Edwin E. Aldrin Jr. sur la Lune, le 20 janvier 1969
50 ans de la mission Apollo 11
L'équipage d'Apollo 11, le 30 mars 1969 ( de g. à d.): Neil A. Armstrong, Michael Collins, Edwin E. «Buzz» Aldrin
En 1969, deux Américains foulent l'imaginaire lunaire
Edwin E. Aldrin Jr. sur la Lune, le 20 janvier 1969
50 ans de la mission Apollo 11
L'équipage d'Apollo 11, le 30 mars 1969 ( de g. à d.): Neil A. Armstrong, Michael Collins, Edwin E. «Buzz» Aldrin
En se posant sur la Lune en 1969, les Américains Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont foulé du pied un astre qui alimentait les fantasmes de l'Homme depuis des siècles. Et ouvert de nouveaux horizons aux artistes, écrivains, cinéastes...
«Un imaginaire lunaire très puissant a parcouru les siècles, jusqu'à ce que le rêve devienne réalité», résume pour l'AFP l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet.
Littérature, poésie, cinéma... De l'Antiquité jusqu'aux années 1940, notre satellite a fait l'objet d'expéditions imaginaires souvent plus fantasmagoriques les unes que les autres.
On y allait porté par une vague lors d'une tempête dans «L'histoire véritable» de Lucien de Samosate dès le IIe siècle, à l'aide de la rosée dans «L'Histoire comique des États et Empires de la Lune» de Cyrano de Bergerac (le vrai) en 1657 ou encore en bateau volant dans «Les aventures du baron de Münchhausen», en 1785.
On y trouvait des démons dans «Le songe» de l'astronome allemand Johannes Kepler (1634), des champignons géants dans le poétique film de Méliès «Le Voyage dans la Lune» en 1901 et des Sélénites (nom des habitants supposés de notre satellite) chez H. G. Wells («Les Premiers Hommes dans la Lune»).
Mais tout a une fin: la science-fiction, qui avait aussi su se montrer rationnelle et prémonitoire – avec Jules Verne qui utilise la propulsion dès 1865 dans «De la Terre à la Lune» ou les fusées de Fritz Lang dans «Une femme dans la lune» en 1929 et d'Hergé dans «Objectif Lune» en 1950 – est rattrapée par le réel.
«A partir des années 1930/1940, les progrès en aérospatial se précisent, le voyage vers la Lune devient vraisemblable et l'imaginaire lunaire s'estompe», explique Natacha Vas-Deyres, enseignante en Lettres à l'Université Bordeaux-Montaigne.
D'autant plus qu'«on s'est rendu compte que la Lune était un astre absolument mort, qu'il n'y avait pas grand-chose à y faire sauf, bien sûr, des avancées scientifiques», explique Jean-Pierre Andrevon, auteur de SF.
Alors on veut aller plus loin et Mars prend la vedette ! Ce sont les «Chroniques martiennes» de l'Américain Ray Bradbury dès les années 1940, «Life on Mars?» le futur tube de David Bowie, écrit à la fin des années 1960, la Trilogie sur Mars de Kim Stanley Robinson dans les années 1990, «Seul sur Mars» de Ridley Scott (2015)...
- 1969, entrée dans la pop culture -
«On repousse, au fil de l'exploration, ces lieux où l'on place des choses extraordinaires», explique l'astrophysicien Roland Lehoucq, président du festival international de science-fiction Les Utopiales.
Le 20 juillet 1969, un grand pas pour l'Humanité mais la fin l'imaginaire lunaire ?
Pas totalement: «Après 1969, la Lune devient un objet de la pop culture, de mangas, de séries télévisuelles...«, explique Natacha Vas-Deyres citant notamment «Cosmos 99» (de 1975 à 1977), «une vrai série qui a marqué l'imaginaire de la science fiction».
«Et l'aventure continue» avec Goldorak (de 1975 à 1977), «le plus puissant des robots» et le premier manga animé. La Lune devient un camp militaire extra-terrestre à détruire.
Si on ne rêve plus de voyages lunaires, l'astre n'en reste pas moins un terrain fertile pour certains auteurs. «On s'est mis à fantasmer une Lune remplie d'hommes vivant sous des dômes, dans des bases pressurisées, etc ... l'exemple que tout le monde a en tête, c'est la partie lunaire de «2001, l'odyssée de l'espace» (1968), de Stanley Kubrick», rappelle Jean-Pierre Andrevon.
D'autres rêvent la face cachée de la Lune, comme Pink Floyd avec «The Dark Side Of The Moon» (1973), l'album le plus vendu du groupe.
La Lune offre aussi la possibilité d'immaginer l'avenir: l'astre explose suite à des expérimentations militaires chez Georges-Jean Arnaud dans «La compagnie des glaces» (de 1980 à 2005), invite à réfléchir sur le clonage et l'AI dans le très bon «The Moon» de Duncan Jones ou sur le colonialisme avec «Révolte sur la Lune» de Robert A. Heinlein.
«Dans la science-fiction, quoi que l'on fasse et où que l'on aille, même dans la plus lointaine des galaxies, c'est toujours les problèmes terrestres que l'on met en avant: la différence, la lutte pour le pouvoir, la guerre, la colonisation ...«, avance Jean-Pierre Andrevon.
Des thèmes auxquels s'ajoutent l'emballement climatique et la fin de la civilisation «depuis que nous avons pris connaissance de manière sérieuse de ce qui nous attendait», ajoute l'écrivain.
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