Le secteur helvétique du tourisme compte cette année sur le retour des touristes chinois, grands absents de 2022. La présence des Suisses, qui ont fortement séjourné dans le pays l'an dernier, devrait avoir atteint un plafond.
Cette année, Suisse Tourisme mise sur le retour des touristes en provenance de l'Empire du Milieu, sans s'avancer sur des chiffres. «Nous ne savons pas si les volumes reviendront comme avant mais nous sommes confiants», a assuré Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, lors de la conférence annuelle de l'organisation de promotion jeudi.
Selon lui, la demande progresse vers des séjours individuels et concentrés sur la Suisse comme seule destination, alors que la présence des touristes de ce pays s'est longtemps manifestée dans de grands groupes. L'an dernier, le nombre de nuitées d'hôtes chinois a fondu de 90% par rapport à 2019, alors que la population a été empêchée de quitter le territoire par la politique zéro-Covid décrétée par le régime de Pékin.
Le responsable se montre aussi positif quant aux pays du Golfe, dont la fréquentation a reculé de seulement 5% et également par rapport à l'Asie du Sud-Est (par exemple Singapour, la Thaïlande, les Philippines,...) dont le recul a été limité à 3%. A titre de comparaison, les baisses ont atteint 80% pour le Japon et 50% pour l'Inde.
Ces dix dernières années, la clientèle lointaine a pesé en moyenne pour presque 30% du chiffre d'affaires et 18% des nuitées dans le pays, a ajouté le directeur de ST. Ses pratiques sont aussi différentes, sachant qu'elle voyage en semaine, hors vacances scolaires et même si le temps n'est pas au beau fixe, à la différence des hôtes locaux. Autant de caractéristiques sur lesquelles le secteur peut compter pour étaler la fréquentation.
Les Français plus nombreux
L'an dernier, l'hôtellerie helvétique a enregistré 38 millions de nuitées, contre 39,6 millions en 2019, soit avant la pandémie de coronavirus. Ainsi, seules les années 2018 et 2019 ont enregistré davantage de voyageurs dans le pays. Les Suisses ont totalisé plus de 21 millions de nuitées, soit une augmentation de 17,5% par rapport à trois ans auparavant. Ce chiffre est toutefois «quasi stable» par rapport à 2021, a reconnu Marc Gindraux, chef de la division Territoire et environnement de l'Office fédéral de la statistique (OFS), soulignant qu'» n certain plafond a été atteint».
En Europe, la France s'est démarquée avec 1,3 million de nuitées générées, soit une hausse de 2,8% par rapport à 2019. En revanche, l'Allemagne, premier fournisseur de visiteurs, a décru de 8%, tout comme l'Italie. Les Britanniques se sont moins déplacés (-17%), préoccupés par la crise économique et l'inflation.
Les établissements des grandes villes, désertés pendant la pandémie, ont gagné 5 millions de nuitées. Leur nombre a doublé à Genève, bondi de 90% à Zurich ou encore de 60% à Bâle. «Les villes ont retrouvé des couleurs même si cela reste inférieur à l'avant-Covid», a relevé M. Gindraux.
Les régions de montagne ont aussi été plébiscitées (+ 15%). Toutes les régions ont connu une hausse, sauf le Tessin, qui avait déjà enregistré des résultats forts en 2021, a relativisé le représentant de l'OFS.
Celui-ci a aussi constaté une augmentation des prix des chambres de 6% l'an dernier, portée par l'inflation, comme la hausse des coûts de l'alimentation, de l'énergie mais aussi des salaires dans un secteur qui peine à recruter. «En 2021, les prix étaient plus bas, c'est normal qu'ils remontent quand la demande remonte aussi», a complété Andreas Züllig, président de HotellerieSuisse.
Début 2023, les hôtels ont fait face à une augmentation des coûts de l'électricité, mais ce n'est pas l'énergie qui préoccupe le plus les professionnels, selon lui. «Les frais liés au personnel pèsent en général pour 50% (du chiffre d'affaires). Ils ont tendance à augmenter plus vite que le chiffre d'affaires», a-t-il assuré, afin d'attirer du personnel qualifié.