Coronavirus Coronavirus: l'Italie confinée «a casa», l'OMS parle de «pandémie»

ATS

10.3.2020

Giuseppe Conte, président du conseil a annoncé hier soir: «Tutta l'Italia è zona protetta» («toute l'Italie est confinée»)
Giuseppe Conte, président du conseil a annoncé hier soir: «Tutta l'Italia è zona protetta» («toute l'Italie est confinée»)

KEYSTONE/EPA/ANGELO CARCONI

A Rome ou Naples, des supermarchés de nuit ont été pris d'assaut par des Italiens apeurés par un décret gouvernemental, ont constaté des médias italiens. Le texte ordonne aux 60 millions d'habitants de rester chez eux afin de lutter contre le coronavirus.

Des employés sont préposés à l'entrée des supermarchés pour réguler les entrées des consommateurs, qui font sagement la queue dehors avec des chariots, selon des images. Pommes de terres, biscottes, lait, sucre, farine, mais aussi savons et désinfectants, partent en premier des rayonnages, comme en temps de guerre, souligne un vendeur interrogé par l'agence de presse Ansa.

«Tutti a casa» (tous à la maison), «tout ferme": les titres de la presse italienne résumaient ainsi mardi le nouveau décret signé par le chef du gouvernement Giuseppe Conte, qui étend à toute l'Italie les mesures drastiques confinant depuis dimanche un quart de la population dans le nord du pays.

«Je vais signer un décret que l'on peut résumer ainsi: 'Je reste chez moi'. Il n'y aura plus de 'zone rouge dans la péninsule' (...) L'Italie toute entière deviendra une zone protégée», a-t-il affirmé sur un ton grave lors d'un point presse au siège du gouvernement à Rome. Tous les Italiens devront "éviter les déplacements" sauf pour aller travailler, pour se ravitailler ou encore pour des soins médicaux. Les rassemblements sont également prohibés.

Toute l'Europe touchée

Une note explicative du gouvernement, rappelant lundi soir que les supermarchés resteront ouverts et seront «régulièrement» approvisionnés, recommande à la population de ne pas «s'affoler pour acheter des denrées alimentaires ou des biens de première nécessité, qui pourront être achetés dans les prochains jours».

L'Italie, pays membre du G7, devient ainsi le premier pays dans le monde à généraliser des mesures aussi draconiennes pour tenter d'enrayer la progression du coronavirus. La Chine a certes confiné elle aussi plus de 50 millions de personnes à leur domicile, mais aucun pays n'a pris de telles mesures à l'échelle de tout son territoire depuis le début de l'épidémie en décembre.

L'Italie est le deuxième pays le plus touché après la Chine, d'où est partie l'épidémie, avec plus de 9000 cas dont 463 morts. Au niveau mondial, le nombre de décès dus au nouveau coronavirus a dépassé dans la nuit de lundi à mardi la barre de 4000 avec 17 nouveaux morts rapportés par la Chine, selon un comptage de l'AFP. Par ailleurs, plus de 113'000 personnes ont été contaminées dans plus de 101 pays et territoires.

Toute l'Union européenne est désormais touchée, avec l'annonce lundi de deux premiers cas à Chypre. La Mongolie a aussi enregistré son premier cas, ont annoncé mardi les autorités. Le patient, un ressortissant français travaillant dans le pays asiatique, n'aurait pas respecté la quarantaine obligatoire de 14 jours à son arrivée sur le territoire, selon le ministère mongol de la Santé.

Vers une pandémie

Après un lundi noir sur les Bourses mondiales, les grandes Bourses asiatiques limitaient les dégâts mardi en matinée, soulagées par un rebond des prix du pétrole après leur krach de la veille et par l'espoir de mesures budgétaires des Etats pour soutenir leurs économies, qui vacillent à cause du coronavirus.

Si l'Organisation mondiale de la santé a estimé que la Chine (plus de 80'700 cas) était «en train de maîtriser l'épidémie», elle a parallèlement averti lundi que «la menace d'une pandémie» à l'échelle de la planète était «devenue très réelle«. L'OMS, qui appelle à des «actions rapides et décisives», a néanmoins ajouté que «ce serait la première pandémie de l'histoire qui pourrait être contrôlée».

Le FMI a appelé à "une réponse internationale coordonnée". Les dirigeants européens discutent mardi pour coordonner leurs actions, et la Banque centrale européenne pourrait déployer jeudi un éventail de mesures de soutien dans la zone euro. Car si la Chine semble sortir de l'ornière, les autres pays ont vu leurs bilans humains gonfler et multiplient les mesures pour tenter d'endiguer la contagion. La Corée du Sud, troisième pays le plus touché, a quant à elle vu les chiffres décroître. Le total est à 7513 dont 54 décès après la mort de trois personnes lundi.

Quarantaines imposées ou volontaires

La quarantaine a été imposée à tous les voyageurs arrivant en Israël et, en Egypte, un bateau de croisière avec 171 passagers dont 101 touristes étrangers a été évacué à Louxor (sud) après la découverte de 45 porteurs du virus à son bord. Les autorités tunisiennes ont pour leur part décidé de suspendre toutes les liaisons maritimes avec l'Italie.

La France et la Roumanie ont interdit dimanche les rassemblements de plus de 1000 personnes. L'Allemagne pourrait prendre une mesure identique. En Slovénie, le plafond est de 100 personnes. L'Irlande a annulé les parades prévues à Dublin et à Cork pour la Saint-Patrick le 17 mars. Tout comme Boston.

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