La Suisse aussi touchée Chômage partiel chez certains sous-traitants automobiles 

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20.10.2021 - 11:46

Zurich (awp) -Touchant particulièrement l'industrie automobile mondiale, le manque de composants électroniques se fait aussi sentir chez les nombreux sous-traitants suisses des constructeurs, qui ont dû réduire leur production, voire fermer des usines. Certains d'entre-eux se sont vus dans l'obligation d'introduire des mesures de chômage partiel, alors que d'autres envisagent de telles réductions de temps de travail pour leurs salariés.

20.10.2021 - 11:46

Le spécialiste seelandais du formage et du découpage Feintool a aussi dû se résoudre à l'introduction d'horaires réduits. 
Le spécialiste seelandais du formage et du découpage Feintool a aussi dû se résoudre à l'introduction d'horaires réduits. 
KEYSTONE

Dans une étude récente, la société de conseils Alix Partners estimait le manque à gagner lié à ces difficultés d'approvisionnement en puces et autres capteurs électroniques à 210 milliards de dollars (192 milliards de francs) pour l'ensemble de la branche. La production de véhicules devrait pour sa part se réduire entre neuf et onze millions d'unités, selon d'autres estimations.

En Suisse, la société st-galloise SFS, spécialisée pour l'essentiel de sa production dans la fourniture d'éléments de fixation pour la construction, a réalisé au 1er semestre 2021 près d'un quart de son chiffre d'affaires de 960 millions de francs dans le secteur automobile. «Si le manque de microprocesseurs ne nous touche pas directement, il concerne évidemment nos clients», note un porte-parole de la firme sise à Heerbrugg, interrogé par AWP.

Du fait d'une production diminuée, les clients ont réduit leurs commandes, ce qui impacte naturellement les revenus, ajoute le communicant. Dans de telles circonstance, SFS a introduit en septembre dernier des mesures de chômage partiel pour ses seuls salariés du secteur automobile.

Le spécialiste seelandais du formage et du découpage Feintool et le producteur zurichois de matériaux d'isolation thermique et acoustique Autoneum, qui comme son nom le laisse suggérer est un pur sous-traitant de l'industrie automobile, ont aussi dû se résoudre à l'introduction d'horaires réduits. «Les collaborateurs du site st-gallois de Sevelen sont au chômage partiel depuis octobre», a indiqué une porte-parole d'Autoneum.

Comme tous les clients du groupe de Winterthour ne sont pas affectés de la même manière par le manque de semi-conducteurs, Autoneum recourt, outre les réductions d'horaire de travail à d'autres mesures ciblées en limitant par exemple si nécessaire le recours au travail temporaire, en réduisant les congés et les heures supplémentaires.

Evoquant une production à flux tendus dans la branche automobile, la porte-parole de Feintool, note que les réductions de commandes de la part des clients interviennent à très brève échéance, limitant de la sorte la visibilité quant à l'évolution des prochains mois, par rapport à la première partie de l'année. L'entreprise basée à Lyss a ainsi elle aussi introduit au cours du 3e trimestre des mesures de chômage partiel dans certaines usines suisses et allemandes. «D'autre segments comme par exemple la production pour des prototypes de véhicules électriques affichent une très bonne utilisation de leurs capacités», ajoute-t-elle.

Autre fournisseur helvétique de l'industrie automobile, le schaffhousois Georg Fischer (GF) étudie pour sa part l'introduction des RHT. Dégageant un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 3,2 milliards de francs, l'entreprise a certes réduit ces dernières années sa dépendance au secteur des véhicules, ce dernier contribuant néanmoins à environ un quart des revenus. GF Casting, la division produisant des pièces en alliage métallique, notamment pour les moteurs, est en partie touchée par les difficultés de la branche.

Le porte-parole de GF note aussi une forte volatilité des commandes actuellement, tant dans l'Union européenne, qu'en Chine et aux Etats-Unis. Selon ce dernier, «il n'est pour l'heure pas possible d'apporter des informations fiables sur les effets quant à l'évolution des affaires».

En Suisse romande, Lem, a dégagé durant le dernier exercice décalé 2020/21, clos fin mars, un chiffre d'affaires dépassant les 300 millions de francs, dont 75 millions en fournissant l'industrie automobile. Dans cette dernière activités, le spécialiste genevois des capteurs de courant produit des éléments destinés notamment à la gestion des batteries, mais aussi à celle de l'électronique des moteurs.

Si le chef des finances de Lem, Andrea Borla, confirme à AWP une baisse de la production dans le secteur automobile, et donc un certain manque à gagner dans ce segment, le groupe bientôt basé à Meyrin n'envisage pas de recourir au chômage partiel. Une solution à laquelle le bernois Adval Tech songe en revanche toujours, le fabricant de composants en métal et plastique destinés entre autres aux freins, aux sièges, à la direction, aux airbags ou encore aux rétroviseurs, souffrant aussi du recul de la demande.

Quant à l'évolution attendue ces prochains mois, la plupart des interlocuteurs, à l'image d'Andrea Borla, estiment que l'heure de la détente des chaînes d'approvisionnement n'est pas encore venue. Il faudra attendre la fin de l'an prochain, voire l'année 2023, pour pouvoir observer une véritable embellie.

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