«Thriller» L'album d'une révolution pop lancée il y a 40 ans

ats

16.11.2022 - 13:03

Un duo avec Paul McCartney, la guitare hard-rock d'Eddie Van Halen...: l'album «Thriller» de Michael Jackson, disque le plus vendu de tous les temps, a sculpté il y a 40 ans une pop hybride devenue la norme depuis.

Répétition photo pour "Thriller - Live" sur la vie et l'oeuvre du roi de la pop Michael Jackson le mercredi 9 décembre 2009 au Theater 11 à Zurich. Le spectacle dure jusqu'au 20 décembre 2009. (KEYSTONE/Steffen Schmidt)
Répétition photo pour "Thriller - Live" sur la vie et l'oeuvre du roi de la pop Michael Jackson le mercredi 9 décembre 2009 au Theater 11 à Zurich. Le spectacle dure jusqu'au 20 décembre 2009. (KEYSTONE/Steffen Schmidt)
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16.11.2022 - 13:03

Ecoulé à «plus de 100 millions» d'exemplaires selon la maison de disques Sony et les légataires de l'artiste disparu en 2009, «Thriller» sort le 30 novembre 1982.

Et consacre Michael Jackson comme le «King of pop». L'image de la mégastar n'est plus la même quarante ans après, sauf pour ses fans.

Un documentaire récent, contesté par ses héritiers, a relancé les accusations de pédocriminalité, démenties de son vivant par le chanteur, qui n'a jamais été condamné pour de tels faits.

«Thriller» n'en demeure pas moins un marqueur de l'histoire musicale. «Dawn FM», album de la machine à tubes The Weeknd, sorti début 2022, s'en inspire clairement. «Michael est quelqu'un que j'admire. Ce n'est pas une personne réelle, vous voyez? Quand j'ai commencé la musique, c'est à ça que j'aspirais», confie d'ailleurs le Canadien à la revue GQ.

Le côté mille-feuilles sonore de «Thriller» doit beaucoup à l'association entre Michael Jackson et Quincy Jones, producteur de légende recruté sur son précédent disque ("Off The Wall», 1979).

Enceintes en feu

Le chanteur appelle initialement Quincy Jones pour son carnet d'adresses afin de trouver un producteur. Mais «Q», comme le surnomme Frank Sinatra, se propose.

«Quincy, dont ne voulait pas la maison de disques pour 'Off The Wall', qui voit d'un mauvais oeil ce producteur venu du jazz, cette musique 'qui ne vend pas une cacahuète' comme on dit à l'époque dans l'industrie musicale», raconte à l'AFP le Français Olivier Cachin, auteur des livres «Michael Jackson, Pop Life» et «Michael Jackson, métamorphoses musicales».

La collaboration entre Jones et Jackson, tous deux co-producteurs de «Thriller», fera pourtant des étincelles. Au propre comme au figuré.

Pour le titre «Beat It», «on a travaillé cinq jours et nuits d'affilée sans dormir. À tel point, qu'à un moment, les enceintes du studio ont surchauffé et pris feu», se souvient Jones dans le magazine Rolling Stone.

Sur ce morceau, il y a le guitariste de Toto, Steve Lukather, écrasé par le solo d'Eddie Van Halen. On trouve donc une pincée de hard-rock sur «Thriller», mais aussi Paul McCartney en duo pour la bluette «The Girl Is Mine».

On entend aussi une rythmique rap sur «Wanna Be Startin' Somethin'». Sans parler du sample – sans autorisation – sur ce même morceau de «Soul Makossa». Son créateur, le saxophoniste Manu Dibango, figure de l'afro-jazz, intentera une série de procès pour plagiat, soldée par un arrangement financier.

Morts-vivants

Le disque – 9 titres à l'origine, l'album anniversaire «Thriller 40» qui sort ce vendredi s'enrichit d'inédits – se prolonge par des clips en 1983.

Mais la nouvelle chaîne musicale MTV, qui programme du rock joué par des artistes blancs, refuse de diffuser celui de «Billie Jean».

Le patron du label de Jackson, Walter Yetnikoff, «menace alors MTV de les dénoncer publiquement comme des gros racistes et de leur bloquer l'accès aux clips des artistes de rock de son catalogue», rappelle Olivier Cachin. La bataille est gagnée.

Yetnikoff se braque ensuite quand Jackson propose pour fin 1983 un clip de près de 14 minutes pour le morceau «Thriller», réalisé par John Landis, le réalisateur des «Blues Brothers», dont il aime le film «Le loup-garou de Londres».

«Yetnikoff ne voit pas pourquoi dépenser près d'un million de dollars – du jamais-vu pour un clip – alors que l'album est déjà N°1 (des charts), mais Michael a une vision, est têtu», rembobine le journaliste Olivier Cachin.

Le mini-film est présenté en avant-première dans un cinéma de Los Angeles devant un parterre de stars. On y voit Jackson se transformer en loup-garou dans un prologue de 4 minutes avant que la chanson ne commence. Puis des morts-vivants sortent de leurs tombes, sur une voix-off de Vincent Price, acteur culte du cinéma d'épouvante des années 1950-60. «Thriller» vient d'accoucher d'une autre révolution entre musique pop et film horrifique.

ats