La réalisatrice de 35 ans a dédié son prix "aux gens qui cultivent la terre".
Le réalisateur lucernois Michael Koch obtient une mention spéciale du jury de la Berlinale pour son film "Drii Winter" ("A Piece of Sky").
Le réalisateur suisse Cyril Schäublin a remporté un prix dans la catégorie "Encouters" lors de la 72e Berlinale.
L'Espagnole Carla Simón sacrée par la Berlinale - Gallery
La réalisatrice de 35 ans a dédié son prix "aux gens qui cultivent la terre".
Le réalisateur lucernois Michael Koch obtient une mention spéciale du jury de la Berlinale pour son film "Drii Winter" ("A Piece of Sky").
Le réalisateur suisse Cyril Schäublin a remporté un prix dans la catégorie "Encouters" lors de la 72e Berlinale.
La Berlinale a fait entendre la voix des campagnes et celle des femmes en sacrant le film espagnol «Alcarràs» de la réalisatrice Carla Simón. Le palmarès est quasi-exclusivement féminin.
En décrochant ce prix, la cinéaste de 35 ans devient la troisième jeune réalisatrice d'affilée à être sacrée par un festival majeur, après les Françaises Julia Ducournau, Palme d'Or à Cannes pour «Titane» et Audrey Diwan, Lion d'Or à Venise pour «l'Evénement».
Si on y ajoute le triomphe aux Oscars 2021 de l'Américaine Chloé Zhao, avec «Nomadland», ces prix les plus prestigieux de la planète cinéma semblent témoigner, cinq ans après le début de l'affaire Weinstein, d'une volonté de rééquilibrage au sein d'une industrie longtemps dominée par les hommes.
A Berlin, le palmarès est d'ailleurs quasi-exclusivement féminin, avec un prix de la meilleure réalisation à la Française Claire Denis pour «Avec amour et acharnement» et un prix «non-genré» de la meilleure interprétation à l'actrice germano-turque Meltem Kaptan.
Ode aux petits exploitants
L'Ours d'Or met aussi la lumière sur le devenir de l'agriculture et des paysans, bousculés par la modernité. «Alcarràs» est une ode aux petits exploitants, qui se déroule le temps d'un été dans un coin de Catalogne baigné par le soleil.
Le président du jury, le réalisateur américain M. Night Shyamalan, a salué la performance des acteurs qui ont su «montrer la tendresse et le combat d'une famille», et mettre en lumière «notre dépendance à la terre».
La réalisatrice, qui a perdu très jeune ses parents et a grandi près de cette petite ville d'Alcarràs, a remercié sa famille, «qui cultivait des pêches et sans laquelle (elle) n'aurait jamais été aussi proche de ce monde».
Carla Simón, qui avait déjà reçu un prix du premier film à Berlin pour «Eté 1993» (2017), a aussi dédié son prix aux «petites familles d'agriculteurs qui cultivent chaque jour leur terre pour remplir nos assiettes».
Déraciner les arbres
Dans «Alcarràs», c'est ce monde en voie de disparition qui envahit l'écran, d'autant plus criant de vérité que les acteurs sont des non-professionnels, recrutés dans les environs. Le film suit la famille Solé, qui cultive depuis trois générations des centaines de pêchers sur les terres de riches propriétaires.
Mais ces derniers veulent déraciner les arbres pour y installer des panneaux solaires, et proposent aux Solé de s'adapter à cette nouvelle donne, ou de partir. Le chef de famille, Quimet, refuse de voir son monde disparaître.
Autour de lui, c'est tout un fragile équilibre familial, des enfants aux personnes âgées, qui menace de s'effondrer. Le casting, d'acteurs non-professionnels, est filmé avec une grande tendresse. Le film se montre à la fois émouvant, et profond sur les questions de la modernisation à marche forcée des campagnes ou du conflit entre économie et écologie.
Pas d'avenir
La réalisatrice ne voit «guère d'avenir» pour les petites exploitations familiales. «Il y a très peu de régulation des prix, et de plus en plus de grandes entreprises», a-t-elle expliqué dans une interview mardi à l'AFP. «Je ne vois d'espoir que dans l'agriculture biologique», a-t-elle ajouté.
Carla Simón succède au Roumain Radu Jude, Ours d'Or l'an dernier, après une semaine de compétition menée au pas de charge en raison du Covid. Les organisateurs peuvent se féliciter d'avoir, au prix de mesures sanitaires drastiques, mené la compétition à son terme après un ersatz de festival, en ligne uniquement, l'an dernier.
Trois films suisses primés
Côté suisse, trois films ont été récompensés. «Drii Winter» du Lucernois Michael Koch a reçu une mention spéciale du jury de l'Ours d'or. Dans la section «Encounters», le Zurichois Cyril Schäublin remporte le prix de la meilleure réalisation et la coproduction suisse «A vendredi, Robinson» le prix spécial du jury.
Ces récompenses ont suscité l'enthousiasme du conseiller fédéral Alain Berset. «Quelle année pour le cinéma suisse», a-t-il tweeté mercredi soir avant d'ajouter: «Toutes nos félicitations!».
La réalisatrice franco-suisse Ursula Meier qui présentait «La ligne» dans la compétition internationale repart elle bredouille. En 2012, elle avait remporté l'Ours d'argent avec «L'enfant d'en haut». Au total, la Suisse a envoyé 11 films cette année dans la capitale allemande.