Bon nombre de banques privées suisses ne sont pas assez performantes et trop tributaires des marchés financiers, observe une étude de KPMG et de la Haute Ecole de St-Gall.
L'afflux net d'argent frais a tendance à stagner, en raison d'une présence trop faible des établissements dans les zones de croissance.
«La plupart des banques privées n'ont pas suffisamment amélioré leur modèle d'affaires et d'exploitation ou n'ont pas adapté leur stratégie de façon optimale», selon l'étude publiée jeudi, portant sur 2018. «Le volume des fortunes sous gestion n'a de loin pas suffisamment augmenté. Un tiers des banques privées suisses affichent des performances faibles.»
La présence trop faible sur les marchés en croissance rend difficile l'attrait de nouveaux clients. Conséquence, la part de marché des banques privées helvétiques au plan mondial est en recul, résume l'étude, qui a passé au crible 87 établissements actifs en Suisse. «Le bilan est très décevant», concluent les auteurs.
Les banques suisses n'ont, ainsi, pas tiré profit de l'amélioration du niveau de vie au plan global, puisque l'afflux d'argent frais a stagné. Seuls quelques établissements ont pu tirer leur épingle du jeu, avec des afflux nets de plus de 5% de façon constante sur plusieurs années.
La croissance médiane des apports d'argent frais n'a pas dépassé 0,2% pour les instituts étudiés en 2018. Les banques, pendant longtemps, ont justifié leur faible croissance par les nouvelles contraintes en matière de conformité, de réglementation ou de transparence. «Mais aujourd'hui, elles voient la réalité en face», assène l'étude, en concédant que le contexte de marché général en 2018 a été difficile.
Vieillissement
Les stratégies adoptées, très souvent, n'ont pas généré la rentabilité et les volumes d'affaires attendus. Seuls 39% des banques privées suisses ont pu augmenter leur marge opérationnelle l'an passé. La rentabilité des fonds propres a reculé pour plus de la moitié d'entre elles, avec un rendement médian de 4,1%, bien en dessous des 8 à 10% visés.
Dans l'ensemble, pour plusieurs paramètres considérés, les grands établissements s'en sont mieux sortis que les petits, nuance l'étude.
La consolidation se poursuit, par ailleurs. Sur les 18 derniers mois, le nombre d'établissements privés s'est réduit de huit unités, à 101. Depuis 2010, 62 banques privées ont disparu du paysage (-38%). Et les auteurs de l'étude s'attendent «à une nouvelle vague de consolidation».
Ils notent par ailleurs une tendance au vieillissement des membres des conseils d'administration: entre 2012 et 2018, la moyenne d'âge est passée de 59 ans à 62 ans, tandis que celle des membres de la direction s'élevait de 51 à 52 ans.
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