Kronenbourg Kronenbourg : le salarié aux 177 contrats courts débouté

ATS

1.2.2022 - 16:35

Un ancien salarié de la brasserie Kronenbourg d'Obernai (Bas-Rhin), qui avait cumulé 177 contrats courts en près de 30 ans et dénonçait devant les prud'hommes une discrimination à l'embauche en raison de ses origines maghrébines, a été débouté mardi, a-t-on appris auprès de la juridiction et de son avocate.

Kronenbourg a expliqué avoir recours à de l'intérim en raison de son activité saisonnière (photo symbolique).
Kronenbourg a expliqué avoir recours à de l'intérim en raison de son activité saisonnière (photo symbolique).
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Keystone-SDA

Le demandeur, 62 ans, «a été débouté de l'ensemble de ses demandes», a indiqué le conseil des prud'hommes de Saverne, sans autre commentaire. Il avait à son actif 161 missions d'intérim et 16 CDD.

Les conseillers ont estimé que «je n'apportais aucune preuve» de la discrimination à l'embauche, a précisé Me Nicole Radius, l'avocate de ce sexagénaire, père de quatre enfants dont le cas avait été largement médiatisé, notamment dans des articles de Rue89 et du quotidien Le Monde.

La juridiction a également estimé que, dans la mesure où la brasserie «Kronenbourg a une activité saisonnière, elle a le droit de recourir à des CDD et à des intérims comme bon lui semble», a ajouté l'avocate, annonçant qu'elle allait faire appel. Sollicitée, Kronenbourg n'avait pas réagi dans l'immédiat.

Consonance maghrébine

Selon l'avocate, le refus de l'embaucher en CDI relevait d'une discrimination à l'embauche car, sur les plus de 270 ouvriers embauchés en CDI entre 2012 et 2019, «aucun n'avait un nom à consonance maghrébine».

Me Radius réclamait 200'000 euros de dommages et intérêts, dont 53'000 pour licenciement abusif et 39.800 pour discrimination à l'embauche.

Selon elle, en 2013, le demandeur avait demandé à être embauché en CDI mais avait essuyé un refus de la part de Kronenbourg. En 2019, l'avocate avait demandé la requalification en CDI des contrats courts de son client, de nouveau en vain. La brasserie avait ensuite cessé de lui donner des contrats, selon l'avocate.

Désormais retraité après deux ans de chômage, le plaignant, qui «a fait profil bas pendant 30 ans», touche une pension très inférieure à celle à laquelle il pourrait prétendre s'il avait été en CDI, a souligné Me Radius, selon laquelle son client a également essuyé durant sa carrière à la brasserie des propos «à la limite du racisme» de la part de certains collègues.