QuésacoLe Syndrome de la Schtroumpfette - Un concept encore trop présent
Relax
18.1.2023 - 11:23
Que ce soit «Big Bang Theory», «Avengers» ou encore «Star Wars», ces séries et films ont tous un point commun: ils font tous écho au syndrome de la Schtroumpfette. Entre sexisme et sous-représentation, on vous explique ce qui se cache derrière ce concept encore trop présent sur nos écrans.
18.01.2023, 11:23
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Vous connaissez sûrement «Les Schtroumpfs». Ces petits personnages bleus issus de la bande dessinée créée par Peyo en 1958. S'il est facile de nommer les différents personnages masculins entre le Schtroumpf costaud, le Schtroumpf bricoleur, le Schtroumpf à lunette, ou encore le Schtroumpf grognon et paresseux sans oublier le Grand Schtroumpf, il n'existe qu'un personnage féminin: la fameuse Schtroumpfette.
Contrairement aux personnages masculins, ce personnage n'a que son sexe pour être différencié, sans autre valeur ajoutée. La Schtroumpfette existe seulement dans sa relation aux personnages masculins. Elle représente la figure féminine unique: belle et gentille dont tous les hommes sont amoureux.
C'est ce principe que Katha Pollitt, une essayiste américaine et féministe, a théorisé à travers le syndrome de la Schtroumpfette, dans le journal The New York Times en 1991.
Un rôle féminin parmi une multitude de rôles masculins
Ce principe dénonce le fait que les castings ne comprennent qu'un rôle féminin parmi une multitude de rôles masculins, que ce soit au cinéma comme à la télévision. Ces oeuvres de fiction réduisent également le personnage féminin à des stéréotypes sexistes et sans profondeur. Preuve en est avec le personnage de Penny dans la série «The Big Bang Theory».
Incarnée à l'écran par Kaley Cuoco, Penny n'est autre que la voisine de palier des deux autres personnages principaux masculins. Contrairement à ces derniers, Leonard Hofstadter et Sheldon Cooper, son nom de famille n'a jamais été dévoilé.
Le public fait sa connaissance en premier lieu après que le personnage de Leonard tombe amoureux d'elle. Régulièrement décrit comme profitant de l'argent, de l'hospitalité et de la nourriture de ses voisins masculins, le personnage de Penny multiplie les stéréotypes sexistes. Face à ses voisins scientifiques dotés d'une intelligence supérieure, Penny est considérée comme bien plus ignorante et bien plus frivole.
On retrouve également cette différence de traitement dans les films de la saga «Avengers» avec le personnage de Black Widow, jouée par Scarlett Johansson. «Le message est clair. Les garçons sont la norme, les filles la variation; les garçons sont centraux quand les filles sont à la périphérie; les garçons sont des individus alors que les filles sont des stéréotypes. Les garçons définissent le groupe, son histoire et ses valeurs. Les filles existent seulement dans leur relation aux garçons», explique Katha Pollitt.
Le test de Bechdel
La dessinatrice Alison Bechdel a également mis en évidence ce sexisme et cette sous-représentation dans les oeuvres de fiction dans sa bande dessinée «Lesbiennes à suivre» parue en 1985. Dans une des bulles, l'un des personnages féminin indique ne pas regarder des films s'ils ne respectent pas trois critères.
Ce test de Bechdel repose sur trois questions à se poser pour déterminer si un contenu correspond au syndrome de la Schtroumpfette: Deux femmes ou deux personnages féminins sont-elles nommées dans ladite oeuvre? Parlent-elles ensemble à un moment donné? Leur conversation évoque-t-elle un autre sujet que l'un des personnages masculins? Si ces trois questions sont positives, alors l'oeuvre en question n'est pas considérée comme sexiste.
Le site bechdeltest.com permet de recenser les films selon ces trois critères. A ce jour, 9802 films ont été soumis à ce test: 11% ont échoué aux trois questions tandis que 57% l'ont réussi.
Si désormais les studios de cinéma font de plus en plus attention à la représentation des femmes à l'écran, comme dans le dernier «Black Panther: Wakanda Forever» ou encore «The 355», des films comme «Blonde», le biopic sur Marilyn Monroe incarnée par Ana de Armas sorti sur Netflix en 2022, ou encore «Elvis», primé par le Golden Globes 2023 du meilleur acteur dans un film dramatique pour Austin Butler, ont tous deux échoué au test.