Chute à Wall StreetEntre des ventes incertaines et un patron controversé, Tesla souffre
AFP
30.12.2022 - 23:39
Tesla a perdu deux tiers de sa valeur boursière en 2022, victime des craintes sur la demande en véhicules électriques, de l'effarement face aux tribulations d'Elon Musk à la tête de Twitter et de la fin de l'argent facile à Wall Street.
30.12.2022, 23:39
30.12.2022, 23:48
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Le constructeur a pourtant augmenté ses livraisons de 45% sur les trois premiers trimestres, malgré les problèmes d'approvisionnement, et dégagé près de 9 milliards de dollars de bénéfices sur cette période en dépit de dépenses en forte hausse.
Mais c'est en dessous de l'objectif de long terme d'une augmentation des livraisons de 50% par an. Et les observateurs s'inquiètent d'un ralentissement des ventes.
Ces deux dernières années, la demande était supérieure à l'offre sur le marché des voitures électriques, mais cette tendance devrait «s'inverser» en 2023, avance Adam Jonas, analyste pour Morgan Stanley, dans une note publiée mercredi soir.
«Entre un environnement macroéconomique qui se détériore, des prix inabordables pour beaucoup et une compétition croissante, il y a des obstacles à surmonter», estime-t-il.
Nombreux sont les constructeurs traditionnels à proposer désormais des versions électriques, qu'il s'agisse de Ford, General Motors, Nissan, Hyundai, Kia ou Volkswagen. Et dans la catégorie des voitures de luxe sont entrés Mercedes-Benz, BMW, Audi, Polestar, Lucid et Rivian.
Un patron «qui se concentre trop sur Twitter»
Tesla domine encore largement aux Etats-Unis avec 65% des parts de marché sur les neuf premiers mois de l'année, mais c'est moins que les 79% de 2020 et ce chiffre devrait tomber à moins de 20% en 2025, prédisent les analystes de S&P Global.
La situation en Chine alarme également: selon des informations de presse, la production est actuellement suspendue dans l'usine de Shanghai pour une période plus longue que prévu initialement.
Plusieurs analystes soulignent toutefois que Tesla conserve une avance certaine, en matière de technologie, de gestion des coûts et d'échelle, sur un marché en forte croissance. L'ombre de Twitter, racheté pour 44 milliards de dollars par Elon Musk fin octobre, plane toutefois.
Tesla a besoin d'un «chef qui puisse le guider à travers la tempête» et pas d'un patron «qui se concentre sur Twitter», estime Dan Ives, de Wedbush, dans une note publiée mardi.
Licenciements massifs et polémiques politiques
Le multimilliardaire a d'une part vendu plusieurs milliards de dollars d'actions Tesla pour financer l'acquisition puis les frais de fonctionnement de son nouveau jouet, en cédant encore pour 3,6 milliards début décembre alors qu'il avait affirmé au printemps n'avoir pas l'intention d'en vendre davantage.
Il a par ailleurs emporté le réseau social dans la tourmente, licenciant la moitié des employés, autorisant le retour d'internautes suspendus comme Donald Trump, ou bannissant des journalistes pour des raisons floues.
«Musk a perdu toute crédibilité auprès de la communauté des investisseurs», avance Dan Ives en évoquant «les promesses non tenues» sur les ventes d'actions, «le fiasco de Twitter» et «les polémiques politiques» sur la plateforme.
Il est devenu «intenable» d'évaluer Tesla sans prendre en compte la gestion erratique de Twitter par Elon Musk, abonde dans une note récente Colin Rusch, d'Oppenheimer, qui craint que certains acheteurs optent pour une marque concurrente en raison des positions fantasques affichées par l'entrepreneur sur la plateforme.