Le géant italien des hydrocarbures Eni prévoit un recul de sa production en 2020 en raison de l'impact de la pandémie de coronavirus, qui lui a déjà fait subir une perte de 2,9 milliards d'euros (3,0 milliards de francs) au premier trimestre.
Eni a ouvert vendredi le bal des résultats trimestriels des grands groupes du secteur, qui devraient tous être durement impactés par la pandémie.
Les cours de l'or noir, même s'ils remontent ces derniers jours, sont à leurs niveaux les plus bas depuis des années, la demande de pétrole ayant été décimée par le plongeon de l'activité économique dû aux restrictions de déplacements pour combattre l'épidémie.
Le 25 mars, Eni avait révisé son plan stratégique 2020-2021 du fait de la pandémie. Et vendredi, il a encore réduit ses prévisions, tablant notamment désormais sur une production de 1,75 à 1,8 millions de barils par jour cette année, contre 1,87 mbj en 2019.
Cette baisse de la production est liée au conflit en Libye, mais aussi et surtout à la réduction de la demande mondiale et de la baisse de ses investissements du fait de la pandémie.
Le groupe va diminuer de 30% ses investissements (Capex) en 2020, soit 2,3 milliards d'euros en moins, et de 30 à 35% ceux de 2021.
Cette baisse des investissements va concerner surtout les activités d'exploration et de production (upstream), comme le développement de nouveaux projets prévus à court terme.
Tous les géants du secteur ont annoncé des plans d'économies. Le britannique BP va ainsi réduire ses investissements de 25% cette année, le français Total de 20% et l'américain ExxonMobil de 30%.
Titre en berne
L'estimation de production, précise Eni, ne tient pas compte des effets de la baisse décidée par les pays de l'Opep, qui se sont mis d'accord en avril pour réduire de quelque dix millions de barils par jour leur production à partir de mai.
«La période que nous vivons depuis mars est, pour l'économie mondiale, la plus complexe des 70 dernières années. Pour l'industrie énergétique, et en particulier celle du pétrole et du gaz, la complexité est encore plus forte en raison de la superposition des effets de la pandémie et de la chute des cours», a commenté le patron d'Eni, Claudio Descalzi, dans le communiqué.
«Comme tous, nous prévoyons une année 2020 compliquée», a-t-il dit, tout en se disant confiant dans le fait qu'Eni pourra «reprendre rapidement le chemin vers un modèle d'activité toujours plus rentable et durable».
Le groupe table sur «une reprise graduelle de la consommation» de pétrole et de gaz à partir du second semestre.
Son premier trimestre a été marqué par une perte nette de 2,9 milliards d'euros, contre un bénéfice de 1,09 milliard un an plus tôt, et par une chute de 25% de son chiffre d'affaires, à 13,87 milliards d'euros. Sa production a elle reculé de 3,6% par rapport aux trois premiers mois de 2019, à 1,77 mbj par jour.
A la Bourse de Milan, les investisseurs sanctionnaient ces annonces: vers 09H15 (07H15 GMT), le titre Eni cédait 2,31% à 8,27 euros dans un marché en recul de 1,4%.
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