Lors de la première diffusion de «Star Trek» en 1966, les Américains n'avaient pas encore marché sur la Lune, et l'idée que des humains puissent un jour vivre et travailler dans l'espace semblait encore lointaine.
Lors de la première diffusion de «Star Trek» en 1966, les Américains n'avaient pas encore marché sur la Lune, et l'idée que des humains puissent un jour vivre et travailler dans l'espace semblait encore lointaine.
Mercredi, William Shatner, qui incarnait le fameux capitaine Kirk dans l'emblématique série, sera le premier acteur du casting à faire, pour de vrai, le voyage vers la «frontière de l'infini».
Il embarquera, aux côtés de trois autres passagers depuis l'ouest du Texas, à bord d'une fusée de Blue Origin pour un vol suborbital qui sera le deuxième habité de l'entreprise du milliardaire Jeff Bezos.
Un événement qui régalera les fans de ce phénomène de pop culture, ayant inspiré des générations d'astronautes.
Le décollage, initialement prévu le mardi 12 octobre a été repoussé d'un jour à cause de la météo.
«Je prévois de garder mon nez collé à la fenêtre. Tout ce que je ne veux pas voir, c'est un gremlin me regardant depuis l'autre côté», a plaisanté dans une vidéo publiée par Blue Origin l'acteur canadien.
A 90 ans, il deviendra la personne la plus âgée à atteindre l'espace.
La décision de Blue Origin d'inviter l'un des plus emblématiques voyageurs spatiaux de science-fiction n'est pas innocente: elle devrait aider à maintenir l'intérêt du public autour de la course engagée entre plusieurs entreprises privées du secteur.
En juillet, le milliardaire britannique Richard Branson a volé à bord d'un vaisseau de Virgin Galactic, quelques jours seulement avant Jeff Bezos, lors du premier vol habité de la fusée New Shepard -- la même qui embarquera William Shatner.
SpaceX a de son côté envoyé quatre touristes spatiaux pour trois jours en orbite autour de la Terre en septembre, une mission qui a fait l'objet d'une série Netflix.
«Emmener une célébrité comme William Shatner, qui est lié à l'espace, apporte une sorte de renouveau et crée une attention médiatique», a dit à l'AFP Joe Czabovsky, un expert en relations publiques de l'Université de Caroline du Nord.
Série pionnière
La série originale de «Star Trek» a été arrêtée après trois saisons, mais des suites et plus d'une dizaine de films ont ensuite alimenté le phénomène.
Le capitaine Kirk commandait une mission de cinq ans visant à «explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations».
Son vrai voyage dans l'espace durera bien moins longtemps: une dizaine de minutes au total, dont environ quatre en apesanteur. Le vaisseau se rend juste au-dessus de la ligne de Karman, qui marque à 100 km d'altitude la frontière de l'espace selon la convention internationale.
La série Star Trek avait tourné l'attention de l'Amérique vers la conquête spatiale, qui en était alors à ses débuts, tout en s'attaquant à des problèmes de société.
Le casting était très divers, au moment où l'Amérique était en plein mouvement pour les droits civiques. En 1968, lorsque William Shatner et l'actrice Afro-Américaine Nichelle Nichols s'embrassent, il s'agit du premier baiser entre une personne blanche et une personne de couleur à la télévision américaine.
Conquête spatiale
La série est également très liée au programme spatial américain.
La première navette spatiale de la Nasa a été nommée «Enterprise», comme le vaisseau commandé par le capitaine Kirk. Dans les années 1970, Nichelle Nichols a réalisé une vidéo pour aider la Nasa à recruter des astronautes, notamment des femmes et minorités. D'autres acteurs ont participé à des conférences de l'agence américaine ou prêté leur voix pour des documentaires.
«Depuis 50 ans, «Star Trek» a inspiré des générations de scientifiques, d'ingénieurs et même d'astronautes», avait déclaré en 2016 l'astronaute américain Victor Glover, dans un documentaire portant sur les parallèles entre les recherches menées dans la série et celles réalisées aujourd'hui à bord de la Station spatiale internationale.
Un autre fan célèbre de «Star Trek»? Jeff Bezos lui-même. Il a par exemple expliqué comment Alexa, l'assistant vocal d'Amazon, avait été inspirée de l'ordinateur de «Star Trek».
Le milliardaire est même apparu, méconnaissable sous un maquillage d'extraterrestre, dans l'un des films: «Star Trek sans limite» (2016).
La célébrité de William Shatner, ainsi que ses plaisanteries -- il a estimé lors d'une interview à CNN que la fusée New Shepard, souvent moquée pour son aspect phallique, «inséminait le programme spatial» -- est par ailleurs une diversion bienvenue pour Blue Origin.
L'entreprise est accusée par certains employés -- anciens et actuels -- d'entretenir un environnement de travail «toxique», où le sexisme est omniprésent. Dans un texte publié en ligne fin septembre, ces employés ont dénoncé un manque de personnel, de ressources et une pression extrême pour réduire les coûts et les délais, nuisant à la sécurité des vols.
Blue Origin a nié ces allégations.