«Painkiller» sur Netflix«À 32 ans, mon fils est mort seul, dans le froid, sur un parking de station-service»
Elvire Küenzi
8.9.2023
La série à voir absolument en ce moment sur Netflix, c’est «Painkiller». Six épisodes qui décortiquent l’origine et les conséquences de la crise des opioïdes aux Etats-Unis. Une claque.
Elvire Küenzi
08.09.2023, 09:59
08.09.2023, 10:23
Elvire Küenzi
Comment un médicament si puissant a-t-il pu être mis sur le marché ? Comment l’industrie pharmaceutique a pu valider un anti-douleur addictif et dangereux ? Et quels liens entretiennent le secteur de la santé et le capitalisme ? Ces questions, parmi d’autres, tissent l’intrigue de la série «Painkiller» qui revient sur le scandale de l’OxyContin aux Etats-Unis.
Quand un industriel (complètement fou) décide de fabriquer un nouveau produit pour lutter contre la douleur et de le vendre comme étant un médicament associé au bien-être, abusant au passage de la confiance de tout un peuple, cela devient l’une des plus abominables épidémies des dernières années. Et pire, cela tue des centaines de milliers de personnes.
La mini-série Netflix entrecroise ainsi plusieurs destins : celui d’un homme qui souffre à la suite d’un accident, celui de l’histoire de la famille Sackler à l’origine de la fabrication et de la commercialisation de l’OxyContin et celui des équipes de vente chargées de promouvoir le médicament auprès des professionnels de santé.
Certains passages, comme cette scène où un panel de médecins réagit aux mots qu’ils associent à des termes médicaux (morphine ou autres), scruté par Sackler et sa clique dans le but baptiser leur produit, donnent la nausée. « On va prendre un médicament très puissant et le donner à des millions de personnes ? » questionne l’un des observateurs ? La question, elle est vite répondue comme dirait l’autre. Un autre protagoniste ajoute « l’abus sera un vrai problème » sans que cela semble poser un cas de conscience à l’homme d’affaires.
«Cette histoire est une tragédie»
Et puis ces nymphettes blondes au corps de rêve qui charment le corps médical et lui jettent de la poudre aux yeux ne font qu’ajouter au malaise. Le mécanisme est glaçant, précis, chirurgical dans son orchestration.
On compare « Painkiller » à la série « Dopesick » qui, apparemment, la devance sur la subtilité et la qualité. Ne l’ayant pas vue et ne connaissant pas les implications et le sujet sur le bout des doigts, j’ai trouvé la proposition de Netflix intéressante à visionner. De plus, les acteurs sont bien castés, l’enquêtrice incarnée par Uzo Aduba est époustouflante et Matthew Broderick joue un Richard Sackler froid et sans cœur avec une effroyable crédibilité.
Je demeure plus sceptique quant à l’avertissement proclamé avant chaque épisode, un avertissement conté par une personne traumatisée par la perte d’un être cher à cause de l’OxyContin. Dans le premier épisode, on peut ainsi découvrir le témoignage de cette maman qui confie : « « A 32 ans, mon fils est mort, seul, dans le froid sur un parking de station-service. (…) Il a vécu des années d’addiction ».
Un procédé dramatique que j’ai trouvé un peu poussif de la part des créateurs de la série. Malgré tout, je vous conseille de vous plonger dans «Painkiller» pour comprendre les ressorts de ce drame. Comme le dit l’un des personnages, « cette histoire est une tragédie ».