Dans l'imaginaire des scénaristes hollywoodiens, les représentations de la Suisse peuvent parfois faire mal, même si elles sont fondées historiquement. Une carte sanglante de la Suisse à la fin d'un épisode de la série «Hunters» est l'un des derniers exemples en date.
La carte de la Suisse prend forme avec le sang d'un banquier suisse. Il vient de se tirer une balle après que des biens volés aux juifs pendant la 2e Guerre mondiale ont été retrouvés au sous-sol de la banque.
Cette image clôt le 4e épisode de «Hunters», une série avec Al Pacino, qui tourne actuellement sur Amazon Prime. Nicolas Bideau, le patron de Présence Suisse, peut comprendre cette image de la Suisse, dans une série qui place son action dans les années 80.
Par contre, s'il y avait eu un impact médiatique avec par exemple un article dans le New York Times, Nicolas Bideau aurait pu solliciter l'ambassadeur en poste à Washington. «Je lui aurais demandé d'intervenir dans les médias sociaux.»
«C'est vrai, cette image est brutale et choquante pour le public helvétique», mais la Suisse dans les années 80 n'avait pas encore fait son mea culpa sur son attitude pendant la Deuxième Guerre mondiale. On se souvient du banquier suisse Robert Studer, qui avait provoqué la polémique en 1995 quand il avait qualifié de «peanuts» l'affaire des comptes en déshérence.
Avec le travail de la commission Bergier, instaurée un an plus tard en 1996, la Suisse et sa place financière ont finalement reconnu leur responsabilité. Nicolas Bideau a plus de problèmes avec des séries qui fixeraient l'action aujourd'hui et qui joueraient sur ce cliché-là alors que depuis 2010 et la fin du secret bancaire, «on ne peut plus placer ses avoirs en Suisse impunément», affirme-t-il.
L'image des banques suisses est de fait au coeur des réflexions cette année à Berne. Nicolas Bideau et son équipe mène des discussions avec le Département fédéral des finances et les milieux bancaires pour repenser la communication de la place financière suisse, «qui a évolué».
«Si on n'est pas proactif, on risque d'avoir des scénaristes qui s'appuient sur de vieux réflexes et de s'enliser en terme d'image. Ce qui est contreproductif, parce que ce n'est vraiment plus cela la Suisse», poursuit le haut fonctionnaire.
L'ambassadeur suisse en Californie pourrait aussi être sollicité. «Ce n'est pas tout à fait exclu. S'il est impliqué dans cette campagne de communication, il pourrait aller sensibiliser les grosses productions pour leur expliquer que la place financière helvétique aujourd'hui, c'est plutôt ce qui se passe à Zoug dans le cadre de la fintech ou de la crypto.»
«La Suisse a une image extrêmement forte à l'étranger», avec des clichés sur les banques, mais aussi avec les montagnes, les montres, la neutralité ou le nid d'espions, souligne encore le patron de Présence Suisse. «C'est du pain béni pour un scénariste ou un producteur qui veut en quelques secondes faire passer un message poignant. Et parfois on gagne, mais parfois on y perd».
Pas sur les banques, mais sur la Genève internationale, Berne estime qu'une série serait intéressante pour mieux vendre cet atout de la Suisse. «Nous en avons suscité l'idée auprès du monde du cinéma, mais nous n'avons pas encore réussi à concrétiser».
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