L'OIT est inquiète des indications de violences au travail pour les personnes confinées mais aussi dans des branches en première ligne. Elle a appelé mardi à Genève à mieux valoriser les soignants et à garantir des lieux de travail «sûrs» au moment du déconfinement.
Si la criminalité baisse, «il y a une grande inquiétude» sur les indications d'une augmentation de la violence domestique dans différents pays, a dit à la presse une experte de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les questions de santé, Christiane Wiskow. «Cela a un impact pour ceux qui sont contraints de travailler chez eux» mais le plus important est de «protéger» les personnes affectées.
Mais cette situation n'est pas limitée au télé-travail. Plusieurs employés de branches en première ligne sont exposés à de la discrimination et du harcèlement, relève le responsable de l'unité du tertiaire au sein de l'OIT, Oliver Liang.
Des travailleurs de la distribution alimentaire doivent maintenir l'ordre dans certains établissements. Des policiers et des gardiens de prison font face au «double risque» d'être infectés dans des sites où le virus se répand rapidement et à des défis sécuritaires liés au confinement, dit M. Liang. De même, le personnel de santé, «sous une énorme pression», est parfois confronté à du harcèlement et de la discrimination parce qu'il est considéré comme possible porteur du virus.
Les membres de l'OIT ont approuvé en juin dernier une nouvelle Convention contre la violence et le harcèlement au travail. Celle-ci mentionne la violence domestique comme une menace pour le monde du travail.
Tous ces travaileurs en première ligne, de la santé à l'éducation en passant par oeuvrent dans des branches où «ils n'ont pas toujours des conditions de travail décentes», a fait remarquer la directrice de la politique sectorielle à l'OIT Alette van Leur. «Nous devons investir» à améliorer la situation de ces personnes, notamment dans la protection sociale, a-t-elle ajouté en lançant un appel à tous les acteurs.
Dialogue entre gouvernements et partenaires sociaux
Plus largement, alors que des entreprises vont rouvrir leurs portes à leurs employés au moment du déconfinement, Mme van Leur appelle à leur garantir des conditions de travail «sûres». De nombreux gouvernements et partenaires sociaux oeuvrent ensemble, se réjouit-elle.
Il y a quelques semaines, le directeur général de l'OIT Guy Ryder avait mentionné «la plus grave crise depuis la Seconde Guerre mondiale» pour l'emploi. Jusqu'à 1,25 milliard de travailleurs employés dans les secteurs identifiés comme courant un risque élevé de hausse «drastique et dévastatrice» de licenciements et de réduction des salaires et d'heures travaillées.
Parmi les plus affectés, le tourisme fera l'objet d'une réunion spéciale du G20 vendredi, affirme une responsable de l'OIT. Au total, la pandémie devrait éliminer 6,7% des heures de travail dans le monde sur trois mois, soit 195 millions d'équivalents temps plein (pour une semaine de travail de 48 heures), selon l'organisation.
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