La Bibliothèque nationale suisse n'a pas pu fêter comme prévu son 125e anniversaire le 2 mai, coronavirus oblige. Mais comme les autres bibliothèques en Suisse, elle a d'autres préoccupation en tête à quelques jours de sa réouverture lundi.
L'ouverture de la BN sera progressive et partielle, explique la directrice de la BN, la Fribourgeoise Marie-Christine Doffey à Keystone-ATS. Sur place, le prêt sera disponible de 11 à 14h, mais les salles publiques, de lecture et d'exposition resteront fermées jusqu’à nouvel avis.
Les prestations à distance restent possible toute la journée. Pendant la pandémie, les usagers ont pu continuer à accéder à toutes les ressources électroniques disponibles.
Comme une caverne d’Ali Baba, la Bibliothèque nationale suisse rassemble depuis 1895 tous les documents, publiés en Suisse ou qui touchent à la Suisse. On compte dans ses rayons des livres, des périodiques, mais également des documents sonores, des photos, des cartes postales, des affiches.
Faire coexister l’analogique et le numérique est une préoccupation quotidienne pour la Fribourgeoise. Les collections analogiques perdureront encore longtemps, surtout dans certains domaines comme les sciences humaines et sociales, selon elle. En parallèle les collections né-numériques et numérisées augmentent constamment et posent des défis en termes d’acquisitions, de traitement et de conservation à long terme.
Déménagement en 2023
Elle a aussi sur les bras la rénovation et la transformation de la BN à Berne, qui implique une délocalisation complète sur un autre site à Berne, et ce dès 2023 le temps des travaux estimé à quelques années. «Ce sont deux projets à mener en parallèle», précise-t-elle: monter une bibliothèque pour quelques années et lancer le projet de transformation du bâtiment de 1931.
Dans son antre, la BN compte près de 7 millions de documents. Chaque jour, entre 100 et 200 colis arrivent à la BN. Par année, c’est l’équivalent de 60'000 nouveaux documents, qui enrichissent ses collections.
La BN n'est pourtant pas une très grande bibliothèque nationale. Sa voisine française compte par exemple près de 2500 employés face aux 190 (147 équivalents plein temps) à Berne et sur les autres sites: «nous restons modestes à l’image de la Suisse.»
Aucune censure, ni sélection
Aucune censure, ni sélection n'est faite sur les documents transmis. Tout ce qui entre reste dans les collections, qui sont inaliénables. Au côté des ouvrages scientifiques, «les recettes Betty Bossy font ainsi aussi partie de nos collections comme les traductions de Heidi dans plus de 30 langues», précise la patronne de la BN.
Les manuscrits des auteurs des quatre régions linguistiques se trouvent elles aux Archives littéraires suisses. Au Centre Dürrenmatt à Neuchâtel, on peut voir aussi des tableaux de l'écrivain, moins connus du grand public.
La BN ne dispose pas d’un dépôt légal, c'est-à-dire d'une loi qui oblige les éditeurs et les auteurs à déposer un ou plusieurs exemplaires de leurs publications chez elle, au contraire de cantons romands (FR, VD, GE et VS).
Au plan national, «nous avons une autre solution, des accords avec les associations d’éditeurs des trois régions linguistiques», explique Marie-Christine Doffey. Les exemplaires (helvetica) reçus par le biais de cet accord servent au prêt au public comme pour la conservation à long terme, puisque le rôle d’une bibliothèque nationale est de documenter la vie sociale, économique, culturelle d’un pays.
Le tube «Oscar»
Invitée par les Dicodeurs sur la RTS cette semaine pour marquer l'anniversaire de la vénérable institution, la Fribourgeoise a lâché une anecdote. Pour la petite histoire, la BN a utilisé «Oscar» jusqu’en 1990, un tube pneumatique, large d’une cinquantaine de centimètres. Celui-ci reliait le magasin du 4e sous-sol des Archives fédérales, qui sont voisines de la BN d’une centaine de mètres.
Comme la BN n’avait pas suffisamment d’espace pour entreposer toutes ses collections, ce tube pneumatique permettait de faire passer les livres, demandés au service du prêt, depuis les Archives jusqu’à la bibliothèque. Ce mécanisme était très bruyant.
Chaque fois qu’un livre arrivait au service du prêt, cela faisait un grand «boum». «Oscar» est probablement le petit nom donné à ce système en l’honneur du directeur des Archives fédérales de l’époque, Oscar Gauye, a expliqué un auditeur après l'émission
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