Le géant bancaire britannique HSBC a annoncé lundi le départ surprise de son patron John Flint et la suppression de 4000 emplois face aux nombreux défis à relever entre guerre commerciale, Brexit et taux bas.
Le groupe a expliqué dans un communiqué que John Flint avait décidé de quitter ce jour son poste de directeur général en accord avec le conseil d'administration.
HSBC n'a pas donné de raison précise pour expliquer le départ soudain de M. Flint, après moins de deux ans à ce poste. Mais le groupe a déclaré qu'un changement au sommet était nécessaire, avertissant les investisseurs qu'une période difficile s'annonçait.
«Dans l'environnement mondial de plus en plus complexe et exigeant dans lequel la banque opère, le conseil d'administration estime qu'un changement est nécessaire pour faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés et pour saisir les très importantes opportunités qui sont devant nous», a déclaré le président du groupe, Mark Tucker, laissant à penser que M. Flint a été poussé vers la sortie.
Lors d'une conférence téléphonique M. Tucker a précisé qu'il n'y avait «pas de mésentente personnelle» ni «de désaccord sur la stratégie».
«J'ai estimé, comme le conseil d'administration, que les bons résultats provisoires d'aujourd'hui indiquent que c'est le bon moment pour un changement, pour moi et pour la banque», a expliqué de son côté John Flint, 51 ans.
HSBC a précisé qu'il allait rechercher un nouveau dirigeant à la fois en interne et à l'extérieur et que Noel Quinn, chef de la division banque commerciale de HSBC, serait directeur général par intérim.
«En raison des vents contraires macroéconomiques et géopolitiques, le conseil d'administration de HSBC pourrait vouloir des réformes plus radicales, ce qui reste à voir», souligne Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Le titre de la banque réagissait peu et reculait pour sa part de 1,32% à 637,60 pence vers 10h20 GMT.
Le groupe ne s'est pas contenté du départ de son patron et en a profité pour annoncer un plan de restructuration afin de maîtriser ses coûts dans cet environnement de marché difficile.
«Nous annonçons un programme de restructuration» et «cela implique (une réduction) de 2% de nos effectifs», soit environ 4000 des 200'000 salariés du groupe, a expliqué le directeur financier Ewen Stevenson lors de la conférence téléphonique.
Ces licenciements vont concerner 4% du montant total des salaires du groupe et vont coûter entre 650 et 700 millions de dollars cette année à HSBC, qui cible des postes à responsabilité.
Résultats en hausse
Ces annonces interviennent en même temps que la publication, plus tôt que prévu dans la journée, de résultats en hausse pour le premier semestre avec un bénéfice net en progression de 18,6% à 8,5 milliards de dollars, mais assortis d'une grande prudence pour les mois qui viennent.
«Les perspectives ont changé», prévient le groupe dans le communiqué présentant ses résultats. Il évoque en particulier la baisse des taux en cours aux Etats-Unis, comprimant les marges que les banques réalisent sur les prêts, ainsi que les tensions géopolitiques.
HSBC, établie à Londres mais active à travers le monde et surtout en Asie, est très vulnérable à la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, relancée la semaine dernière par la décision de Donald Trump d'imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois.
Le Brexit est l'autre défi de taille évoqué par la banque, qui s'inquiète du caractère «hautement incertain» de la nature et de l'impact de la sortie de l'UE.
Tous ces défis vont contraindre la banque à la prudence au moment d'investir et de dépenser, du fait des risques pesant sur ses revenus. La stratégie de M. Flint consistait pourtant à lancer un plan d'investissement de 15 à 17 milliards de dollars (quasiment autant en francs) pour retrouver le chemin de la croissance après de longues années de restructuration.
HSBC a enfin décidé de récompenser ses actionnaires en annonçant le lancement imminent d'un programme de rachat d'actions d'un milliard de dollars maximum.
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