FailliteClap de fin pour les glaces au vin «made in Valais»
vs, ats
21.8.2022 - 09:01
Les glaces au fendant, à la syrah, à la williamine ou à l'abricotine n'ont pas survécu aux coûts élevés de production, à la rude concurrence du marché et au Covid. La société valaisanne Iscream a mis la clé sous le paillasson.
Keystone-SDA, vs, ats
21.08.2022, 09:01
21.08.2022, 09:07
ATS
Le site Internet d'Iscream a quitté la toile et plus moyen de déguster des glaces valaisannes alcoolisées. «La faillite de la société a été prononcée fin juillet», a expliqué vendredi à Keystone-ATS Gaëtan Brigante, à l'origine de la création des produits avec deux autres associés.
Les trois Valaisans n'ont pas pu surmonter toutes les embûches liées à ce type de commerce. «Nous n'avions pas de compétences en agro-alimentaire, logistique ou vente notamment. Nous avions chacun un métier à côté et travaillions avec des sous-traitants. Lorsque nous parvenions enfin à régler un problème, un autre surgissait».
Gaëtan Brigante se souvient par exemple comment des lots de glaces avec «une non-conformité mineure d'étiquetage» n'ont pas pu être commercialisés». Il raconte aussi «le coup de grâce», au printemps 2022, lorsqu'une des recettes contenant trop de sucre a été déclarée non conforme lors d'un contrôle qualité: «Nous avons dû détruire quatre tonnes de glace. Une perte sèche de quelque 30'000 francs, une somme importante pour notre jeune entreprise».
De fusée à calippo
L'histoire avait pourtant bien commencé, avec d'abord une fabrication artisanale, entre carnotzet et cuisine. En 2013, les glaces au fendant séduisent lors d'un festival à Sierre, et ce même si elles ont tendance à couler sur les doigts des dégustateurs.
En 2014, les associés collaborent avec deux étudiants en Bachelor de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires à Zollikofen (BE) pour concocter une recette et une texture plus convaincantes en bouche. Le format fusée devient de type calippo et la gamme s'élargit avec des glaces à la williamine et à l'abricotine qui cartonnent sur les réseaux sociaux.
Manor joue le jeu en 2015, puis abandonne, les ventes n'étant pas au rendez-vous. Coop reste fidèle, mais les livraisons ne sont pas toujours au rendez-vous, Iscream devant faire face notamment à la défection de son producteur alémanique, «avec qui les relations n'ont jamais été simples».
Stabilisateurs exigés
Conscients qu'avec des glaces uniquement à l'alcool, ils se privent d'une grosse part du marché, les trois Valaisans créent une glace à l'abricot et une à la framboise-rhubarbe qui seront vendues par Migros Valais. «Elles seront dans le top 20 des ventes durant l'année 2016», se souvient Pierre Carroz.
Mais Iscream doit abandonner lorsque le distributeur lui demande d'ajouter des stabilisateurs pour empêcher la formation de cristaux de glace peu avenants sur les produits. «Cela impliquait une nouvelle recette, des tests et des coûts supplémentaires impossibles à assumer», explique Gaëtan Brigante.
Féroce concurrence
Avec un produit «atypique, local, d'ultra-niche, au packaging étudié, nous étions à cheval sur les modèles artisanal et industriel et nous étions un peu perdus entre deux réalités commerciales», note Pierre Carroz. La gestion de la conservation des produits et celle des stocks se révèlent «un défi très compliqué et coûteux».
Les glaces n'ont pas non plus résisté à la féroce concurrence de ce marché où rugissent des mastodontes comme Nestlé et Unilever. Elles n'ont pas résisté non plus à deux ans de pandémie et autant de manifestations annulées «qui étaient le coeur de notre commerce».
«Notre HEC à tous»
Après six produits lancés essentiellement sur le marché cantonal, la société est financièrement au bout de ses possibilités et ses marges sont très faibles. Elle ne peut plus attendre d'aide du canton, qui lui a déjà octroyé un fond d'amorçage.
Pierre Carroz est le premier à jeter l'éponge en 2019. «Nous étions convaincus par le concept et les produits que nous voulions développer, mais nous n'avions pas les reins assez solides. Avec nos économies et le fonds d'amorçage, nous disposions de 150'000 francs. Il nous en aurait fallu 1,5 million, soit dix fois plus», estime Gaëtan Brigante.
«Nous avons beaucoup appris de toute cette aventure», sourit Pierre Carroz. «Elle a été notre HEC à tous».