Inquiétude Face à la flambée du verre, l'apéro est-il en péril?

ATS

24.4.2022 - 08:42

Même vides d'alcool, les bouteilles flambent: confronté à une explosion des coûts par les effets conjugués de la reprise économique et de la guerre en Ukraine, le verre voit ses prix grimper, inquiétant les producteurs de boissons alcoolisées.

Principal facteur de stress pour l'embouteillage, la hausse des prix du gaz, qui affecte nombre d'industries et particulièrement celle du verre, où il est utilisé dans les fours verriers pour chauffer le sable (silice) à plus de 1300 degrés. (image d'illustration)
Principal facteur de stress pour l'embouteillage, la hausse des prix du gaz, qui affecte nombre d'industries et particulièrement celle du verre, où il est utilisé dans les fours verriers pour chauffer le sable (silice) à plus de 1300 degrés. (image d'illustration)
AFP via Getty Images

«Le marché est tendu», confirme Jacques Bordat, président de la fédération des industries du verre, en France, qui se refuse toutefois à parler de pénurie, dans un entretien à l'AFP.

Principal facteur de stress pour l'embouteillage, la hausse des prix du gaz, qui affecte nombre d'industries et particulièrement celle du verre, où il est utilisé dans les fours verriers pour chauffer le sable (silice) à plus de 1300 degrés.

«On est une industrie énergo-intensive et plus précisément gazo-intensive, puisque le gaz représente 75 à 80% de notre consommation d'énergie, le reste étant principalement de l'électricité», explique M. Bordat.

Carton et capsules

De quoi provoquer une hausse «en moyenne, de 25 à 50% depuis le début de l'année sur le verre», a expliqué à l'AFP Philippe Thenailler, responsable des achats pour le groupe Serge Cheveau, distributeur de bouteilles et de bouchons pour la viticulture et les petits négoces de vin.

Il a également subi la répercussion de l'inflation par les fabricants de carton, ou de capsules à vis.

Des hausses ressenties différemment, selon que l'on produit des vins d'entrée de gamme ou des champagnes millésimés.

Leader européen et troisième producteur mondial de l'emballage en verre, le groupe Verallia a annoncé jeudi une progression de 24% de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2022. Il a «affiché des ventes en très forte hausse à la faveur d'un marché du verre très dynamique et des hausses de prix compensant une partie de l'inflation des coûts».

«Avant l'explosion des coûts, on était sur un ratio de 20 à 30%» s'agissant de la part de l'énergie dans les coûts de production, une part «beaucoup plus importante» désormais, selon M. Bordat.

Plus de 4 bouteilles sur 10 importées

Le prix des matières premières pour produire le verre, comme la soude, a également augmenté, ainsi que le carburant pour le transport et les emballages plastiques pour protéger la marchandise.

«Se greffe à ça une demande qui est beaucoup plus importante que l'offre, car suite à la pandémie, il y a eu beaucoup d'arrêts de production», selon Fabien Castelbou, vigneron dans l'Hérault et vice-président des vignerons-coopérateurs d'Occitanie.

S'il reconnaît qu'au plus fort de la pandémie, l'industrie a connu «une baisse de la production très sensible», compte tenu d'une demande en berne avec la fermeture des cafés et la paralysie du trafic aérien, M. Bordat assure qu'aujourd'hui les usines tournent «à pleines capacités».

Les «tensions» entre l'offre et la demande sont aussi générées selon lui hors de France, un pays où, tous secteurs confondus, «plus de quatre bouteilles sur dix» sont importées.

Il évoque notamment la grève des routiers qui a touché l'Espagne en mars et perturbé les usines, notamment de verre, du pays.

«Ajuster les prix»

Des perturbations qui font craindre des problèmes d'approvisionnement à M. Castelbou. Si sa coopérative avait pris le risque de commander très tôt, toutes les coopératives de l'Hérault n'ont pas anticipé et certaines «vont peut-être devoir se retrouver à faire des choix et servir certains produits au détriment d'autres».

Il estime notamment que les verriers «se reconcentrent sur leurs produits à plus forte valeur ajoutée et sur leurs gros clients»: «c'est pour ça que parfois la filière vins, qui est composée d'acteurs plus petits, peut être desservie».

Compte tenu de la guerre, Verallia «anticipe en 2022 une hausse significative de ses coûts de production», et prévient qu'il «continuera à ajuster ses prix de vente afin de refléter la pression venant de l'inflation des coûts».