Propos sur l'HolocausteUne grosse bourde coûte cher à Whoopi Goldberg
ATS
2.2.2022 - 11:40
L'actrice américaine Whoopi Goldberg a été suspendue mardi pour deux semaines de l'émission qu'elle co-présente sur la chaîne américaine ABC, après avoir affirmé la veille que l'Holocauste n'était «pas une question de race».
Keystone-SDA
02.02.2022, 11:40
ATS
Elle a présenté des excuses lundi pour cette déclaration faite alors qu'elle cherchait à défendre le roman graphique sur la Shoah «Maus», récemment banni du programme scolaire par les autorités d'un comté du Sud des Etats-Unis. Mais Kim Godwin, présidente d'ABC, a estimé que ce n'était pas suffisant et a décidé de suspendre l'animatrice de la célèbre émission de talk-show «The View».
«Avec effet immédiat, je suspends Whoopi Goldberg pour deux semaines après ses commentaires mal avisés et préjudiciables», a indiqué Mme Godwin dans un communiqué publié sur un compte Twitter de la chaîne.
«Même si Whoopi s'est excusée, je lui ai demandé de prendre le temps de réfléchir et de tirer les enseignements de l'impact de ses commentaires», a-t-elle ajouté, soulignant que «toute l'organisation de ABC News est solidaire de nos collègues, amis, familles et communautés juifs».
Propos maladroits
Lors de l'émission quotidienne, la comédienne âgée de 66 ans a déploré que des classiques comme «Maus» (1986), dans lequel le dessinateur Art Spiegelman raconte les souvenirs bouleversants de son père rescapé de la Shoah, ou «Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur» d'Harper Lee, soient bannis d'écoles américaines.
Puis elle a ajouté que l'Holocauste n'était «pas une question de race, c'est une question d'inhumanité des hommes envers les hommes», des propos qui ont immédiatement surpris ses interlocutrices en plateau. «J'aurais dû dire que c'était lié aux deux», s'est excusée sur Twitter l'actrice oscarisée en 1991 pour son rôle dans «Ghost», considérée comme une pionnière de la percée des acteurs noirs sur la scène américaine.
«Comme l'a dit Jonathan Greenblatt de l'Anti-Defamation League (ADL, qui combat l'antisémitisme et le racisme, NDLR), l'Holocauste a été la destruction systématique par les nazis du peuple juif, qu'ils considéraient comme une race inférieure», a-t-elle ajouté. «Les juifs du monde entier ont toujours eu mon soutien et cela ne changera jamais».
«Sincères excuses»
«Je suis désolée que mes mots aient causé cette souffrance», a conclu, en présentant ses «sincères excuses», celle qui a récemment pris position contre les restrictions à l'avortement, les discriminations envers les homosexuels ou pour la distribution de vaccins anti-Covid aux pays pauvres.
Le Musée de l'Holocauste à Washington a souligné sur Twitter que «le racisme était central dans l'idéologie nazie» et que «les juifs n'étaient pas seulement définis par leur religion, mais en termes de race», sans se référer directement aux commentaires de la comédienne.
Whoopi Goldberg a fait sa déclaration lors d'une discussion à propos de la décision d'une école du comté de McMinn, dans le Tennessee qui, jugeant son contenu «vulgaire et inapproprié pour des collégiens de 13 ans, a voté le 10 janvier pour retirer «Maus» du programme en attendant de trouver un autre livre sur l'Holocauste.
On en discute?
Récompensé par un prix Pulitzer en 1992 --une première pour une bande dessinée-- «Maus» a été traduit dans plus de vingt langues. L'auteure et survivante de l'Holocauste Lucy Lipiner a proposé de discuter la question avec Whoopi Goldberg durant son émission.
«J'ai beau avoir 88 ans, j'ai l'énergie pour venir dans votre émission et parler à @WhoopiGoldberg et toutes les filles à propos de l'Holocauste», a tweeté Mme Lipner. «Je pense que nous pouvons avoir une conversation pertinente ensemble et guérir les blessures».
Whoopi Goldberg a fait d'autres déclarations controversées par le passé, en prenant la défense du comédien Bill Cosby (condamné ensuite à de la prison ferme) accusé d'agression sexuelle par des dizaines de femmes avant de se rétracter ou en minimisant les accusations de viol à l'encontre du réalisateur Roman Polanski, qui avait plaidé coupable en 1977 aux Etats-Unis de détournement de mineure.