Corse Corse: attentats revendiqués

ATS

23.12.2019 - 18:14

Le mouvement corse FLNC a revendiqué l'attentat contre une villa de l'homme d'affaires Pierre Ferracci (image symbolique).
Le mouvement corse FLNC a revendiqué l'attentat contre une villa de l'homme d'affaires Pierre Ferracci (image symbolique).
Source: KEYSTONE/OLIVIER MAIRE

«Nous n'avons pas baissé la garde»: deux ans après avoir annoncé sa «démilitarisation», le FLNC dit «du 22 octobre» a revendiqué une attaque aux bonbonnes de gaz contre des villas de l'homme d'affaires Pierre Ferracci, dans le sud de la Corse.

Le parquet national antiterroriste s'est saisi lundi de l'enquête ouverte vendredi sur cet attentat, et menée notamment pour «association de malfaiteurs terroristes». Il s'agit de la première action violente revendiquée par cette branche du FLNC (Front de libération nationale corse) depuis mai 2016.

Il y a plus de deux ans, elle avait annoncé qu'elle s'engageait dans un «processus de démilitarisation. «Nous n'avons pas signé un blanc-seing à la France», écrit le mouvement clandestin nationaliste corse dans son communiqué de revendication de l'attentat de la fin de semaine dernière.

Le mouvement s'en était pris l'une des villas de Pierre Ferracci. Les villas auprès desquelles trois bonbonnes de gaz ont explosé, ont été édifiées dans des conditions contestées, sur un terrain familial, par cet homme, président du Paris Football Club et réputé proche du président de la République Emmanuel Macron.

Situées à l'extrémité sud de l'île, sur un site naturel protégé, elles sont au coeur d'une bataille judiciaire. L'affaire est remontée jusqu'à la Cour de cassation, qui a annulé une décision de la cour d'appel de Bastia, condamnant M. Ferracci à un million d'euros d'amende, et ordonné un nouveau procès devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

L'association de défense de l'environnement U Levante, qui avait saisi la plus haute juridiction, espère obtenir la démolition des constructions, qui n'a pas été ordonnée pour l'instant.

«Pièges»

Dans son communiqué de revendication, le FLNC du 22 octobre assure sur deux pages avoir une «volonté d'apaisement» et aspirer «à la paix» mais dénonce «l'extension exponentielle de la construction» immobilière sur l'île. «La paix que nous voulons et que nous encourageons depuis 2016 n'est pas la paix des cimetières des peuples disparus», ajoute-t-il.

«La France mise sur la disparition progressive et programmée de notre peuple. Ce jour-là n'est pas encore arrivé», conclut le groupe qui avait mis en scène il y a deux ans l'annonce de sa démilitarisation lors d'une conférence nocturne clandestine, dans le maquis.

Avant la revendication de l'attentat, Corsica Libera, le parti du leader indépendantiste et président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, avait déploré que ce type d'actes nourrisse «la stratégie de division de l'Etat» français. «Nous demandons aux Corses de ne pas tomber dans les pièges qui leur sont tendus, et dont l'unique finalité est un retour à des affrontements fratricides», écrivait le parti samedi.

Hausse des violences

Cette revendication survient alors que les relations politiques restent empoisonnées par de nombreuses divergences entre le gouvernement et les autorités nationalistes de l'île. Le climat s'y est tendu ces derniers mois, avec une multiplication d'attentats matériels. Plusieurs homicides ont également frappé l'opinion, comme celui du militant nationaliste Maxime Susini, tué en septembre à Cargèse.

Deux collectifs «antimafia» se sont constitués depuis l'été, dénonçant l'escalade de la violence et l'absence de réponse politique. Par ailleurs, le 1er octobre, un nouveau groupe se revendiquant du FLNC a annoncé se constituer, affirmant vouloir veiller «par la force si nécessaire» à l'application de mesures «pour sauver le peuple corse d'une disparition programmée».

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