Débâcle Il y a 20 ans, la flotte de Swissair s'immobilisait

vj

24.9.2021 - 11:11

Il y a bientôt vingt ans, le mardi 2 octobre 2001, la flotte de Swissair était immobilisée, quelque 260 appareils et leurs 19'000 passagers restant cloués au sol. Dernier acte de la débâcle de la compagnie aérienne à court de liquidités et véritable traumatisme à l'époque, ce «grounding» fait désormais partie du passé.

24.9.2021 - 11:11

Vingt ans après la disparition du groupe, la liquidation, toujours menée par l'avocat Karl Wüthrich, n'est pas encore achevée. (archives)
Vingt ans après la disparition du groupe, la liquidation, toujours menée par l'avocat Karl Wüthrich, n'est pas encore achevée. (archives)
KEYSTONE

Depuis la paralysie du trafic aérien aux et vers les Etats-Unis consécutive aux attentats du 11 septembre 2001, les rumeurs de faillite de Swissair ne cessent d'enfler. Le soir du 29 septembre, son patron depuis mars, Mario Corti, tire la sonnette d'alarme: au bord du gouffre, avec une dette dépassant les 15 milliards de francs, Swissair n'est pas en mesure de garantir les salaires d'octobre.

Alors que le week-end voit les réunions de crise se succéder, l'ex-conseiller national Ulrich Bremi (PRD/ZH), président du groupe de travail chargé de chercher des solutions en vue d'une recapitalisation, émet des doutes sur les chances d'un sauvetage. M. Corti estime les besoins en liquidités entre 2 et 3 milliards de francs.

Credit Suisse et UBS proposent l'octroi d'un crédit relais de près de 1 milliard de francs destiné aux seules activités aériennes. Une réunion entre les conseillers fédéraux Kaspar Villiger et Moritz Leuenberger, les milieux économiques ainsi que les directions de Swissair, Crossair et des deux grandes banques, s'achève dimanche soir sans résultat apparent.

Nouvelle Crossair

Lundi, le titre Swissair est suspendu de cotation à la Bourse suisse et le spectre de la faillite refait surface. Après la séance extraordinaire du Conseil fédéral, le couperet tombe finalement en soirée: Crossair, reprise à près de 70% par UBS et Credit Suisse, va poursuivre les activités de Swissair. Redimensionnement oblige, quelque 2500 emplois vont passer à la trappe.

Seul aux commandes de l'entreprise surnommée un temps la banque volante, l'administrateur-délégué Mario Corti accepte l'offre. Le sursis concordataire est demandé pour SAirGroup, la holding chapeautant toutes les activités du groupe, SAirLines, l'unité regroupant les participations dans les compagnies aériennes, et Flightlease, société de location d'avions.

Mardi débute dans l'incertitude la plus complète quant à la situation de Swissair. la compagnie navigue à vue et doit négocier au jour le jour avec ses fournisseurs. La confiance semble rompue: deux appareils ne peuvent quitter Londres, Swissair n'ayant pas payé les droits d'atterrissage.

Craignant une saisie de ses appareils en Belgique, le groupe n'ayant pas honoré le versement de 200 millions à Sabena, dont il détient 49,5%, la compagnie supprime trois vols vers la Belgique. Si les long-courriers ont pu quitter le tarmac zurichois, les retards s'accumulent et le chaos s'installe à l'aéroport de Kloten.

Vers midi, les passagers sont informés que Swissair n'obtient plus de kérosène et à 16h15, tous les vols sont suspendus pour une durée indéterminée. Swissair attend toujours un versement de sa banque principale.

Liquidation à achever

Les avions stationnés à l'étranger sont rapatriés et plus aucune compagnie n'échange les billets Swissair. Mercredi, 400 vols sont annulés dans le monde et les 76 appareils de la compagnie restent au sol, laissant en rade plus de 38'000 passagers.

Le versement des fonds nécessaires à l'exploitation suscitera de vifs débats entre Mario Corti et UBS en particulier. Le procès pénal des 19 anciens responsables du groupe ne permettra pas de faire la lumière sur cet épisode et s'achèvera le 7 juin 2007 sur la relaxe de l'ensemble des inculpés. Si le verdict ne satisfera personne hormis les accusés, il aura néanmoins permis de faire le deuil de la compagnie au niveau du grand public.

Vingt ans après la disparition du groupe, la liquidation, toujours menée par l'avocat Karl Wüthrich, n'est pas encore achevée. La procédure, avec son chapelet d'actions en justice, a représenté l'un des derniers éléments faisant encore apparaître le nom de Swissair dans la presse.

En décembre 2020, le liquidateur de SAirGroup ainsi que des filiales Swissair, Flightlease et SAirLines a signé un accord avec 29 anciens dirigeants du groupe, lesquels verseront au total 2,75 millions de francs. L'équipe du cabinet d'avocats Wenger-Plattner en charge de la liquidation a estimé très faibles les chances de faire valoir avec succès de nouvelles revendications à l'encontre d'ex-directeurs et administrateurs.

vj