La Poste a vu son bénéfice consolidé fondre de plus d'un tiers en 2022, à 295 millions de francs. Le renchérissement, la fin des taux d'intérêt négatifs, la baisse du volume des colis et du courrier (-4% dans les deux cas) ont pesé.
Chute d'un tiers du bénéfice de La Poste en 2022
La Poste a vu son bénéfice consolidé fondre de plus d'un tiers en 2022, à 295 millions de francs. Le renchérissement, la fin des taux d'intérêt négatifs, la baisse du volume des colis et du courrier (-4% dans les deux cas) ont pesé.
09.03.2023
Vu le contexte difficile, avec notamment la guerre en Ukraine, le directeur général de La Poste Roberto Cirillo s'est dit «satisfait» du résultat jeudi à Berne: «La Poste a bien surmonté une année très exigeante. En raison du caractère volatil de la situation économique et mondiale, nous avons été fortement sollicités en 2022 tant au niveau du personnel (...) que du management», a-t-il relevé.
Tout en prévenant: «2023 s'annonce comme une des années financièrement les plus difficiles de l'histoire de La Poste.» L'entreprise, liée par son mandat sur le service de base, ne peut pas répercuter de manière opportune l'inflation sur les consommateurs.
Dans le détail, en 2022, aussi bien le résultat opérationnel (Ebit) que le bénéfice consolidé ont reculé de 157 millions sur un an, pour atteindre respectivement 358 et 295 millions de francs.
Un tiers de lettres en moins en dix ans
La Poste a pu dégager un flux de trésorerie positif qui renforce son bilan. Elle se dit prête à affronter les défis qui se posent en 2023. Des discussions portant sur des adaptations tarifaires dès 2024 auront lieu avec le Surveillant des prix.
En attendant, La Poste déplore «un tassement» du volume des colis, imputé à un climat de consommation morose qui a généré moins de commandes en ligne. Les difficultés d'approvisionnement liées au Covid ont en outre entraîné des problèmes de livraisons. Toutefois, comparé à 2019, le volume des colis est en hausse de 30%.
Pour les lettres, la tendance de fond s'est poursuivie: le courrier a diminué d'un tiers ces dix dernières années, un recul qui a continué au même rythme en 2022. Les «adaptations tarifaires» n'ont pas suffi à compenser toute la baisse.
Vents contraires pour Postfinance
Du côté de Postfinance, l'exercice a été marqué par une baisse des recettes dans les opérations porteuses d'intérêts. Affecté dans son coeur de métier par la fin des taux négatifs, le bras financier de La Poste a vu son résultat d'exploitation reculer de près de 16% à 229 millions de francs.
Les revenus se sont tassés de 3,6%, à 1,57 milliard de francs, a précisé la filiale du géant jaune, un des cinq établissements suisses présentant un risque systémique. Principale source de revenus, les opérations d'intérêts ont dégagé un résultat en repli de 45 millions. Les créances hypothécaires ont reculé de 1,1% à 6,19 milliards. Le patrimoine des clients s'est étiolé de 5,5% à 104,6 milliards.
Postfinance estime cependant que «l'horizon s'éclaircit». Le revirement des taux offre à l'établissement «le potentiel pour améliorer sa rentabilité à l'avenir».
Partenariats
RéseauPostal est resté dans le rouge, avec une perte d'exploitation de 71 millions de francs, contre -68 millions en 2021. Les opérations de guichet classiques dans les succursales de La Poste ont continué de baisser, en particulier dans le trafic des paiements (-15% sur un an). La Poste a enregistré toutefois des «gains en efficacité», en transformant ses succursales en centres de services régionaux ouverts à des partenaires. Des partenariats ont ainsi été conclus avec SwissCaution, Assura, Sympany, la Banque Migros et Cornèr Banque.
L'unité Services de mobilité (CarPostal et Post Company Cars) a réalisé un résultat positif de 27 millions de francs (+9 millions). Après la baisse liée au Covid, CarPostal a à nouveau vu sa fréquentation augmenter en 2022.
La nouvelle unité Services de communication affiche un résultat négatif (-72 millions de francs), mais en progression de 8 millions. A ce sujet, le géant jaune précise qu'il poursuit l'élargissement de son éventail de services numériques, notamment par des acquisitions.
En résumé, «l'année a été difficile», a reconnu le président du conseil d'administration Christian Levrat. Mais l'entreprise se dit optimiste: «A mi-parcours, le bilan de la stratégie mise en place pour quatre ans en janvier 2021 est positif», a ajouté l'ancien parlementaire fédéral et ex-président du PS.
Des étapes-clés ont été franchies l'an dernier, avec notamment le rapprochement des secteurs chargés du traitement des colis et des lettres, relève La Poste.
Offensive numérique
Avec sa participation dans la société Axsana, l'entreprise a pu renforcer son rôle de partenaire technologique pour le dossier électronique du patient.
La Poste déplore cependant, au chapitré des difficultés, la disponibilité limitée de terrains constructibles pour ses centres de colis.
L'entreprise employait 47'916 personnes fin 2022, contre 46'944 douze mois plus tôt. Globalement, le nombre de ses clients a reculé, de 2,576 millions à 2,461 millions.