Lourde perteCredit Suisse est empêtré dans deux sales affaires
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22.4.2021 - 12:08
La banque Credit Suisse se trouve empêtrée dans deux affaires – la déconfiture du fonds spéculatif américain Archegos et la faillite de la société britannique de services financiers Greensill Capital – qui ont provoqué une importante perte au premier trimestre. Voici l'état du dossier ce jeudi.
22.04.2021, 12:08
ATS
Dans l'affaire Greensill, Credit Suisse a remboursé à ce jour 4,8 milliards de dollars aux investisseurs des quatre fonds «Supply chain finance funds» sur 5,4 milliards collectés. Fin février, ces fonds totalisaient 10 milliards.
Sur la ligne de crédit de 140 millions accordée à Greensill, 50 millions ont été remboursés par les administrateurs de la société en faillite, ramenant les montants ouverts à 90 millions.
La banque a rappelé dans une présentation aux analystes qu'il était «raisonnablement possible que Credit Suisse subisse une perte dans ce dossier», dont le montant n'était pas dans l'immédiat estimable. Elle a également averti que le niveau des pertes subies par les investisseurs n'était pas connu à ce jour.
L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a ouvert une enquête ("enforcement") à l'encontre de la banque aux deux voiles concernant l'affaire Greensill.
Plainte collective?
Credit Suisse se trouve par ailleurs confrontée à une plainte, déposée devant un tribunal new-yorkais, du fonds de pension américain City of St. Clair Shores Police & Fire Retirement System dans le cadre de l'affaire de la déconfiture de Greensill et Archegos, selon l'agence Bloomberg.
Fin mars, l'entreprise financière britannique Alcimos avait indiqué envisager une procédure contre le numéro deux bancaire helvétique et chercher des investisseurs pour se joindre à une plainte collective.
Dans son rapport annuel, Credit Suisse a évoqué une éventuelle action en justice intentée par différents investisseurs. Un cabinet d'avocats américain spécialisé dans les plaintes collectives a annoncé rechercher des personnes ayant pâti de la déconfiture de Greensill et prêts à en découdre devant les tribunaux.
Pas de dédommagement pour l'instant
La dissolution des fonds liés à Greensill n'a pour l'heure pas eu de répercussion sur les coûts pour Credit Suisse et aucun dédommagement n'a été dans l'immédiat versé aux investisseurs de ces fonds. Le directeur financier David Mathers n'a pas voulu préciser si des versements seraient attribués aux propriétaires lésés.
Greensill Capital était une société de services financiers basée au Royaume-Uni et en Australie, fondée en 2011 par Lex Greensill, et spécialisée dans l'affacturage. Elle se finançait en vendant la dette contractée par les entreprises à des investisseurs via des fonds de placement.
La débâcle Archegos
En ce qui concerne le dossier Archegos, la déconfiture de ce fonds spéculatif a laissé de profondes traces dans les résultats de Credit Suisse au premier trimestre. La banque, parmi les trois plus importants courtiers du fonds, a confirmé jeudi que cette débâcle s'était traduite par une charge de 4,4 milliards de francs, à laquelle allaient s'ajouter 0,6 milliard au deuxième partiel. Le groupe affirme s'être séparé de 97% des positions financières du fonds.
Entre janvier et fin mars, ces charges se sont traduites par une perte nette de 252 millions de francs.
Credit Suisse a accumulé plus de 20 milliards de dollars d'exposition aux investissements liés à Archegos, selon le Wall Street Journal. Ce montant n'a pas été confirmé par la direction de la banque.
Réduction de l'activité à risques
Suite à cette affaire, Credit Suisse va nettement réduire l'activité à risques avec les fonds spéculatifs. La réduction de l'activité «Prime Brokerage» se traduira par une baisse de 35 milliards de francs des positions à risques dans la banque d'affaires.
Les pertes provoquées par l'effondrement d'Archegos se sont traduites fin mars par des besoins accrus de 6,25 milliards de francs au niveau du capital réglementaire, qui viennent s'ajouter aux 2 milliards rendus nécessaires par la déconfiture de Greensill Capital.
La Finma a ouvert une enquête à l'encontre de Credit Suisse après les lourdes pertes provoquées par la déconfiture d'Archegos.
Archegos, société d'investissement familiale américaine de l'ancien directeur de Tiger Asia, Bill Hwang, avait pris d'énormes paris sur quelques actions avec de l'argent emprunté à des banques, dont Credit Suisse. Lorsque certaines positions importantes se sont inversées et qu'Archegos n'a pas pu répondre aux appels de marge, cela a déclenché l'une des plus grosses pertes soudaines de l'histoire de Wall Street.