Conjoncture Croissance japonaise poussive

ATS

14.11.2019 - 07:57

La croissance du Japon a encore faibli au troisième trimestre avec des exportations en berne face au ralentissement économique mondial et à la guerre commerciale sino-américaine (archives).
La croissance du Japon a encore faibli au troisième trimestre avec des exportations en berne face au ralentissement économique mondial et à la guerre commerciale sino-américaine (archives).
Source: KEYSTONE/AP/EUGENE HOSHIKO

La croissance du Japon a encore faibli au troisième trimestre (+0,1% sur un trimestre), avec des exportations en berne face au ralentissement économique mondial et à la guerre commerciale sino-américaine, selon des chiffres publiés jeudi par le gouvernement.

Cette nouvelle décélération, plus importante que ce que les économistes prévoyaient, intervient après une croissance de 0,4% au deuxième trimestre (chiffre révisé en hausse jeudi) et de 0,5% de janvier à fin mars.

Elle s'explique principalement par la faiblesse des exportations nippones (-0,7% sur un trimestre), tandis qu'une hausse de 0,3% de la consommation des ménages, stimulée par l'approche d'un relèvement de la TVA dans le pays, a notamment permis d'éviter un repli du PIB.

Les dépenses des foyers japonais avaient bondi de 9,5% sur un an en septembre, juste avant la hausse de la TVA, passée de 8% à 10% à compter du 1er octobre.

Cependant cette ruée d'achats avant l'augmentation de cet impôt indirect «n'a pas été si forte que cela», a déclaré à l'AFP Kentaro Arita, économiste du Mizuho Research Institute. Selon lui, cela signifie que l'économie japonaise «n'est pas suffisamment solide pour maintenir une reprise durable».

Le retour de bâton prévisible sur la consommation des ménages dans les mois suivant ce relèvement de taxe devrait faire retomber l'évolution du PIB nippon en territoire négatif en fin d'année 2019 après quatre trimestres consécutifs de hausse, prédit M. Arita à l'instar d'autres économistes.

Les ventes de véhicules neufs au Japon (hors mini-voitures) ont par exemple chuté de 26,4% sur un an en volume en octobre, après un bond de près de 13% en septembre.

Effet dopant des JO 2020

Par le passé, chaque relèvement de la TVA au Japon avait fait dérailler la croissance. Le gouvernement a prévu cette fois-ci une batterie de mesures compensatoires pour atténuer le choc, mais leur efficacité reste incertaine.

Naoya Oshikubo, économiste chez Sumitomo Mitsui Trust Asset Management, se montrait cependant plutôt optimiste pour 2020, en se basant sur le scénario d'une reprise de la croissance mondiale, soutenue par des politiques monétaires accommodantes des grandes Banques centrales.

Un accord commercial entre Washington et Pékin, qui sont actuellement en négociations, pourrait de même regonfler les exportations japonaises l'an prochain, avait ajouté M. Oshikubo dans une note publiée en début de semaine.

Le gouvernement japonais escompte en outre des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 un effet dopant pour le PIB.

Par ailleurs, l'exécutif prépare un vaste plan de soutien à l'économie pour l'an prochain, visant notamment à reconstruire ou moderniser des infrastructures touchées par le violent typhon Hagibis en octobre, ainsi qu'à éviter un «blues» de l'économie japonaise après les JO.

Les commandes publiques et les investissements non résidentiels des entreprises ont également légèrement soutenu le PIB nippon au troisième trimestre.

Révision négative

En rythme annualisé (si cette croissance se poursuivait de la même façon pendant un an), le PIB nippon a à peine progressé de 0,2% au troisième trimestre, contre 1,8% au deuxième.

Fin octobre, la Banque du Japon a abaissé sa prévision de croissance pour l'exercice en cours 2019/20 (courant du 1er avril 2019 au 31 mars 2020), à 0,6% contre 0,7% précédemment. Elle a aussi revu négativement ses prévisions de progression du PIB pour 2020/21 et 2021/22.

La reprise de la croissance mondiale «risque d'être retardée plus longtemps que prévu, principalement en raison de l'intensification et du prolongement des frictions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine», avait justifié l'institution monétaire japonaise, tablant toutefois sur un impact négatif «limité» de la hausse de la TVA sur la consommation des ménages.

Le Fonds monétaire international (FMI), qui établit quant à lui ses prévisions sur une année civile, table actuellement sur une augmentation du PIB japonais de 0,9% en 2019 (contre 0,8% en 2018), et de 0,5% en 2020.

Mi-octobre, le FMI a de nouveau abaissé sa prévision de croissance mondiale pour 2019, désormais attendue à 3%, ce qui serait son plus faible niveau depuis la crise financière de 2008-2009.

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