Il y a 75 ans, le 1er avril 1944, une escadrille de l'armée américaine, désorientée, larguait par erreur des bombes sur la ville de Schaffhouse. Bilan: plus de 40 morts, 270 blessés, près de 500 sans-abris et la disparition de 1000 emplois.
La première personne à franchir les portes de l'hôpital a été un garçon dont la jambe avait été arrachée. Le jeune ne s'est presque pas plaint, a raconté plus tard, avec étonnement, le médecin de garde. Il se faisait seulement du souci, car il allait louper la rentrée des classes et il se réjouissait de commencer la première année.
Une seule ambulance était disponible, mais étant donné que la cible principale des bombardements – la gare – se trouvait juste à côté de l'hôpital, les victimes ont pu y être transportées facilement. Un privé a, lui, embarqué dans sa petite Topolino – la Fiat 500 de l'époque – les victimes qui se trouvaient dans des lieux plus reculés.
On ne peut pas se représenter l'horreur provoquée par un tel bombardement, a déclaré plus tard le commandant de la Protection aérienne. Certaines personnes ont eu la tête arrachée et seule leur colonne vertébrale dépassait du col, a-t-il ajouté.
Ciel bleu et brise légère
Pourtant, le samedi avait bien commencé. Le ciel était bleu et une légère brise soufflait quand l'alerte aérienne a retenti à 10h39. A cause de la proximité avec la frontière, l'alarme sonnait en moyenne deux fois par semaine. Beaucoup de personnes ne descendaient plus dans les abris de protection, mais restaient dehors pour «compter les avions». Il régnait une atmosphère insouciante, écrivait alors la NZZ.
Les bombardiers volant en formation étaient «beaux à voir», a témoigné Nelly Russenberger, une couturière qui a observé le spectacle depuis les fenêtres de son atelier. La première escadrille a largué des bombes au-dessus d'une forêt toute proche. La deuxième est restée inactive et la troisième a largué près de 400 bombes sur Schaffhouse durant 40 secondes, à 10h58.
Usines chimiques allemandes visées
Les trois escadrilles faisaient partie d'une division de 1000 avions. Elles étaient parties du sud de l'Angleterre et avaient pour cibles les usines chimiques d'IG Farben, à Ludwigshafen (D). Mais la plupart avaient déjà changé de cap sur la Manche à cause d'une mauvaise visibilité, du vent qui faisait dériver les appareils et du radar qui faisait des siennes.
Les escadrilles qui ont atteint le sud de l'Allemagne ont cherché en vain Ludwigshafen et ont largué des bombes lors du vol de retour. Elles ont bombardé une dernière cible possible «avec un résultat modeste», a transmis par radio un bombardier américain durant le vol retour pour l'Angleterre.
Les victimes de ce «résultat modeste» ont été enterrées le 4 avril 1944 en présence de dignitaires militaires, politiques et d'intellectuels de toute la Suisse. Les conseillers fédéraux Karl Kobelt et Ernst Nobs ont assisté aux funérailles.
Le lendemain de la catastrophe, le général américain Carl Spaatz s'est excusé auprès des autorités de la ville. Deux jours plus tard, le président Franklin D. Roosevelt écrit au maire de Schaffhouse, Walther Bringolf. Il y exprime ses regrets pour «cet accident tragique ayant causé la perte de vies innocentes et de trésors culturels irremplaçables».
De l'argent américain qui se fait attendre
Les Etats-Unis avaient promis de verser la somme de 44 millions de francs à Schaffhouse pour les réparations. Une première tranche de 17 millions a été rapidement versée. Le reste de la somme s'est fait attendre jusqu'en 1949, car l'affaire était controversée au Congrès américain.
Certains élus déploraient le fait que la Suisse était épargnée pour la deuxième fois par une guerre, n'ayant pas eu à verser son sang, et qu'en plus elle exigeait une indemnisation. Washington a finalement débloqué entre 52 et 62 millions de francs, selon les sources.
Nouveaux bombardements
Les excuses n'ont pas mis fin aux bombardements pour longtemps. Le 22 février 1945, un ambassadeur de M. Roosevelt a déposé une gerbe sur les tombes des victimes de Schaffhouse. Le même jour, dix-huit personnes sont mortes sous de nouvelles bombes américaines lâchées sur les localités de Stein am Rhein (SH), Rafz (ZH) et Vals (GR). Le 4 mars, neuf bombardiers américains ont pris pour cible la gare marchande de Bâle.
En mars 1945, une rencontre entre le Conseil fédéral et le général Spaatz a finalement conduit à davantage d'attention de la part de l'armée de l'air américaine: les pilotes ne devaient larguer des bombes que s'ils étaient certains de survoler le territoire allemand.
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