer la perpétuité au sexagénaire.
Une condamnation du puissant producteur serait une victoire majeure pour le mouvement #MeToo et l'organisation Time's Up, née dans son sillage, qui combat harcèlement sexuel et discrimination à Hollywood et au-delà.
«C'en est fini du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, fini de blâmer les victimes, fini les excuses dépourvues de conséquences et la culture du silence qui a aidé les agresseurs comme Weinstein», a lancé Rosanna Arquette devant les journalistes.
- Rarissimes procès –
Si depuis 2017 #MeToo a fait tomber de nombreux hommes de pouvoir, la quasi-totalité a échappé à des poursuites pénales.
Le seul autre procès en vue concerne le chanteur R. Kelly, inculpé l'an dernier d'agressions sexuelles sur des jeunes femmes, parfois mineures.
Si Harvey Weinstein est devenu un paria pour l'opinion, l'accusation est loin d'être assurée d'obtenir la condamnation du producteur, qui a toujours assuré que ses relations sexuelles étaient consenties.
Bien avant le procès, les avocats de M. Weinstein, deux fois marié et père de cinq enfants, ont tenté de saper les témoignages des deux victimes présumées. Ils ont produit courriers électroniques et textos montrant qu'elles étaient restées en contact avec lui, plusieurs mois après les faits supposés.
Dans une rare interview par email avec CNN publiée samedi, M. Weinstein a indiqué qu'il entendait «prouver (son) innocence et laver (son) nom».
En cas d'acquittement, «je me concentrerai sur mes enfants, ma santé», a indiqué le sexagénaire.
ban-tu-cat-pdh/AB
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