Jussie Smollett coupable Pour la justice, l'acteur a bien mis en scène une agression raciste

AFP

10.12.2021 - 07:30

L'acteur américain Jussie Smollett a été reconnu coupable jeudi par un tribunal de Chicago d'avoir mis en scène en 2019 une agression raciste et homophobe dont il se disait victime et qui avait provoqué une vague d'indignation à l'époque aux Etats-Unis.

Le comédien âgé de 39 ans, afro-américain et homosexuel, était accusé d'avoir «planifié» une fausse agression en payant 3.500 dollars à deux frères d'origine nigériane, et d'avoir menti plusieurs fois à la police dans ses dépositions.

La peine sera prononcée ultérieurement. Il encourt trois ans de prison, mais pourrait être condamné seulement à des travaux d'intérêt général.

Selon les médias américains, l'avocat de M. Smollett, Nenye Uche, a annoncé que l'acteur comoptait faire appel. «Le verdict est incohérent», a-t-il dit. «Nous sommes à 100% confiants que nous allons gagner ce cas en appel», a-t-il déclaré durant une conférence de presse après l'énoncé du verdict. Vedette déchue de la série télévisée à succès «Empire», Jussie Smollett plaidait non coupable.

Il a toujours assuré avoir été attaqué en pleine nuit le 29 janvier 2019 dans une rue de la métropole du nord des Etats-Unis par deux hommes masqués, affirmant être des partisans du président Donald Trump. Ils l'auraient frappé en proférant des insultes racistes et homophobes et lui auraient mis un nœud coulant autour du cou.

«Ça n'était pas un canular», a-t-il affirmé lundi lors d'un témoignage très attendu, démentant «à 100%» les accusations. Selon ses avocats, Jussie Smollett a été agressé par Abimbola et Olabinjo Osundairo, deux frères rencontrés sur le tournage d'«Empire», qui étaient motivés par l'argent et dont l'un était homophobe.

L'acteur a expliqué que les 3.500 dollars devaient payer un programme d'entraînement et de nutrition mis au point par Abimbola, qui avait ensuite tenté sans succès de se faire embaucher comme garde du corps.

Exploiter «la douleur»

Mais pour l'accusation, le comédien a manigancé l'attaque pour faire avancer sa carrière et parce qu'il reprochait aux studios de production de ne pas avoir réagi après la réception d'une lettre et d'un appel téléphonique de menaces.

Les deux frères, qui n'étaient pas poursuivis, avaient livré la semaine dernière des témoignages accablants contre l'acteur. Selon Abimbola Osundairo, l'acteur «parlait des studios qui ne prenaient pas la lettre de menaces au sérieux».

«Il m'a alors dit qu'il voulait que je le frappe, et j'étais supposé le frapper mais pas trop fort», avait dit ce boxeur, qui combat au niveau national chez les amateurs. Il a accepté car il se sentait redevable de l'acteur, qui l'avait aidé à obtenir un petit rôle dans la série. Il a aussi démenti avoir eu une relation amoureuse avec Jussie Smollett. Olabinjo Osundairo a pour sa part détaillé comment l'acteur lui aurait dit quelles insultes proférer.

Cette affaire avait provoqué un choc dans un pays encore fortement marqué par les discriminations raciales et sexuelles. Jussie Smollett avait immédiatement reçu le soutien de nombreuses personnalités du monde politique et culturel. 

Les images de télésurveillance, l'examen des données téléphoniques des trois hommes et de vidéos avaient toutefois rapidement semé le doute chez les enquêteurs qui avaient conclu à une mise en scène. «Les fausses plaintes causent des dégâts réels», avait déclaré Eddie Johnson, alors chef de la police de Chicago, accusant M. Smollett d'avoir «exploité la douleur et la colère issues du racisme».

Les deux frères s'étaient envolés pour le Nigeria après l'agression. Ils avaient été arrêtés à leur retour à Chicago à la mi-février. Jussie Smollett avait lui été inculpé pour faux dépôt de plainte, mais les accusations avait été soudainement abandonnées en mars 2019, en échange de 10.000 dollars et de deux jours de travaux d'intérêt général. Il avait été de nouveau été inculpé en février 2020 pour son rôle présumé dans l'agression.

AFP