Collaboration avec Liam Neeson La fratrie suisse qui donne le ton à Hollywood

brbu, ats

22.3.2024 - 09:26

Régulièrement nommés pour des récompenses internationales aux côtés des plus grands noms de la musique de film, Diego, Lionel et Nora Baldenweg composent depuis plus de 20 ans des mélodies qui apparaissent dans des films, des séries et des publicités. La fratrie vient de collaborer avec la star américaine Liam Neeson. Pourtant, le trio zurichois est peu connu du grand public.

Nora Baldenweg, à gauche, Diego Baldenweg, au centre, et Lionel Vincent Baldenweg, à droite, remportent le Prix du Cinéma Suisse dans la catégorie Meilleure musique de film 2018 (La petite sorcière) lors de la cérémonie de remise des prix à Zurich le vendredi 23 mars 2018. (archives)
Nora Baldenweg, à gauche, Diego Baldenweg, au centre, et Lionel Vincent Baldenweg, à droite, remportent le Prix du Cinéma Suisse dans la catégorie Meilleure musique de film 2018 (La petite sorcière) lors de la cérémonie de remise des prix à Zurich le vendredi 23 mars 2018. (archives)
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Keystone-SDA, brbu, ats

Cela semble paradoxal: la musique de film et de publicité est un secteur où la pression est forte. Un travail précis est exigé, souvent dans des délais serrés. «En même temps», disent Diego, Lionel et Nora Baldenweg, «la patience est l'une des choses les plus importantes dans notre métier». Il peut s'écouler des années avant que des contacts informels ne débouchent sur une commande concrète.

C'est ce qui s'est passé avec «In the Land of Saints and Sinners», un western irlandais tardif réalisé par Robert Lorenz, producteur de longue date de Clint Eastwood. Plusieurs années se sont écoulées entre les premiers entretiens et l'attribution du contrat. Les Baldenweg ont donné sa sonorité à ce nouveau film de Liam Neeson, qui sort bientôt en salles.

Gros budget, grandes stars, grande attention. Cette composition a valu au trio d'être nominé aux célèbres Movie Music UK Awards dans la catégorie reine de la meilleure musique – aux côtés de grands noms comme John Willams ou Alexandre Desplat.

Concurrence rude

En deux décennies, les trois compères se sont fait un nom, remportant notamment un Quartz aux Prix du cinéma suisse en 2018 pour la musique du film «Die kleine Hexe» de Michael Schärer.

Ils suivent leur voie avec constance et persévérance, tout en restant accessibles et sympathiques, ce qui ne va pas de soi dans cette branche où la concurrence est rude. Les Baldenweg sont lucides: chaque projet repart de zéro.

«Nous créons des mondes et des ambiances, nous élaborons une vision, nous racontons une histoire», souligne Lionel. C'est en échangeant avec l'autre – par exemple un réalisateur ou une réalisatrice – que l'on obtient le meilleur résultat possible. Ils ont parfois besoin de plus de temps pour les modifications et les adaptations que pour la composition originale, explique Diego.

Même sang, autres compétences

Interrogés sur le fait de travailler en famille, ils affirment être heureux de leur franchise et de leur confiance mutuelles. Mais ils reconnaissent aussi avoir des compétences différentes: Diego est le principal compositeur créatif et technique, tandis que Lionel et Nora s'occupent de communication et des questions commerciales et interviennent dans le travail créatif comme co-compositeurs.

«Notre différence rend notre travail meilleur», assure Lionel Baldenweg. Mais le degré de parenté les intéresse moins que les médias: «Ce qui est décisif, c'est ce que nous livrons», dit Nora.

Les Baldenweg n'ont pas choisi la voie classique avec une formation en musique de film. Au départ, ils avaient un groupe de musique commun. Un jour, ils ont eu l'opportunité de participer à la musique orchestrale de «Je m'appelle Eugen», de Michael Steiner, un film qui deviendra l'un des plus grands succès du cinéma suisse.

«A l'époque, nous savions certes comment composer des chansons et de la musique orchestrale, mais nous ne savions pas ce qu'était la musique de film», dit Diego Baldenweg en riant. Malgré toute la discipline et le sérieux, les Baldenweg ont conservé un côté joueur.

80% du travail pour les films

Aujourd'hui, la composition de musiques de films ou de séries télévisées représente 80% de leur travail, le reste allant à la publicité. Avant, c'était l'inverse. Malgré des commandes internationales, ils aiment travailler en Suisse. Ainsi, ils ont composé des thèmes musicaux spécifiques pour le Prix du cinéma suisse et le Festival du film de Zurich.

Pour lutter contre l'angoisse de la page blanche, les Baldenweg ont un bon remède: ils passent plus d'un mois par an dans des festivals, à regarder des films, rencontrer des gens et «de ne pas parler de musique, mais d'histoires passionnantes, de Dieu et du monde», indique Lionel. «C'est là que nous trouvons l'inspiration», renchérit Diego.

L'échange est important pour les trois frères et soeurs. Les termes de sincérité et d'authenticité reviennent souvent. Les collaborations avec des chefs, des orchestres et d'autres disciplines sont une caractéristique centrale de leur travail.