«Ah, le petit vin blanc»! Les jeunes boivent moins d'alcool et cela s'entend dans les chansons

Relax

6.11.2023 - 15:26

Thème de prédilection dans les chansons à texte du répertoire musical français ou dans les succès internationaux l'alcool est de moins en moins évoquée dans la musique. Selon une étude, les références à l'ivresse, et plus largement à l'alcool, seraient moins présentes dans la pop britannique ces dernières années. L'une des raisons principales? Les jeunes ne seraient plus intéressés par l'alcool.

L'image moins cool de la consommation d'alcool est aussi soutenue par le répertoire musical de ces dernières années, analyse une étude britannique
L'image moins cool de la consommation d'alcool est aussi soutenue par le répertoire musical de ces dernières années, analyse une étude britannique
blackCAT / Getty Images

«Ah, le petit vin blanc»! Si elle est la première occurrence musicale faisant référence à l'alcool à laquelle on pense, la fameuse valse musette chantée par Lina Margy est loin d'être la seule. Tout au long du XXe siècle, les artistes ont chanté le plaisir provoqué par la molécule qu'elle soit dans le vin, la bière ou d'autres breuvages au titrage plus fort. Dans le répertoire de Jacques Brel par exemple, c'est un thème récurrent, et pas seulement en ce qui concerne les fameux marins du port d'"Amsterdam». Dans sa chanson «A jeun», la légende belge raconte non seulement les conséquences d'une prise d'alcool mais aussi sa façon dont la boisson accompagne un quotidien meurtri. De la même façon, Graeme Allwright a chanté les ravages de l'alcoolisme dans le célèbre titre «Sacrée bouteille» tout comme la thématique fut aussi abordée par Serge Gainsbourg. Et ce n'est pas un sujet de prédilection seulement pour les artistes français et européens.

L'alcool constitue un élément majeur dans l'inspiration lyrique des divers courants du rock'n 'roll. Kurt Cobain et Nirvana ne l'ont pas simplement chanté, ils ont asséné l'idée que la boisson constituait un élément incontournable de la vie, comme dans «Beans», jusqu'à l'obsession parfois avec la chanson «alcohol». De leurs côtés, les Guns N'Roses ont rendu hommage à leur vin préféré dans «Nightrain» tandis que les rockeurs australiens d'AC/DC invitaient à partager un verre dans «Have a drink on me».

De la même manière que la cigarette fut considérée comme un accessoire «cool» au sortir de la seconde guerre mondiale, l'alcool a longtemps arboré une image semblable dans nombre de répertoires musicaux. Sauf qu'on aurait atteint un tournant culturel quand on décrypte les plus grands succès de la scène pop britannique depuis 2012. C'est tout le travail mené dans une étude de la marque Dash Water et révélée par le portail professionnel Foodnavigator.

En analysant les paroles des dix plus grands succès chaque année de 2012 à 2022 dans les charts britanniques, on remarque que les références à l'ivresse, sinon à la beuverie, ont chuté de 79% depuis 2017. Rien qu'entre 2021 et 2022, l'étude évoque un recul de 40%. Le phénomène est récent puisqu'en 2017 cette analyse a repéré que la moitié des titres retenus pour cette étude faisait un lien avec l'alcool. D'après ce décryptage, il y aurait un rapport avec la moindre propension de la jeune génération à consommer de l'alcool. Au Royaume-Uni, un jeune âgé de moins de 25 ans sur cinq dit en effet ne pas consommer d'alcool selon une étude Drinkaware. En France aussi, on observe ce phénomène. La première prise d'alcool est réalisée de plus en plus tardivement. Dans son dernier rapport, l'Observatoire des drogues et des tendances addictives indique que seuls 4,4% des jeunes âgés de 17 ans en 2002 n'avaient jamais bu un verre, contre 14,4% en 2017. Dans une publication datant de 2008, Santé Publique France démontrait déjà une baisse globale de la fréquence de consommation d'alcool chez les jeunes. En 2005, on estimait que seuls 12% d'entre eux avaient une consommation régulière d'alcool, contre 15% en 2003. Cependant, on ne peut pas dire que l'alcool soit devenu totalement has been dans la mesure où les épisodes d'ivresse constituent toujours de malheureuses situations existant notamment chez les jeunes buveurs réguliers, d'après le dernier rapport de l'OFDT.

Dans ce contexte, un nouveau linéaire de boissons ne contenant pas, sinon très peu d'alcool, structure une nouvelle offre qui soutient avec beaucoup de dynamisme ce phénomène sociétal, supprimant à l'ivresse cette image «cool». Nous avions décrypté cette tendance baptisée «nolo» – signifiant pas et «peu» d'alcool dans la langue anglaise, dans l'un de nos épisodes du podcast «Trendz».

Si les jeunes, la fameuse génération Z, sont en première ligne, la modification d'habitudes en matière de consommation d'alcool est plus large. Dans une étude parue en septembre dernier, le panéliste NielseniQ indiquait que les boissons sans alcool séduisaient de plus en plus les Français au point que 52% comptaient diminuer leur consommation au cours des douze prochains mois. A l'heure de l'apéro, les mocktails (41%) – la version sans alcool des cocktails – constituent le choix préféré avant la bière (34%). Une nouvelle préférence à saisir dans un contexte où la consommation de vin en France est passée de 120 litres par an à moins 40 litres en l'espace de 60 ans.