Sanctions contre la Russie L'UE s'accorde sur un embargo pétrolier avec des exemptions

ATS

2.6.2022 - 23:40

L'UE a approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou incluant un embargo pétrolier avec des exemptions mais renoncé à inscrire sur la liste noire le chef de l'Eglise orthodoxe russe, à l'issue de négociations difficiles sous la pression de la Hongrie.

L'UE a approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou.
L'UE a approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou.
KEYSTONE

Keystone-SDA

Le texte, approuvé jeudi par les ambassadeurs des Vingt-Sept, doit encore recevoir l'accord écrit de chaque Etat membre en vue de sa publication vendredi au Journal officiel pour permettre l'entrée en vigueur des mesures, selon la présidence française du Conseil de l'UE.

La Commission européenne avait proposé d'inscrire sur la liste des personnes sanctionnées par un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE le patriarche Kirill pour son soutien à l'offensive russe mais la Hongrie s'y est opposée.

«Liberté religieuse»

«Nous avons réussi a obtenir le retrait de la liste du patriarche Kirill. C'était une question de principe pour nous en raison de notre attachement à la liberté religieuse», a commenté le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, sur Facebook.

Budapest avait également bloqué un embargo total sur les importations de pétrole russe. La Hongrie, un pays dépourvu d'accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation de pétrole de celui acheminé par l'oléoduc Droujba.

Les sanctions de l'UE doivent être prises à l'unanimité.

Pétrole

Au cours d'un sommet lundi à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 ont fini par trouver un accord devant aboutir à réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici à la fin de l'année afin de tarir le financement de la guerre livrée par Moscou à l'Ukraine.

L'accord prévoit un arrêt progressif des importations de pétrole russe transporté par bateau, soit les 2/3 des achats européens. Afin de lever le veto de la Hongrie qui exigeait des garanties pour sa sécurité énergétique, une exemption provisoire a été prévue pour le pétrole acheminé par Droujba, ce qui concerne, outre ce pays, la Slovaquie et la République tchèque.

L'Allemagne et la Pologne s'étant engagées de leur côté à cesser leurs importations par cet oléoduc d'ici à fin 2022, au total ce sont 90% des exportations de pétrole russe vers l'UE qui devraient être arrêtées d'ici à la fin de l'année.

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen s'est félicitée de ce nouvel accord sur «des sanctions fortes contre Poutine et le Kremlin», dans un tweet.

En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi d'allonger la liste noire de l'UE en y ajoutant une soixantaine de personnalités, dont de nombreux militaires russes soupçonnés de «crimes de guerre» à Boutcha, des membres de la famille du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mais aussi l'ancienne gymnaste russe Alina Kabaeva. Certains médias et opposants prêtent en effet à celle-ci une relation depuis des années avec Vladimir Poutine, ce qu'avait démenti le président russe en 2008.

Y figure en outre l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, le principal établissement bancaire en Russie, ainsi que d'une banque bélarusse. Sept banques russes avaient déjà été bannies de ce système par les Européens.

Trois chaînes de télévision russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seront interdites de diffusion dans l'UE.

Les sanctions européennes, prises depuis 2014 après l'annexion de la Crimée, concernent déjà 1091 personnes et 80 entités.

Le vice-Premier ministre russe chargé de l'Energie Alexandre Novak a averti jeudi que les consommateurs européens seraient les premiers à «souffrir» de l'embargo pétrolier. «Je n'exclus pas qu'il y ait un grand manque de produits pétroliers dans l'UE», a-t-il ajouté.

En 2021, la facture des importations européennes de pétrole russe (80 milliards d'euros) a été quatre fois plus élevée que celle des achats de gaz à la Russie.