Pour la planète Devrions-nous renoncer à des produits tels que les crèmes contenant du collagène?

AFP

8.10.2024

La forêt de Gran Chaco au Paraguay continue à rétrécir face à l'essor d'élevages de bétail dont l'un des débouchés est la production de collagène, substance utilisée dans des compléments alimentaires ou la cosmétique, selon un rapport de l'ONG Global Witness publié mardi.

Les suppléments de collagène, censés rendre notre peau plus belle, sont-ils vraiment efficaces?
Les suppléments de collagène, censés rendre notre peau plus belle, sont-ils vraiment efficaces?
Jacob Wackerhausen / Getty Images

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L'ONG s'est intéressée notamment à une portion de territoire réclamée par le groupe autochtone Ayoreo Totobiegosode.

Selon son rapport, basé sur des images satellitaires, le cadastre et une enquête de terrain, des élevages empiétant sur le territoire des Totobiegosode ont abouti en 2021-2023 au déboisement de plus de 18.000 hectares – plus que la superficie de Paris.

Les animaux ont été écoulés auprès de géants sud-américains de la viande, une partie des peaux partant ensuite vers le groupe Rousselot, spécialisé dans la production de collagène, affirme l'ONG.

Plus précisément, selon une base de données du commerce mondial analysée par l'organisation, 3.000 tonnes de matières «pour la production de collagène» sont parties des tanneries paraguayennes de Frigorifico Concepción à destination des usines de Rousselot en France.

«Nous respectons notre engagement de nous fournir en matières premières de façon responsable et durable», a réagi l'entreprise américaine Darling Ingredients, maison mère de Rousselot, interrogée par Global Witness.

Rousselot, groupe fondé en France, propriétaire de la marque Peptan, se présente sur son site comme un «leader des solutions basées sur le collagène pour les secteurs alimentaires, de la santé, de la nutrition et pharmaceutique».

Selon Global Witness, Darling Ingredients n'a pas répondu quant à ses intentions de poursuivre ou non ses approvisionnements actuels au Paraguay.

«Nous exigeons que toutes les peaux en provenance du Paraguay ou des régions du bassin de l'Amazone au Brésil viennent de fournisseurs ayant installé une traçabilité», a indiqué Darling Ingredients dans une déclaration transmise à l'AFP.

«Une grande majorité de nos fournisseurs sont membres du Leather Working Group (LWG), qui oeuvre à éliminer la déforestation sur la chaîne d'approvisionnement», et «nous demandons à chaque fournisseur de signer une déclaration sur la déforestation et les droits territoriaux», affirme encore le groupe.

Frigorífico Concepción n'a pour sa part pas répondu à l'ONG sur ses fournisseurs, citant un argument de «confidentialité». Il assure s'être engagé au Paraguay à «ne pas acheter de bétail venant de secteurs touchés par de la déforestation illégale».

«Les supplémentations en collagène promettent peut-être une jeunesse éternelle aux consommateurs occidentaux, mais ils alimentent aussi une crise de la déforestation au Paraguay», déplore l'auteur du rapport, Charlie Hammans.

Cela «rappelle le besoin urgent de lois comme celle de l'UE (sur la déforestation, dont l'entrée en vigueur a été repoussée à fin 2025, NDLR), pour s'assurer que les produits permettant de fabriquer du collagène, des pneus de voiture ou des hamburgers, viennent de chaînes d'approvisionnement "zéro déforestation"», ajoute-t-il.

Le Gran Chaco est le 2e espace boisé d'Amérique du Sud (1 million de km2 – une fois et demie la France). Partagé entre Argentine, Paraguay et Bolivie, il voit depuis 25 ans ses forêts et sa faune reculer fortement face au soja et à l'élevage.

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