Transport 6000 agressions sexuelles signalées à Uber

ATS

6.12.2019 - 06:36

Uber révèle jeudi que 5981 agressions sexuelles ont été rapportées par des utilisateurs ou des conducteurs de son service, ainsi que des tiers, sur le territoire américain en 2017 et 2018. Ce chiffre comprend des attouchements, des tentatives d'agression et des viols (archives).
Uber révèle jeudi que 5981 agressions sexuelles ont été rapportées par des utilisateurs ou des conducteurs de son service, ainsi que des tiers, sur le territoire américain en 2017 et 2018. Ce chiffre comprend des attouchements, des tentatives d'agression et des viols (archives).
Source: KEYSTONE/AP/MARK LENNIHAN

Après des années à refuser de chiffrer le problème, Uber a révélé avoir enregistré près de 6000 agressions sexuelles aux Etats-Unis en deux ans. Dans ce domaine, les services de réservation de voitures avec chauffeur sont accusés d'inefficacité et de mauvaise volonté.

Le géant du secteur a publié jeudi un rapport détaillé sur la sécurité, qui révèle que 5981 agressions sexuelles ont été rapportées par des utilisateurs ou des conducteurs de son service, ainsi que des tiers, sur le territoire américain en 2017 et 2018. Ce chiffre comprend des attouchements, des tentatives d'agression et des viols. Le même rapport dénombre 19 homicides sur la même période.

«Ces incidents ont été signalés sur 0,00002% des courses. Bien que rares, ces signalements représentent tous un individu qui a partagé une expérience très douloureuse. Même un seul signalement serait un signalement de trop», déplore Uber.

Mise en perspective des chiffres

«Cette année, il y a eu chaque jour près de 4 millions de trajets sur Uber aux Etats-Unis», remarque Tony West, le directeur juridique du groupe. «La plateforme reflète le monde dans lequel nous opérons, avec ses bons et ses mauvais aspects».

Ce rapport, le premier du genre, s'attache à mettre en perspective les incidents – en mentionnant l'importance des risques de violences sexuelles – et insiste sur les efforts entrepris pour lutter contre ces menaces. Pas sûr que cela suffise à rassurer les utilisateurs, qui appellent souvent une voiture justement pour se déplacer en sécurité.

En France, les témoignages de femmes agressées lors de trajets en VTC se multiplient depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, sous la bannière «#UberCestOver» (Uber c'est fini).

Chez Lyft aussi

La tourmente n'épargne pas Lyft, le rival d'Uber aux Etats-Unis, qui avait pourtant cherché à se positionner comme un acteur plus responsable. Depuis septembre, 34 femmes ont porté plainte à San Francisco contre Lyft pour des agressions sexuelles commises dans les véhicules de chauffeurs affiliés à la société californienne.

Caroline Miller, l'une des plaignantes, s'est endormie à l'arrière d'une voiture après avoir fêté son anniversaire. «Quand je me suis réveillée, il était en train de me violer», a raconté la jeune femme lors d'une conférence de presse mercredi.

Le chauffeur en question a été arrêté, mais Lyft «ne m'a pas présenté d'excuses, ils ne m'ont pas appelée ou écrit», a-t-elle précisé. «Ils ont juste offert de lui rembourser sa course», a ajouté sombrement Michael Bomberger, l'avocat des 34 femmes.

Sécurité renforcée

Lyft avait capitalisé en 2017 sur la campagne #DeleteUber, menée par des consommateurs qui voulaient inciter à supprimer l'application, après des révélations sur la culture d'entreprise sexiste et violente qui régnait alors chez le leader des VTC.

Depuis cette année noire, et après plusieurs cas rapportés de violences sexuelles, Uber a rompu avec la stratégie d'étouffement des affaires. En mai 2018, la société a cessé d'obliger ses clients, employés ou chauffeurs victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle à passer par une procédure de médiation, beaucoup plus discrète qu'une procédure judiciaire.

Côté sécurité, Uber, comme Lyft, ont rendu plus difficile l'usurpation d'identité par des conducteurs, renforcé les contrôles pour détecter des criminels déjà condamnés et ajouté dans leurs applications un bouton permettant de signaler un problème pendant le trajet.

«Une blague»

«Ce bouton, c'est une blague», réagit Michael Bomberger pour l'AFP. «Qui peut se servir de son smartphone pendant une agression ? C'est juste du marketing».

En cas de signalement, «ils devraient être bannis de la plateforme. Cela semble évident et pourtant ce n'est pas le cas», continue l'avocat, qui prône l'enregistrement systématique des courses pour que les chauffeurs se sentent surveillés, une meilleure coopération avec les autorités et des vérifications plus minutieuses du passé des conducteurs.

«Lyft ne prend pas au sérieux la sécurité de ses passagers. (...) La plateforme est conçue sur mesure pour des prédateurs sexuels», a-t-il assené pendant la conférence de presse. «Nous savons que leurs mesures ne fonctionnent pas, parce que huit des agressions dont nous parlons aujourd'hui ont eu lieu après leur mise en place», a-t-il remarqué.

«Personne ne devrait avoir à subir ce que ces femmes décrivent», a déclaré une porte-parole de Lyft mercredi. «Les femmes font face à des risques disproportionnés. Nous le savons, et c'est pour cela que nous travaillons sans relâche à inscrire la sécurité dans tout ce que nous entreprenons».

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