Etats-UnisUn «accord de principe» trouvé pour éviter un défaut de paiement
ATS
28.5.2023 - 03:06
A quelques jours de l'échéance, le président américain Joe Biden et le leader républicain Kevin McCarthy ont trouvé samedi un «accord de principe» pour éviter un défaut de paiement des Etats-Unis. L'accord devra toutefois encore être validé par le Congrès.
28.05.2023, 03:06
28.05.2023, 08:46
ATS
La Chambre des représentants, à majorité républicaine, votera mercredi, a indiqué son patron. Viendra ensuite le Sénat, à majorité démocrate.
Kevin McCarthy a estimé dans une courte allocution que le compromis budgétaire trouvé, dont il n'a pas livré le détail, était «tout à fait digne du peuple américain». Le dirigeant conservateur s'est seulement félicité des «réductions historiques» de la dépense publique que l'accord prévoit selon lui, ce qui était la revendication principale des républicains.
«Cet accord est un compromis, ce qui veut dire que chacun n'obtient pas tout ce qu'il veut», a réagi pour sa part Joe Biden, assurant que le texte «réduit les dépenses tout en protégeant des programmes publics essentiels». Le président démocrate a estimé que l'accord avec les conservateurs était «une bonne nouvelle, parce qu'il évite ce qui aurait été un défaut (de paiement) catastrophique».
Kevin McCarthy a indiqué qu'il s'entretiendrait à nouveau dimanche avec Joe Biden, et publierait le même jour le texte, résultat de difficiles négociations. Selon plusieurs médias américains, l'accord trouvé entre l'exécutif et l'opposition relève pendant deux ans, après l'élection présidentielle de 2024, le plafond d'endettement public des Etats-Unis.
Sans relèvement de cette limite, la première puissance mondiale risquait de se trouver en défaut de paiement le 5 juin, incapable d'honorer ses engagements financiers, qu'il s'agisse de salaires, de retraites ou de remboursements à leurs créanciers.
«Chèque en blanc»
Comme toutes les grandes économies ou presque, les Etats-Unis vivent à crédit. Mais contrairement aux autres pays développés, l'Amérique bute régulièrement sur une contrainte juridique: le plafond de la dette, le montant maximal d'endettement des Etats-Unis, qui doit être formellement relevé par le Congrès.
De cette procédure législative de routine, les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants depuis janvier, ont fait un instrument de pression politique. Refusant de faire un prétendu «chèque en blanc» au président démocrate, ils ont conditionné tout relèvement de ce plafond, actuellement fixé à 31'400 milliards de dollars, à des coupes budgétaires.
Et placé en Kevin McCarthy, qui se pose en défenseur intransigeant de la rigueur budgétaire, la responsabilité de négocier avec le président octogénaire. Joe Biden, candidat à sa réélection, a longtemps refusé de venir à la table des négociations, accusant l'opposition de prendre l'économie américaine en «otage» en exigeant de telles coupes.
Négociations interminables
Après plusieurs réunions à la Maison Blanche entre les deux hommes, les équipes du président et du «speaker» républicain se sont finalement attelées à des séances de négociations interminables – toutes abondamment commentées par le tout Washington.
L'accord de principe trouvé samedi soir donne un peu d'air aux marchés américains, qui n'ont jamais réellement paniqué mais que cette paralysie commençait à impatienter. L'agence de notation Fitch avait placé jeudi «sous surveillance» la note AAA des Etats-Unis, estimant que l'échec à trouver un accord «constituerait un signe négatif en matière de gouvernance».
L'économie mondiale, déjà en proie à une «forte incertitude», aurait pu «se passer» de ces tractations tendues, avait aussi critiqué la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva.
Retour en urgence à Washington
Reste que ce compromis doit désormais être validé par le Sénat, contrôlé de justesse par les démocrates, et par la Chambre des représentants, sur laquelle les conservateurs ont une fragile majorité.
Le calendrier parlementaire est contraint: nombre d'élus sont retournés chez eux aux quatre coins des Etats-Unis pour une pause de plusieurs jours, à l'occasion du week-end prolongé du «Memorial Day». Ils ont pour consigne d'être prêts à rentrer à Washington en urgence.
Par ailleurs, certains progressistes au sein du parti démocrate, tout comme des élus du parti républicain, ont menacé de ne pas ratifier, ou de retarder au maximum un texte qui ferait trop de concessions au camp adverse. Il est de fait très courant que des compromis de dernière minute soient conclus sur ce type de dossier.
Un élu républicain à la Chambre des représentants, Bob Good, a dès samedi estimé qu'au vu de ce qu'il savait du compromis, «aucun élu se réclamant du camp conservateur ne pourrait justifier un vote positif».