Pour «La Mif», le réalisateur genevois Fred Baillif a travaillé avec les résidentes et la directrice d'un vrai foyer. Cela donne une épaisseur au film, qui est en lice pour le Prix du cinéma suisse. En salle en Suisse romande depuis le 9 mars, il sort en Suisse alémanique jeudi.
Dans un foyer, un groupe de jeunes filles issues de familles brisées se rencontrent et trouvent une nouvelle famille: «on est une Mif maintenant», dit une des ados dans le film. Mais même si les éducateurs jouent un rôle important, celui-ci reste limité: «on est proche de vous, mais vous êtes sous notre responsabilité et on n'est pas vos parents», souligne l'une d'elles.
Le credo de la directrice est que les adolescentes, parfois gravement traumatisées, trouvent protection et sécurité. Mais les fêlures sont là.
Audry a des problèmes parce qu'elle a été surprise en train d'avoir des relations sexuelles avec un adolescent de 14 ans. Caroline menace de se suicider après la mort de son père.
Des actrices non professionnelles
Les huit personnages féminins sont joués par des actrices non professionnelles, dont la plupart ont vécu en institution, avec une «authenticité proche du documentaire».
Fred Baillif rappelle pourtant que le film est une fiction, même si cet ancien éducateur a fait un long travail de recherche pour rendre avec justesse le vécu de ces ados placées. Celles-ci ont d'ailleurs participé à l'écriture du scénario comme Claudia Grob, la directrice du foyer.
Nominée pour le Quartz de la meilleure actrice, elle ne se considère pourtant pas comme une comédienne: «on a joué notre propre rôle, mais pas notre propre histoire», explique Claudia Grob dans la vidéo de Keystone-ATS.
Success-story
Le film réalisé à Genève est devenu une success-story dans les festivals de cinéma: en 2021, il a obtenu le prix du meilleur film dans la catégorie «Génération 14+» à la Berlinale, le Bayard d’or au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique, avant de sortir comme le grand gagnant du Zurich Film Festival.
Et lors des Journées de Soleure en janvier dernier, on a appris que «La Mif» entrerait en lice pour les Prix du cinéma suisse 2022 avec six nominations: dans les catégories meilleur scénario, meilleure actrice (Claudia Grob), meilleure actrice dans un second rôle (deux fois avec Charlie Areddy et Anaïs Uldry) et meilleur montage. Il pourrait en plus être élu meilleur film de fiction suisse de l'année.
«Les filles prennent conscience grâce au public que le film a du succès, explique Fred Baillif. A la limite, elles se fichent des prix qu'on remporte dans les festivals. Cela m'intéresse plus moi que les actrices: cela fait relativiser un peu».