Formation professionnelle Former les apprentis est rentable en Suisse

ATS

26.11.2019 - 16:15

Les entreprises sont au coeur de la formation professionnelle initiale et il importe donc que les contrats d'apprentissage demeurent pour elles rentables, a déclaré le conseiller fédéral Guy Parmelin mardi à Berne.
Les entreprises sont au coeur de la formation professionnelle initiale et il importe donc que les contrats d'apprentissage demeurent pour elles rentables, a déclaré le conseiller fédéral Guy Parmelin mardi à Berne.
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

La plupart des entreprises suisses dégagent un bénéfice en formant des apprentis. Le gain est en moyenne de 3170 francs par contrat d'apprentissage et par an, après déduction des coûts. Deux tiers des employeurs restent gagnants à la fin de la période de formation.

«L'efficacité de la formation professionnelle est tributaire de l'investissement des entreprises à ce niveau», a noté le conseiller fédéral Guy Parmelin à Berne jeudi, en présentant aux médias la dernière étude sur le sujet. «Il faut donc que l'apprentissage continue à leur être rentable», a ajouté le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR).

C'est le cas aujourd'hui: les entreprises dégagent 3200 francs de bénéfice net moyen par année et contrat. Ce qui représente un gain annuel d'environ 566,3 millions sur l'ensemble de la Suisse. Ces chiffres, issus de la 4e enquête sur les coûts et bénéfices de la formation professionnelle initiale, se fondent sur la période de formation 2016/2017 et englobent toutes les professions.

Nouveau seuil dépassé

Pour un contrat d'apprentissage, le bénéfice net des formations menant à une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) de deux ans et des formations sanctionnées par un certificat fédéral de capacité (CFC) de trois ans a dépassé en moyenne 10'000 francs. Pour les apprentissages AFP, c'est la première fois que ce seuil a été franchi depuis la première étude basée sur l'année 2008/2009.

Quant aux formations CFC de quatre ans, elles ont donné lieu à un bénéfice net moyen supérieur à 8000 francs, notent les auteurs de l'étude triennale dans leur rapport. Ces résultats, semblables à ceux des précédentes années, concordent aussi avec les évaluations des entreprises elles-mêmes, dont 78% se disent «plutôt satisfaites» ou «très satisfaites» du rapport coût-bénéfice de leurs formations.

Un bénéfice net moyen par an et par contrat ne signifie pas que toutes les entreprises tirent profit de la formation des apprentis jusqu'à la fin de la période de formation, ont relevé les auteurs de l'étude. Si une majorité des contrats d'apprentissage (63%) génèrent un gain plus ou moins grand pour l'employeur, les coûts l'emportent sur la durée pour un peu plus d'un tiers (37%) des contrats.

Disparités régionales

Le bénéfice net moyen varie aussi énormément selon les régions. Par exemple, une année d'apprentissage dans une entreprise autour du bassin lémanique, sur le Plateau ou en Suisse orientale dégage un bénéfice net sensiblement supérieur qu'au Tessin ou à Zurich. Vu que les coûts bruts sont les plus élevés de Suisse (hauts salaires) dans la région de Zurich, le bénéfice net y est pratiquement nul.

Les coûts bruts des entreprises comprennent notamment les charges salariales des apprentis, les frais administratifs, de personnel et de matériel. Pour la période sous revue, ils s'élèvent en moyenne, tous contrats confondus, à 28'070 francs par an. Les employeurs tirent aussi profit des apprentis comme main-d'oeuvre: la valeur de leurs activités se monte en moyenne à 31'240 francs par an.

Les entreprises peuvent accroître leur bénéfice ou réduire leurs coûts dès lors qu'elles continuent à employer les personnes formées après leur apprentissage, ont fait remarquer les auteurs de l'étude dans leur rapport. Elles peuvent ainsi épargner en moyenne 10'700 francs par contrat d'apprentissage en frais liés au recrutement et à la mise au courant de nouveaux collaborateurs.

Bases légales approuvées

«Confédération, cantons et organisations professionnelles peuvent à partir de ces données continuer à moderniser le système suisse d'apprentissage», a souligné Guy Parmelin. Cela passe par la révision des ordonnances fédérales et des plans de formation, par exemple au niveau des contenus, de la durée des apprentissages ou des exigences qui ont trait à la numérisation croissante du travail.

Une première pour cette étude triennale: les entreprises ont été invitées à donner une évaluation de ces bases légales. Deux tiers d'entre elles ont indiqué que les ordonnances et plans de formation répondaient à leurs exigences. Ainsi, 83% des contenus qui y sont fixés seraient pertinents. Seules 12% des entreprises transmettent en sus des compétences ne figurant pas dans les plans de formation.

Pour cette enquête en ligne réalisée par l'Observatoire suisse de la formation professionnelle et mandatée par le Secrétariat d'Etat à la formation (SEFRI), 5712 entreprises formatrices et 4064 entreprises non formatrices ont été choisies aléatoirement dans le registre des entreprises de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Le taux de réponse s'est élevé à 27% pour les unes, et à 29% pour les autres.

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