Le cinéma français est secoué par de nouvelles accusations de violences sexuelles, avec la révélation de la mise en examen pour viols de l'acteur Sofiane Bennacer. Celui-ci est ardemment défendu par la réalisatrice des «Amandiers», Valeria Bruni-Tedeschi.
La réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi défend ardemment la révélation de son dernier film «Les Amandiers», l'acteur Sofiane Bennacer, soupçonné de viol (archives).
Valeria Bruni-Tedeschi et Sofiane Bennacer lors de la présentation de Les Amandiers à Cannes le 23 mai 2022
L'acteur français Sofiane Bennacer le 27 août 20022 à l'occasion de la présentation du film "les Amandiers" au festival d'Angoulême
L'acteur Sofiane Bennacer soupçonné de viols, le cinéma français une fois de plus dans la tourmente - Gallery
La réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi défend ardemment la révélation de son dernier film «Les Amandiers», l'acteur Sofiane Bennacer, soupçonné de viol (archives).
Valeria Bruni-Tedeschi et Sofiane Bennacer lors de la présentation de Les Amandiers à Cannes le 23 mai 2022
L'acteur français Sofiane Bennacer le 27 août 20022 à l'occasion de la présentation du film "les Amandiers" au festival d'Angoulême
Révélation de son dernier film, Sofiane Bennacer, 25 ans, clame son innocence depuis que le Parisien puis Libération ont révélé les accusations de viols dont il fait l'objet.
Elles lui ont valu trois mises en examen: deux pour des faits de viols sur deux ex-compagnes, la troisième «pour violences sur conjoint». Dans le cadre d'une quatrième plainte déposée par une autre ex-compagne qui dénonçait des faits de viol, Sofiane Bennacer a été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté.
Difficulté supplémentaire pour Valeria Bruni-Tedeschi, par ailleurs compagne de M. Bennacer selon Le Parisien et Libération: l'existence d'une plainte pour viols d'une ancienne compagne de Sofiane Bennacer était connue lors du tournage.
Humiliation
Malgré cela, la production a pu s'achever et le film, qui retrace l'aventure du Théâtre des Amandiers et de son fondateur Patrice Chéreau, être présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, sortir en salles le 16 novembre, et attirer déjà plus 100'000 spectateurs.
Sofiane Bennacer a aussi été retenu dans la liste de la trentaine de «révélations» pour les prochains César, avant que l'Académie ne rétropédale en urgence cette semaine, lorsque les tourments judiciaires du jeune homme ont été rendus publics.
De son côté, l'acteur, qui tenait avec «Les Amandiers» le premier rôle d'importance de sa carrière, a contesté, comme lors de sa mise en examen, les accusations portées à son encontre, expliquant n'avoir «rien fait», et s'être «fait humilier au plus profond de (son) âme».
«Présomption d'innocence»
Vendredi, Valeria Bruni-Tedeschi, actrice demandée et réalisatrice de sept longs-métrages, est passée à la contre-attaque, dénonçant un «lynchage médiatique», après la parution de l'enquête de Libération sur son acteur, les accusations dont il fait l'objet, et «l'omerta» qui aurait régné sur le sujet lors du tournage.
«À ce jour tout le monde sait qu'il n'a pas été jugé», écrit-elle. «J'ai été impressionnée artistiquement par Sofiane Bennacer dès la première seconde du casting de mon film et j'ai voulu qu'il en soit l'acteur principal malgré des rumeurs dont j'avais connaissance» assume-t-elle, revendiquant la pleine «responsabilité de (son) choix».
Elle affirme que la production «n'a eu connaissance d'une plainte» en justice qu'une fois le tournage commencé, et qu'il était ensuite «juridiquement inenvisageable» pour les producteurs de changer d'acteur. A propos des victimes présumées, l'actrice assure avoir «un immense respect pour la libération de la parole des femmes» mais insiste sur la «présomption d'innocence».
Elle confie avoir été elle-même «abusée dans (son) enfance»: «je connais la douleur de ne pas avoir été prise au sérieux». «Honte à toi Libération», a de son côté tonné sa soeur, Carla Bruni, sur Instagram.
«Aucune base juridique»
Vendredi matin, Patrick Sobelman, l'un des deux producteurs du film «Les Amandiers», avait assuré sur France Inter que la production ne savait rien de ces faits avant de l'engager. Et la production estime qu'elle n'avait ensuite «aucune base juridique» pour le licencier.
La production assure avoir suivi toutes les recommandations officielles, comme la mise en place de «référents» pour les questions de harcèlement, édictées ces dernières années dans le sillage d'affaires de violences sexuelles qui ont ébranlé le cinéma américain, puis français.
Pour les professionnels du 7e art, les accusations contre Sofiane Bennacer viennent rappeler le souvenir de l'affaire Polanski, régulièrement rattrapé par des accusations anciennes d'abus sexuels, ou encore les mises en examen d'acteurs comme Gérard Depardieu ou Ary Abittan pour des faits de viols, qu'ils contestent.