Projets «inadéquats» Des experts fédéraux indépendants contre la baisse de la redevance

mabe, ats

6.2.2024 - 10:49

La Commission fédérale des médias (COFEM) estime que les deux projets sur la table prévoyant de baisser la redevance radio-TV sont «inadéquats». Le groupe d'experts indépendants nommés par le Conseil fédéral plaide pour une offre de service public multimédia qui renonce au financement par la publicité.

Les membres de l'UDC déposent l'initiative SSR «200 francs ça suffit», le jeudi 10 août 2023 à Berne. L'initiative demande la réduction de la redevance de 335 à 200 francs par an. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Les membres de l'UDC déposent l'initiative SSR «200 francs ça suffit», le jeudi 10 août 2023 à Berne. L'initiative demande la réduction de la redevance de 335 à 200 francs par an. (KEYSTONE/Peter Schneider)
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Autant l'initiative UDC «200 francs, ça suffit!» que le contre-projet du Conseil fédéral voulant abaisser la redevance de 335 francs à 300 francs par ménage affaibliraient le service public «au prix de coupes parfois drastiques dans les programmes», estime la COFEM mardi dans un communiqué. L'information dans les zones périphériques s'en trouverait spécialement menacée, selon elle.

Cela précisément à une période «où les médias sont confrontés à de grands défis» et alors que le journalisme «revêt une importance cruciale pour le bon fonctionnement d'une démocratie libérale fondée sur l'Etat de droit», souligne encore la COFEM.

Renoncer aux revenus publicitaires

Parmi les pistes de réflexion proposées sur l'avenir du service public figure notamment une offre orientée vers les contenus multimédias. A cet égard, «s'écarter des racines historiques» est «inéluctable» pour répondre aux nouvelles exigences de la population vis-à-vis du journalisme, écrit la COFEM.

Les prestations ne doivent ainsi pas être uniquement centrées sur la radio et la télévision et doivent rester accessibles pour tous dans des formats variés. Les experts issus du monde des médias pensent aussi que le service public doit assumer de nouvelles tâches en fonctionnant comme un espace permettant le débat public.

Au niveau du financement, la COFEM plaide pour un changement de système. Les médias de service public devraient renoncer aux recettes publicitaires au profit d'un financement public «stable, fiable et suffisant». Cela afin d'éviter les «fausses incitations» ainsi que les «faux signaux de prix» et pour garantir l'indépendance du journalisme.

S'ils ne seraient pas interdits, les revenus issus de la publicité devraient être collectivisés au profit d'une aide générale aux médias, suggère encore la COFEM.

Repenser le service public médiatique

Les pistes de réflexion proposées visent, selon le groupe, à encourager une discussion nécessaire des politiques et de la société dans son entier sur «l'orientation et l'organisation futures du service public média à l'ère numérique».

La COFEM regroupe 13 experts indépendants et extraparlementaires issus de la branche des médias qui conseillent les autorités en matière de politique publique dans ce domaine.

L'initiative de l'UDC «200 francs, ça suffit!» prévoit de réduire à cette somme la redevance radio-TV qui se monte actuellement à 335 francs par an et par ménage. Le contre-projet du gouvernement, lui, limite la baisse à 300 francs, revoyant parallèlement à la hausse le chiffre d'affaires permettant une exonération pour les entreprises (de 500'000 francs à 1,2 million). Près de 63'000 entreprises devraient ainsi payer moins.

A l'issue du processus de consultation sur le contre-projet, une large coalition de gauche, d'associations sportives et de médias a pris position la semaine dernière contre la baisse de la redevance radio-TV. Elle a mis en garde contre les conséquences drastiques pour le service public. Le camp bourgeois et l'économie, eux, estiment par contre que la réduction ne va pas assez loin.

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