Tentatives de suicides à Zurich et Genève Des ados suisses hospitalisés après avoir vu la série «13 Reasons Why»

pab

19.7.2018

Après avoir visionné la série de Netflix «13 Reasons Why», qui raconte le suicide d'une fille de 17 ans, une quarantaine de jeunes ont été pris en charge dans une clinique psychiatrique zurichoise. Des cas ont aussi été observés à Genève, a rapporté la RTS en début de semaine.

La série «13 Reasons Why» met en scène le difficile quotidien adolescent: jeunes livrés à eux-mêmes par des adultes défaillants, violés, harcelés, marginalisés, exclus. Et surtout elle donne un visage au suicide chez les adolescents: celui d'Hannah Baker, jouée par Katherine Langford. La jeune fille laisse des indices à son entourage pour expliquer les motivations de son acte extrême.

Le succès mondial de cette série controversée, dont la deuxième saison est disponible sur Netflix depuis le mois de mai, a eu des conséquences en Suisse aussi. Selon l'émission «10 vor 10» de la SRF, rappelle la RTS, l'hôpital de Zurich a en effet accueilli une quarantaine d'adolescents qui ont fait des tentatives de suicides après l'avoir vue.

«Certains cas sont réellement effarants. Une fille nous a raconté qu'elle ne s'était encore jamais sentie si comprise qu'en regardant la série. Elle a fini par tenter de mettre fin à ses jours», explique Dagmar Pauli, médecin-chef à la clinique universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à Zurich.

«Un gain dans la prévention» selon l'experte

Plusieurs études ont démontré que, quand le suicide est mis en scène ou glorifié dans les médias, le taux de suicide augmente. A Genève aussi, selon la RTS, plusieurs jeunes ont été pris en charge par l'unité de crise des HUG après avoir visionné «13 Reasons Why».

La médecin spécialiste Anne Edan a analysé la série et a livré ses impressions à la RTS (voir vidéo ci-dessous) : «C'est une série qui est assez bien faite, les adolescents peuvent facilement s'identifier aux personnages, en particulier à cette jeune fille qui fait un suicide abouti». Elle met en garde: «Il y a un risque pour tous les adolescents vulnérables qui regardent seuls la série».

Mais pour Anne Edan tout n'est pas négatif: «L'avantage de cette série, c'est de la regarder à plusieurs (...) de briser un tabou», estime-t-elle. «On ne peut pas éviter d'en parler, c'est tellement saisissant de regarder cette série que ça fait parler et c'est une très bonne chose». La série pourrait donc aussi être utile pour parler avec les jeunes du suicide, qui reste la première cause de mortalité chez les 15-24 ans en Suisse.

Après avoir visionné la série de Netflix «13 Reasons Why», qui raconte le suicide d'une fille de 17 ans, une quarantaine de jeunes ont été pris en charge dans une clinique psychiatrique zurichoise. Des cas ont aussi été observés à Genève, a rapporté la RTS.
Après avoir visionné la série de Netflix «13 Reasons Why», qui raconte le suicide d'une fille de 17 ans, une quarantaine de jeunes ont été pris en charge dans une clinique psychiatrique zurichoise. Des cas ont aussi été observés à Genève, a rapporté la RTS.
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Mais comment faire?

La journaliste Charlotte Fossard, engagée bénévolement comme vice-présidente de l'association romande STOP SUICIDE, donne quelques conseils utiles sur son blog, hébergé sur le site du journal Le Temps. Les indications sont élaborées en partant des conseils de l'association et d'un guide de discussion proposé par Netflix, qui produit la série.

Tout d'abord pour engager la conversation sur ce thème, il est utile d'exploiter les occasions offertes par l'adolescent, par exemple quand il parle de la série ou d'un de ses personnages, et de rebondir dessous. Pour stimuler le dialogue, il est important de discuter avec les ados sur ce qu'ils ont vu, sur les agissements des personnages de la série et leurs motivations, mais aussi sur comment les protagonistes auraient pu agir différemment et s'entraider.

Selon cette liste, il est également important d'encourager le jeune à s'écouter et, si certaines scènes le mettent mal à l'aise, lui rappeler qu'il peut les sauter. Tout aussi utile: confronter la série à la réalité, sa réalité: est-ce qu'il a déjà vécu les mêmes situations? Ressent-il les mêmes choses?

Parler de suicide n'est pas facile, d'autant plus qu'il ne faut ni le dramatiser ni le banaliser. Selon les conseils donnés, il faudrait poser des questions comme: a-t-il repéré des signes d’alerte dans la série? Connaît-il quelqu’un qui a déjà eu ou fait part d’envies suicidaires? Lui-même a-t-il déjà eu de telles pensées?

Fournir des ressources d'aide

L'influence de la série sur les jeunes a déjà suscité de nombreuses discussions aux Etats-Unis, et Netflix, rappelle la RTS, a dû répondre à la critique. Avant chaque épisode, un avertissement enregistré par les acteurs eux-mêmes est en effet diffusé.

Le sens de ce qui est dit peut être résumé de cette façon: «Si vous êtes vous-même suicidaire, cette série n'est peut-être pas faite pour vous, ou vous devriez la regarder avec une personne adulte». Netflix a aussi mis en place un site internet personnalisé pour chaque pays avec des numéros d'urgence.

Charlotte Fossard le rappelle sur son blog: en Suisse romande, il y a plusieurs ressources telles que la ligne d'aide de ProJuventute au 147, pour les adolescents, ou la Main Tendue au 143, pour les adultes.

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