Cinéma – LocarnoIrène Jacob: «nous avons besoin du regard de l'autre»
sifo, ats
10.8.2024 - 15:27
L'actrice franco-suisse Irène Jacob, qui a reçu le Leopard Club Award vendredi soir sur la Piazza Grande, a rencontré samedi le public du Festival du film de Locarno pour une conversation sur sa carrière éclectique.
sifo, ats
10.08.2024, 15:27
ATS
L'actrice a mimé vendredi soir sur la Piazza Grande le rugissement du Léopard qui lui a été remis. «Je suis déjà venue trois fois à Locarno où j'ai présenté 'Trois couleurs: rouge' il y a trente ans sur la Piazza Grande», a-t-elle dit. «Irène Jacob est une véritable muse protectrice du cinéma que nous aimons tous», a rétorqué la directrice artistique du Festival Giona A. Nazzaro.
«C'est grâce à la musique que j'ai pu entrer dans le cinéma», a expliqué l'actrice devant le public venu l'écouter samedi matin. Irène Jacob avait été choisie pour le film de Louis Malle «Au revoir les enfants» ("Goodbye boys», 1987) parce qu'elle jouait du piano. Ce film lui a ouvert des portes et permis de collaborer avec Krzysztof Kieslowski, ce qui a lancé sa carrière internationale.
Collaboration avec Krzysztof Kieslowski
En 1991, Irène Jacob a joué le rôle principal dans le film «La double vie de Veronica» du réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski. «Un film poétique sur deux femmes: l'une en Pologne, l'autre en France. «J'ai besoin que vous apportiez beaucoup de ce que vous êtes», lui avait dit le réalisateur.
«J'avais 23 ans à l'époque, je terminais mes études, mais je ne savais pas ce que cela signifiait d'avoir un grand rôle au cinéma», explique l'actrice aujourd'hui âgée de 58 ans. Dans le film, Irène Jacob incarne deux rôles: «J'ai passé dix jours dans une famille polonaise pour comprendre comment elle vivait». Cette performance lui a valu le prix de la meilleure actrice à Cannes, alors qu'elle n'avait que 24 ans.
Le cinéma de Kieslowski est un cinéma «très profond qui s'intéresse au mystère de l'être», a relevé l'actrice: «sa façon de voir le monde m'a beaucoup touchée». «Nous avons besoin du regard de l'autre, le réalisateur est une personne qui regarde le monde d'une certaine manière», a-t-elle ajouté.
La trilogie bleu-blanc-rouge
Kieslowski a également réalisé le film «Trois couleurs: rouge», le dernier de la trilogie bleu-blanc-rouge, que l'actrice présente samedi en fin d'après-midi au GranRex. «Locarno sait se souvenir des jeunes films d'hier», a-t-elle souri.
Irène Jacob cite également les réalisateurs cambodgien Rithy Pan et israélien Amos Gitaï avec lesquels elle collabore toujours: «le jeune cinéma est un cinéma vivant qui échappe à des produits plus conventionnels».
Elle a également travaillé avec le réalisateur italien Michelangelo Antonioni: «il avait subi une attaque cérébrale mais sa pensée était si vivante, un esprit libre enfermé dans un corps handicapé», dit-elle de lui. Pour l'aider, Wim Wenders avait décidé d'accompagner Antonioni pour 'Beyond the Clouds' (1995).
Une progression intuitive
«J'ai avancé de manière très intuitive à cette époque de ma carrière», explique-t-elle, «j'ai choisi les réalisateurs avec lesquels je voulais travailler, parfois cela n'a pas marché, parfois cela a marché».
Irène Jacob a actuellement des projets pour une production franco-suisse, dans laquelle elle joue le rôle d'un commissaire de police, qui sera tournée à Lausanne.
Irène Jacob, également présidente de l'Institut Lumière de Lyon, ouvrira la saison au théâtre populaire romand de La Chaux-de-Fonds (NE) début septembre. Elle jouera dans «Où es-tu», une création musicale et poétique conçue par elle et la chanteuse française Keren Ann.