Aéronautique Airbus relance un projet industriel à Toulouse

afp

12.5.2021 - 14:20

Disant percevoir une «reprise du marché», Airbus a annoncé mercredi qu'il relançait son projet de moderniser une de ses lignes d'assemblage à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, pour y construire des A321, un soulagement pour les élus locaux et syndicats.

Airbus va relancer son projet de moderniser une de ses lignes d'assemblage à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, afin de pouvoir y construire des A321 (archives).
Airbus va relancer son projet de moderniser une de ses lignes d'assemblage à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, afin de pouvoir y construire des A321 (archives).
ATS

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Annoncé en janvier 2020, le projet avait été mis en pause quelques mois plus tard sous l'effet de la pandémie de Covid-19. En provoquant l'effondrement du trafic aérien, la crise a conduit l'avionneur européen à réduire de 40% ses cadences de production d'avions.

«Ce projet est aujourd'hui relancé à la faveur d'une reprise du marché qui se dessine et d'un retour potentiel aux cadences de production d'avant-crise, prévu entre 2023 et 2025 pour les avions monocouloirs», explique l'avionneur dans un communiqué.

Airbus produit actuellement 40 avions de la famille A320 (A319, A320 et A321) par mois, alors qu'il s'apprêtait à passer à 63 mensuels avant-crise. Il compte en produire 43 par mois au troisième trimestre et 45 au quatrième.

Cette ligne d'assemblage final (FAL), «modernisée et numérisée», en remplacera une qui ne pouvait construire que des A320.

Or l'A321, avec 2963 appareils en commande fin avril, représente dorénavant près de la moitié du carnet de commandes pour les monocouloirs de l'avionneur.

L'appareil n'est à l'heure actuelle assemblé qu'à Hambourg (Allemagne) et Mobile (Etats-Unis).

«Cette flexibilité accrue pour la production de l'A321 soutiendra également l'entrée en service de l'A321 XLR depuis Hambourg à partir de 2023», explique Airbus.

Cette nouvelle version à «très long rayon d'action» permettra d'assurer à partir de 2023 avec un monocouloir des liaisons qui jusqu'ici ne pouvaient l'être que par des gros porteurs long-courriers. Il rencontre un franc succès commercial avec plus de 450 exemplaires vendus depuis son lancement mi-2019 et sera donc aussi construit à Toulouse.

Filière durement touchée

La nouvelle ligne, où pourront être assemblés A320 et A321, devrait être opérationnelle «fin 2022» et sera installée dans l'ancien site Lagardère où la construction du dernier A380 s'est achevée en mars.

Le groupe dispose de huit lignes d'assemblage pour les avions de la famille A320: deux à Toulouse, quatre à Hambourg, une à Mobile et une à Tianjin (Chine).

Alors que la crise du Covid-19 a provoqué une onde de choc dans la région toulousaine, épicentre de l'industrie aérospatiale française, l'annonce de mercredi a été accueillie avec soulagement par les élus locaux.

«La mobilisation des collectivités locales a payé. C'est une excellente nouvelle pour l'ensemble de la filière, notamment pour les sous-traitants lourdement impactés par la crise économique», a réagi la présidente (PS) de la région Occitanie, Carole Delga, dans une déclaration à l'AFP, estimant que «cette annonce redonne des perspectives pour la reprise et pour l'emploi dans notre territoire.»

«C'est une belle satisfaction», s'est réjoui le député LREM de Haute-Garonne Mickaël Nogal, rappelant «la mobilisation de tous les acteurs locaux et du gouvernement depuis juillet 2020».

Pour la CFE-CGC, c'est «le signe qu'après avoir traversé un gros orage, le ciel commence enfin à se dégager».

Airbus, violemment secoué comme tout le secteur aérien et aéronautique par la pandémie, a annoncé fin avril avoir gagné de l'argent pour un deuxième trimestre consécutif, tout en restant prudent sur les perspectives du marché face à une crise qui n'est «pas terminée». Il prévoit en 2021 de livrer autant d'avions que l'an passé (566).

Le groupe a commencé à réaliser des économies liées aux réductions d'effectifs de 15'000 postes, dont près de 3.400 à Toulouse, annoncées l'an passé et qui ne prévoient pas de licenciements en France, Allemagne ou Espagne, ses principaux pays d'implantation.

La filière aéronautique en Haute-Garonne, où siègent Airbus et de nombreux sous-traitants, a perdu près de 10% de ses effectifs salariés et 33% de son chiffre d'affaires en 2020, conséquence directe de la pandémie mondiale, avaient indiqué en mars la CCI et la Banque de France.

Et en 2020 l'aéronautique française a représenté 8% du nombre de ruptures de contrats envisagées dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), soit 6000 ruptures, selon une étude publiée mardi par la Dares (service de statistiques du ministère du Travail).