25 ou 50 points ?Nouvelle hausse de taux en vue, mais de combien?
buc
13.12.2022 - 12:06
Si une nouvelle hausse du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) jeudi semble quasiment acquise, son ampleur ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de la communauté financière, d'autant plus que la Réserve fédérale américaine (Fed) doit encore rendre son verdict la veille.
buc
13.12.2022, 12:06
13.12.2022, 12:52
ATS
Hasard du calendrier, la Banque centrale européenne (BCE) se prononcera quant à elle quelques heures à peine avant son homologue helvétique, qui se retrouve avec une inconnue de plus à gérer. Si l'écart du relèvement attendu devait être trop important, cela pourrait se traduire par une dépréciation du franc et partant, une «importation» de l'inflation élevée qui mine le Vieux Continent.
Se référant à un sondage de Bloomberg selon lequel la plupart des économistes anticipent un relèvement de 50 points de base (pb) du taux directeur de la BNS, les analystes de Credit Suisse jugent ces expectatives «excessives» et tablent plutôt sur une hausse de 25 pb à 0,75% en décembre, suivie par une autre de même ampleur en mars, portant le taux à 1,00%.
L’inflation a atteint son apogée
Selon les experts de la banque aux deux voiles, l'inflation a atteint son apogée en Suisse en août (3,5% sur un an), et le taux de 3,4% attendu par la BNS pour le 4e trimestre 2022 ne justifie pas un resserrement rapide de la politique monétaire. En octobre, le renchérissement a ralenti à 3,0%, à la faveur principalement de la baisse des prix du pétrole et des télécoms.
Chez Pictet, on estime que la BNS n'en a pas fini avec les hausses, malgré une inflation plus faible que dans d'autres pays, et qu'elle devrait signaler qu'il est encore trop tôt pour laisser le franc s'affaiblir. Les analystes de l'établissement genevois anticipent certes un ralentissement par rapport aux 75 pb de septembre, mais pas aussi marqué que leurs confrères de Credit Suisse, à 50 pb.
Même si ce n'est pas leur scénario de base, ils signalent que la BNS pourrait se montrer plus incisive (+75 pb) selon son appréciation de la situation de la BCE – elle-même orientée par rapport à la décision de la Fed mercredi – si les craintes d'une pression inflationniste durable venaient à se concrétiser, auquel cas un renforcement du franc serait souhaitable.
Le franc comme rempart contre l'inflation
«Depuis l'année dernière déjà, la BNS tolère une certaine appréciation du franc afin de freiner l'inflation importée», signale Martin Neff, économiste en chef chez Raiffeisen Suisse, qui rappelle que la prévision d'inflation à moyen terme brossée par l'institut d'émission se situe dans la fourchette visée de 0 à 2,0%, même sans nouvelles hausses de taux.
Et de rappeler que le président de la BNS Thomas Jordan avait jugé «hautement probable» un relèvement en décembre, «une déclaration étonnamment concrète de la part d'un banquier central», relève l'expert de Raiffeisen, selon qui la hausse devrait se situer entre 50 et 100 pb, après quoi «ça pourrait déjà être terminé».
Ce n'est pas l'avis de Thomas Gitzel, de VP Bank, selon qui la BNS voudra mettre à profit sa marge de manoeuvre – le taux actuel de 0,5% étant toujours très bas – pour ne pas se laisser distancer par les autres banques centrales. Selon lui, un taux directeur de 2,0% semble «tout à fait réaliste comme objectif».
La Banque cantonale de Zurich (ZKB) s'attend également à une posture plus agressive de la part de la BNS que ce qui est communément admis aujourd'hui, soulignant le risque élevé de voir le renchérissement repartir à la hausse, sans compter celui d'une «inflation importée supplémentaire». Face à cette menace, l'institut d'émission pourrait accélérer ses achats de devises.