La déconnexion, manuelle, aura lieu à 12h30 lorsque des collaborateurs appuieront simultanément sur deux boutons (archives).
La Suisse a déjà fermé des sites nucléaire, mais jamais encore des centrales de la taille de Mühleberg (archives).
Les éléments combustibles nucléaires seront retirés en 2024 (archives).
Arrêt définitif de la centrale de Mühleberg
La déconnexion, manuelle, aura lieu à 12h30 lorsque des collaborateurs appuieront simultanément sur deux boutons (archives).
La Suisse a déjà fermé des sites nucléaire, mais jamais encore des centrales de la taille de Mühleberg (archives).
Les éléments combustibles nucléaires seront retirés en 2024 (archives).
Une page du nucléaire va se tourner en Suisse. Dans une semaine, le 20 décembre à 12h30, la centrale nucléaire de Mühleberg (BE) sera définitivement mise à l'arrêt après 47 ans de service. Cette opération de cette ampleur est une première en Suisse.
Le compte à rebours en vue de cet événement, qui suscite un vif intérêt médiatique, se déroule comme prévu. Il s'agit d'un travail de pionnier pour les autorités, le monde scientifique et le groupe énergétique bernois BKW, propriétaire de cette installation des bords de l'Aar.
La Suisse a déjà fermé des sites nucléaires. Mais il s'agissait d'installations beaucoup plus petites que Mühleberg comme la centrale expérimentale de Lucens (VD) ou les réacteurs de recherche de l'Institut Paul Scherrer et de l'Université de Genève. Le réacteur d'essai de Lucens avait été intégralement démonté après un accident nucléaire en 1969.
A Mühleberg, la réduction de la puissance débutera le 20 décembre à partir de 01h00. La déconnexion, manuelle, aura lieu à 12h30 lorsque des collaborateurs appuieront sur deux boutons. Cet événement sera retransmis en direct depuis la salle des commandes par la chaîne de télévision SRF.
Le conseil d'administration du groupe énergétique avait annoncé il y a six ans la fermeture de la centrale de Mühleberg pour 2019. Cette décision avait été prise malgré l'octroi quelques mois plus tôt d'une autorisation d'exploitation illimitée délivrée par la Confédération.
Raisons entrepreneuriales
L'exploitant bernois jugeait trop élevé le coût des investissements nécessaires pour répondre aux exigences de l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) pour continuer d'exploiter Mühleberg. Des raisons politiques avaient aussi, dans une moindre mesure, joué un rôle. A la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011, la Suisse avait décidé de sortir progressivement du nucléaire.
En 2018, le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) donnait son feu vert à la désaffectation de la centrale. La planification du démantèlement de l'une des plus vieilles centrales nucléaires au monde pouvait ainsi commencer.
Durant ses 47 ans d'exploitation, la centrale nucléaire de Mühleberg (BE) a été affectée par plusieurs pannes et arrêts automatiques. Des fissures avaient aussi été découvertes dans les cuves de pression du réacteur. Ces incidents, qui n'ont pas mis la population en danger, ont suscité l'inquiétude et la colère des mouvements opposés au nucléaire.
Plus de radioactivité en 2031
Les travaux de désaffectation de la centrale débuteront le 6 janvier 2020. Le démontage de gros composants individuels comme des turbines et des générateurs se déroulera jusqu'en octobre 2020. Les éléments combustibles nucléaires seront retirés en 2024. La radioactivité sera éliminée en 2031. Greenpeace rappelle toutefois qu'il n'existe aucune technologie permettant de traiter le combustible nucléaire usagé. La Nagra, société coopérative pour le stockage de déchets radioactifs, prévoit d'enfouir les déchets radioactifs dans un lieu en Suisse encore à déterminer.
Une éventuelle réaffectation du site n'est pas prévue avant 2034. Ce terrain, propriété du groupe BKW, pourrait accueillir des activités industrielles. Mais pour le moment aucune décision n'a été prise.
L'organisation de la centrale nucléaire a été renforcée à l'approche des travaux de désaffectation avec la création d'un département démantèlement et la mise en place du personnel de radioprotection. Les travaux seront en grande partie réalisés par des collaborateurs de l'entreprise, soutenus par quelques experts étrangers.
Le groupe BKW estime qu'il y a des perspectives pour les quelque 300 collaborateurs présents actuellement sur le site. Il offre des requalifications professionnelles pour la période de désaffectation et favorise les transferts de collaborateurs dans des filiales.
Importation de courant
Mühleberg représente le quart de la production d'électricité de BKW mais seulement 5% du besoin national d'électricité. Cette baisse de l'injection dans le réseau sera compensée par des importations ou une hausse de production des centrales électriques, selon Swissgrid.
Pour permettre des importations supplémentaires, la capacité des lignes à très haute tension et des transformateurs entre Bassecourt (JU) et Mühleberg devra être augmentée. Mais des recours sur le tracé devraient retarder la hausse de la tension.
A partir de l'année prochaine, la production d'électricité de BKW sera issue pour 22% du canton de Berne, pour 28% du reste de la Suisse et pour 50% de l'étranger.
Financement garanti
Les coûts du démantèlement et du stockage des déchets sont entièrement à la charge de l'entreprise. La désaffectation de la centrale coûtera 927 millions de francs. Ces dépenses seront financées par des provisions et les versements effectués par le groupe BKW dans le fonds fédéral de désaffectation.
Il faut ajouter à cela les coûts liés à la gestion des déchets qui sont estimés à 1,4 milliard de francs. Ils sont couverts par les contributions versées au fonds fédéral de gestion des déchets radioactifs.
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