BMPSLa plus vieille banque du monde devra trancher le sort du PDG
afp
7.2.2022 - 10:51
L'histoire tumultueuse de la banque italienne Monte dei Paschi di Siena (BMPS), la plus vieille de la planète, devrait connaître lundi un nouvel épisode tendu, avec la convocation d'un conseil d'administration qui devra trancher le sort de son PDG.
afp
07.02.2022, 10:51
07.02.2022, 11:07
ATS
Après plusieurs jours de spéculations sur le limogeage imminent de Guido Bastianini, 63 ans, la banque a confirmé mercredi qu'un «audit» sur la gouvernance de son patron avait été rajouté à l'ordre du jour de la réunion, à l'origine consacrée à l'approbation des comptes.
Selon la presse italienne, M. Bastianini, nommé en avril 2020, est poussé vers la sortie par l'Etat, principal actionnaire de la BMPS depuis son sauvetage public en 2017 et qui a réclamé un changement à la tête de la banque siennoise.
Le ministère de l'Economie souhaiterait ainsi donner «un signal de discontinuité» en vue du nouveau plan de relance de la banque qu'il est en train de négocier avec la Commission européenne.
Plusieurs personnalités du monde politique italien sont intervenues publiquement en faveur de M. Bastianini, alors que la presse cite Luigi Lovaglio, 66 ans, ancien PDG de la banque Creval, comme favori pour sa succession.
«La politique ne peut pas remettre en question un PDG qui a obtenu les meilleurs résultats de ces dernières années», a ainsi asséné le dirigeant de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini.
Les négociations avec Bruxelles avaient repris début décembre et portent sur la recapitalisation de la banque, de nouvelles réductions des coûts et une extension du délai accordé à l'Etat pour se désengager de la BMPS, qui a expiré à la fin de l'an dernier.
La banque a pris du retard sur son plan de restructuration négocié en 2017 avec la Commission européenne, notamment en termes de suppressions d'emplois et de renforcement de ses capitaux.
Du coup, la Banque centrale européenne lui a demandé début février de muscler davantage ses fonds propres.
En quête de repreneur
Autre revers, BMPS n'a toujours pas trouvé de repreneur, ce qui aurait permis à l'Etat italien de se défaire de sa part de 64,2% avant la date butoir fixée par Bruxelles.
Rome et UniCredit avaient échoué en octobre à s'accorder sur un rachat par la deuxième banque italienne d'une participation dans Monte dei Paschi. Ces discussions ont notamment buté sur le montant d'argent public exigé par UniCredit pour reprendre la BMPS.
Faute d'acheteur, la banque a soumis à Bruxelles en décembre un nouveau plan stratégique qui prévoit une augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros (2,6 milliards de francs) à réaliser en 2022.
Un plan de départs volontaires, dont l'ampleur n'a pas été chiffré, devrait permettre d'économiser environ 275 millions d'euros par an.
Guido Bastianini avait évoqué auparavant l'hypothèse de 4000 départs volontaires, soit près d'un cinquième des effectifs qui s'élevaient fin septembre à 21.297 personnes.
À en croire la presse italienne, Bruxelles aurait jugé insuffisante la réduction des coûts proposée, d'où la recherche d'un successeur.
Maillon faible
Considérée comme le maillon faible du système bancaire italien, la BMPS continue ainsi à être un casse-tête pour le gouvernement de Mario Draghi, qui a hâte de tourner la page.
Fondée en 1472 à Sienne en Toscane, dont elle est le pilier économique, la BMPS ne s'est jamais remise de l'acquisition désastreuse en 2007 de Banca Antonveneta, au double du prix estimé.
La banque a ensuite été éclaboussée par un scandale impliquant son équipe dirigeante, accusée de fraude et de malversations.
Mise à mal par la crise de la dette de la zone euro en 2008 et ployant sous une montagne de créances douteuses – des prêts risquant de ne jamais être remboursés -, la banque a accumulé de lourdes pertes.
Malgré les tentatives de redressement, la BMPS n'était pas parvenue en décembre 2016 à récolter sur les marchés les cinq milliards d'euros dont elle avait alors besoin pour se recapitaliser.
L'Etat avait dû voler à son secours avec un sauvetage public qui a coûté 5,4 milliards d'euros aux contribuables italiens.