Hollywood Les Oscars de retour, un court-métrage suisse en lice

ATS

27.3.2022 - 18:25

Après un déménagement forcé pour cause de pandémie, les Oscars retrouvent dimanche leur traditionnelle salle du Walk of Fame d'Hollywood pour une compétition des plus serrées. Un court-métrage suisse est en lice.

La Suisse peut espérer un Oscar dimanche, avec le court-métrage "Ala Kachuu" de la réalisatrice germano-suisse Maria Brendle (archives).
La Suisse peut espérer un Oscar dimanche, avec le court-métrage "Ala Kachuu" de la réalisatrice germano-suisse Maria Brendle (archives).
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Western sombre et psychologique sur des hommes n'assumant pas leur sexualité, «The Power of the Dog» a fait longtemps la course en tête, laissant espérer à Netflix une victoire historique dans la catégorie phare du meilleur long-métrage. Mais depuis quelques semaines, «CODA», comédie dramatique pleine d'optimisme adaptée du succès français «La Famille Bélier», est revenu au grand galop.

Le film, qui suit une lycéenne déchirée entre la passion qu'elle se découvre pour la chanson et sa famille, dont tous les autres membres sont sourds et dépendent d'elle pour communiquer avec le monde des entendants, a raflé l'un après l'autre tous les prix décernés par les syndicats de l'industrie du cinéma américaine.

Vendredi, pour la première fois, ce film à petit budget dont le parcours a débuté à Sundance en janvier 2021 s'est hissé en tête des pronostics des experts du secteur, devant «The Power of the Dog». En troisième position figure «Belfast», évocation en noir et blanc de l'enfance de Kenneth Branagh au milieu des violences nord-irlandaises de la fin des années 1960.

«C'est une course entre deux ou trois chevaux», confirme Clayton Davis, spécialiste des prix cinématographiques pour le magazine Variety, une référence dans le domaine. Pour lui, la «dynamique» des derniers jours jouait en faveur de «CODA». «Ces deux dernières années ont été très difficiles pour tout le monde. Et 'CODA' est positif, réconfortant. Je crois que les votants sont d'humeur à se sentir bien», a-t-il dit à l'AFP.

Netflix contre Apple TV+

Nombre de professionnels ont été dithyrambiques sur «The Power of the Dog», relevant ses prouesses esthétiques et les performances des acteurs. Quatre d'entre eux (Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemons et Kodi Smit-McPhee) sont d'ailleurs en lice pour cette 94e édition.

Mais beaucoup d'autres ont aussi reproché au film de Jane Campion une certaine froideur. «Ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde», relève Scott Feinberg, éditorialiste au magazine The Hollywood Reporter.

Cela peut s'avérer un handicap car l'étrange mode de scrutin préférentiel à plusieurs tours utilisé aux Oscars pour la catégorie du meilleur long-métrage privilégie généralement les films les plus consensuels.

Mais une surprise est toujours possible aux Oscars et la compétition «n'a jamais été aussi ouverte», a déclaré sous couvert de l'anonymat l'un des votants de l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui décerne les prestigieux trophées.

Atout dans la manche de «CODA», il s'agit d'un film indépendant à petit budget (15 millions de dollars) perçu cette année comme l'outsider et qui pourrait à ce titre s'attirer la sympathie des votants, même s'il est diffusé par Apple TV+.

«Certains membres de l'Académie auxquels je parle sont encore réticents à voter pour un film Netflix dans la catégorie du meilleur long-métrage», explique ce votant à l'AFP.

Will Smith et Jessica Chastain?

Chez les acteurs, le grand favori est cette année le toujours très populaire Will Smith, qui joue le père des championnes Serena et Venus dans «La Méthode Williams».

L'une des vedettes de «CODA», Troy Kotsur, tient la corde pour l'Oscar du meilleur second rôle masculin. L'acteur sourd, qui incarne le père aimant mais parfois démuni d'une adolescente entendante, a fait un tabac dans les différents prix cinématographiques cette saison.

Côté actrices, la compétition est rude mais Jessica Chastain, méconnaissable dans son rôle de télévangéliste de «Dans les yeux de Tammy Faye», paraît la mieux placée. Elle pourrait être menacée par Penelope Cruz, qui a séduit avec sa performance dans «Madres Paralelas» de Pedro Almodovar.

Ariana DeBose devrait l'emporter pour le second rôle féminin avec le remake de «West Side Story» par Steven Spielberg. Mais ce dernier semble mal parti pour s'imposer comme meilleur réalisateur face à Jane Campion, qui a de bonnes chances de remporter le deuxième Oscar de sa carrière de réalisatrice après «La Leçon de Piano».

Le grandiose space opera «Dune» devrait quant à lui se distinguer dans de multiples catégories techniques, de la photographie au son en passant par les effets spéciaux.

La Suisse peut aussi espérer un Oscar cette année. Le court-métrage «Ala Kachuu» de la réalisatrice germano-suisse Maria Brendle a été nominé pour l'une des récompenses les plus convoitées au monde. Le film, dont le titre signifie «faire ses bagages et partir en courant», raconte le vol d'une mariée au Kirghizistan. Environ 12'000 femmes sont victimes de cette coutume chaque année.

Renouer avec le public

Les organisateurs et le diffuseur ABC espèrent que cette 94e édition leur permettra de renouer avec le public et avec leur audience, en chute libre ces dernières années. L'édition 2021 n'avait attiré que 10 millions de téléspectateurs, une baisse de 56% par rapport à l'année précédente qui avait déjà enregistré son niveau le plus bas de l'histoire.

Pour attirer les fans, les organisateurs ont lancé cette année un «prix des fans», appelés à voter sur les réseaux sociaux. Il s'agit pour les Oscars de «voir comment ils peuvent atteindre une nouvelle audience, cette génération TikTok», estime Clayton Davis.

La reine de la pop Beyoncé et sa jeune dauphine Billie Eilish viendront aussi à la pêche aux téléspectateurs sur la scène des Oscars. Elle sont toutes deux en lice pour l'Oscar de la meilleure chanson, respectivement pour «La Méthode Williams» et celle du dernier James Bond.