Cabinet de conseil EY officialise son projet de scission entre audit et conseil

afp

9.9.2022 - 15:08

EY (anciennement Ernst & Young) estime que cette scission permettra de "générer plus de valeur pour" ses  employés et ses clients (archives).
EY (anciennement Ernst & Young) estime que cette scission permettra de "générer plus de valeur pour" ses employés et ses clients (archives).
ATS

Le géant de l'audit britannique EY a vu son projet de scission de son activité de conseil approuvée par sa direction et va à présent demander le feu vert de ses milliers de partenaires associés.

«Les dirigeants d'EY ont pris la décision d'aller de l'avant avec le vote des partenaires pour séparer (le groupe) en deux organisations distinctes et multidisciplinaires», indique un communiqué reçu vendredi par l'AFP.

La discussion avec les partenaires devrait durer jusqu'à la fin de l'année et leur vote se tiendra entre fin 2022 et début 2023, est-il précisé.

EY dit avoir «évalué ses options avec attention» et juger que cette scission permettra de «générer plus de valeur pour nos employés, nos clients et communautés».

«Le monde change et nous devons nous adapter pour atteindre tout notre potentiel», justifie l'entreprise.

EY envisageait de séparer son activité d'audit de celle de conseil pour pouvoir décrocher des contrats dans une activité ou l'autre sans se soucier d'éventuels conflits d'intérêt.

Le FT ajoutait mardi que l'activité de conseil pourrait notamment être introduite en Bourse, ce qui représenterait des millions de dollars de bénéfices pour les quelque 13'000 partenaires associés du cabinet international, dont le siège social est à Londres.

Ce nouveau modèle d'activité pourrait «changer l'industrie» assurait jeudi dans le Wall Street Journal le PDG d'EY Carmine Di Sibio.

L'un des obstacles à l'opération réside cependant dans la répartition du passif entre les deux entités, ajoutait le FT, alors qu'EY est notamment visé par de très nombreuses procédures judiciaires.

Le cabinet d'audit fait par exemple l'objet d'une procédure à au moins 2,5 milliards de dollars devant la justice britannique pour des négligences dans ses contrôles des comptes du groupe d'hôpitaux émirati NMC Health.

Ce dernier a fait faillite en 2020 après la découverte d'irrégularités comptables massives.

KPMG, concurrent d'EY, est par ailleurs poursuivi depuis peu dans une procédure à 1,3 milliard de livres pour manquements à ses obligations dans la faillite du groupe de construction Carillion, l'une des plus importantes jamais connues au Royaume-Uni.

Le secteur de l'audit au Royaume-Uni est dans le collimateur du gouvernement, pointé pour n'avoir pas vu venir des faillites emblématiques ces dernières années: outre Carillion, celles de la chaîne de magasins BHS en 2016 (PwC) et du voyagiste Thomas Cook en 2019 (EY).

Londres avait annoncé l'an dernier un projet de vaste réforme du secteur, proposant notamment de créer une nouvelle agence de régulation de l'audit et de casser la domination des «big four», les quatre principaux cabinets mondiaux de conseil et audit, pour éviter les conflits d'intérêts. La réforme ne cesse toutefois d'être repoussée.

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