Syndicat 15 ans d'UNIA: succès et défis futurs

ATS

6.10.2019 - 08:54

Plusieurs syndicats ont fusionné il y a 15 ans, pour devenir UNIA (archives).
Plusieurs syndicats ont fusionné il y a 15 ans, pour devenir UNIA (archives).
Source: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Présence croissante dans les services, conventions collectives de travail (CCT), nombre de membres stable: né il y a 15 ans de la fusion de plusieurs syndicats, UNIA se porte plutôt bien. L'organisation revendique des succès mais plusieurs défis l'attendent encore.

En octobre 2004, le Syndicat industrie et bâtiment (SIB), le Syndicat de l'industrie, de la construction et des services (FTMH) et la Fédération suisse des travailleurs du commerce, des transports et de l'alimentation (FCTA) acceptaient de former une seule entité. Unia et Actions Unia (Genève) – actifs dans le secteur des services – rejoignaient aussi le nouveau syndicat UNIA.

L'organisation, qui couvre les secteurs de l'industrie, de la construction, des services et des arts et métiers, rassemblait alors quelque 200'000 membres au 1er janvier 2005. Ce nombre est resté stable. «Par rapport à la plupart des syndicats européens, nous avons connu une évolution positive», affirme Serge Gnos, chef de la communication d'UNIA.

Le syndicat se félicite d'avoir amélioré des CCT et d'en avoir conclu de nouvelles, par exemple dans le domaine du placement du personnel ou des stations-service. Environ 1,3 million d'employés voient leurs salaires et leurs conditions de travail protégés par des CCT, selon des chiffres d'UNIA.

Sur le plan politique, le syndicat se félicite aussi de résultats satisfaisants. «Nous avons empêché ou du moins ralenti la réduction des prestations de vieillesse et obtenu d'importantes améliorations en matière de protection salariale et de contrôle du marché du travail», détaille M. Gnos.

Les défis de la numérisation

Toutefois, «la moitié des employés n'a toujours pas de protection en vertu des conventions collectives», déplore le porte-parole. Il mentionne les secteurs du commerce de détail et des soins infirmiers.

UNIA souhaite aussi voir des améliorations se concrétiser en matière d'égalité salariale et de restructuration éco-sociale de l'économie. Dans ce cadre, la Grève des femmes en juin et les manifestations pour le climat «donnent des espoirs» au syndicat.

En outre, la numérisation du monde du travail constitue un des challenges qui attend UNIA. «Pour les employés, cette transition signifie souvent plus de pression et plus de surveillance, que ce soit sur le chantier, au bureau ou à la caisse automatique», note Serge Gnos. UNIA souligne qu'il devra apporter des réponses syndicales à ce nouveau défi.

Le syndicat évoque aussi les modèles économiques qui résultent de cette digitalisation, comme Uber. «Cette entreprise mondiale de taxis prétend que ses chauffeurs ne sont pas des employés mais des travailleurs indépendants, poursuit le syndicaliste. Avant d'organiser la protection de ces salariés, nous devons nous battre pour qu'ils soient reconnus comme tels».

Mesures d'accompagnement

Une autre situation préoccupe UNIA actuellement: les négociations d'un accord-cadre entre la Suisse et l'Union européenne. Le syndicat se dit favorable à la libre-circulation des personnes et à l'égalité de traitement de tous les travailleurs, «quelle que soit leur origine».

Mais il y a une ligne rouge à ne pas franchir, selon UNIA. «Sans mesures d'accompagnement, nous ne pouvons pas contrôler les salaires et les conditions de travail, argumente M. Gnos. Cela ouvrirait la porte à du dumping salarial». Le syndicat demande la négociation d'un nouvel accord-cadre, «qui ne compromette pas la protection des salaires».

Recherche de solutions sociales

Même si quelques controverses l'ont touché ces dernières années, comme des cas de burn-outs ou de harcèlement, UNIA reste confiant. «Dans une organisation d'environ 1200 employés, les conflits sont inévitables, se justifie M. Gnos. Il s'agit de cas individuels et nous recherchons toujours des solutions sociales».

Pour atteindre ses objectifs, UNIA recherche des solutions aussi avec les milieux du patronat. «C'est un bon partenaire social», réagit Fredy Greuter, responsable communication de l'Union patronale suisse (UPS). Il évoque toutefois quelques tensions, qui ont par le passé mené à des relations compliquées entre les deux partenaires. Mais il assure que «maintenant, le climat s'est amélioré».

Quant au futur, UNIA souhaite réunir plus de membres dans toutes les branches de l'économie privée et en particulier dans le secteur des services. En imaginant le syndicat dans 15 ans, sa présidente Vania Alleva assure que «nous devrons avoir achevé la transition écologique». Pour elle, cette transformation ne réussira que «si nous la façonnons socialement».

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